Si, t'es à moi ! (Tokio Hotel OS)

Partie Unique

Une couveuse transparente dans laquelle sont endormis deux petits nourrissons. Ils portent des petits bonnets mais pas de grenouillères. Ils sont recouverts d'une couverture qui leur tient près du corps. La lumière traversant la grande fenêtre de la pièce blanche éclaire leurs petites bouilles de nouveau-nés.
Un homme les observe à travers la vitre permettant aux parents de voir leur progéniture. Jorg venait de vivre les heures les plus difficiles et paradoxalement les plus merveilleuses de sa vie. Sa femme, Simone venait d'accoucher de leurs jumeaux. Bill et Tom étaient venus au monde par césarienne et pour cause : ils sont siamois.
Les parents étaient bien évidemment au courant mais malgré ce handicap ils les avaient désirés. Leurs jumeaux représentaient la concrétisation de leur amour. Dès que le couple avait su que Simone attendait un enfant ils l'avaient aimé. Lorsqu'ils avaient été informés que ce serait finalement des jumeaux leur amour s'était décuplé. Cependant le médecin les avait vite mis au courant de l'anomalie dont ils étaient porteurs.
Ils avaient fusionné ensemble pour ne jamais se séparer. Ils étaient liés par le bas de la colonne vertébrale. Simone et Jorg avaient longuement réfléchi aux conséquences de ce que la naissance de jumeaux siamois amèneraient dans leurs vies paisibles et en étaient venus à la conclusion que siamois ou pas ils les aimeraient de la même manière même si ça impliquait un changement de vie colossal. Les médecins leur avaient soumis la possibilité de les séparer au bout de 12 mois et plus, le temps d'être un peu plus certains de leur résistance physique mais ils avaient refusés. Il y avait une trop forte probabilité qu'un des deux ne survive pas et il en était hors de question.
Ils avaient pris leur décision : ils resteraient fusionnés jusqu'à ce que les jumeaux décide de se séparer ou non.

Jorg en était là de ses réflexions lorsqu'une infirmière lui demanda s'il voulait les voir de plus près. Il répondit par l'affirmative et fut donc amené près d'eux. Il était impossible pour le moment de les prendre dans ses bras mais les voir de près le rendait déjà heureux. Ils se ressemblent tellement, pensa-t-il.
Mon Dieu, comment allaient-ils vivre dorénavant ? Rien ne serait simple.
Jorg se promis qu'il les protègerait du mieux qu'il pourrait. Il leur offrirait la meilleure existence possible. Il pensa à sa femme. Elle lui avait offert le plus beau des cadeaux. Simone avait pris un grand risque en voulant mettre au monde ses enfants. Sa grossesse ne fut pas de tout repos. Elle avait dû se rendre toutes les semaines à l'hôpital pour différents examens permettant de suivre avec assiduité et sécurité cette grossesse particulière et dangereuse. Malgré tout, elle avait réussi.

Jorg toujours en adoration devant ses fils, recommença à verser quelques larmes silencieusement. Il était si fier. Il passa ses mains dans les gants en latex lui autorisant le seul « contact » avec ses enfants. Il caressa délicatement le front de Bill alors que son autre main se posa sur le petit corps de Tom. Ils étaient ses bébés et il les aimerait quoi qu'il arrive. Il se l'était promis avec Simone.


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Bill et Tom venaient de fêter leurs cinq ans. Ils étaient magnifiques : Blonds aux yeux marrons et aux regards malicieux. Ils n'allaient pas à l'école. Simone refusait bien que Jorg soit pour. Elle ne voulait pas que ses bébés souffrent du regard des autres.
Cependant elle ne les privait pas de s'ouvrir au monde extérieur. Souvent elle les emmenait au jardin d'enfants et ils adoraient ça. C'était l'un des seuls moments où ils étaient entourés d'autres enfants de leur âge. Malgré leur handicap ils se défendaient contre ceux qui ne les traitaient pas gentiment.
Ils n'avaient peut-être que cinq ans mais ils savaient remettre à leur place les méchants enfants qui ne voyaient que leur physique et non pas leur cœur. Leur maman leur avait bien fait comprendre qu'ils n'étaient pas comme tout le monde et que c'était pour ça que les enfants ne réagissaient pas comme ils le souhaitaient. La différence faisait peur mais elle faisait partie d'eux.
Alors finalement Bill et Tom n'avaient pas d'amis mais ils avaient l'autre et c'était tout ce qui comptait.

Rien n'avait était simple pour eux depuis leur naissance. Ils apprenaient à vivre avec l'autre. Ils allaient chez le pédiatre très souvent pour voir si tout allait bien et devaient se soumettre à des séances chez le kiné pour conserver le bon fonctionnement de leurs muscles dorsaux. Bien souvent ils avaient mal. Selon le mouvement qu'ils devaient effectuer l'un ou l'autre sentait une douleur.

C'est dans ces moments-là que le deuxième ressentait de la culpabilité envers son frère. Il avait l'impression de lui faire du mal. C'est pour cette raison qu'ils se rendaient relativement souvent chez le psychologue. Ces séances avaient pour but de leur faire comprendre qu'ils n'étaient en rien responsables du fait que leur jumeau ressentait de la douleur.

Pour le moment tout allait pour le mieux. Les jumeaux étaient vraiment connectés. Il est évident qu'en étant toujours ensemble il ne pouvait en être autrement même si leur quotidien était différent de ce que tout le monde vivait. Leurs parents avaient mis tout en œuvre pour leur faciliter la vie.

Leur chambre se trouvait au rez-de-chaussée comme ça il n'y avait pas de danger qu'ils se fassent mal bien que nombreuses avaient été les fois ou Simone les avait retrouvés au premier étage. Ils avaient trouvé une technique infaillible : la synchronisation.
Ils levaient leurs jambes opposées en même temps pendant que l'un se tenait à la rampe pour être plus stable, leur permettant de monter une marche après l'autre et ainsi d'arriver en haut de l'escalier. C'était un de leurs jeux préférés. Ils riaient bien lorsque Simone les rattrapait les disputant et leur disant de ne plus le refaire. Elle savait que c'était inutile mais elle devait bien leur faire comprendre un minimum qu'elle avait peur qu'ils se fassent mal.

Pour ce qui était du quotidien rien n'était simple mais ils avaient été élevés comme ça alors tout leur semblait « naturel ».
Simone leur trouvait des vêtements de leur âge. Ils pouvaient heureusement s'habiller normalement. Le fait d'être fusionnés en bas de la colonne vertébrale leur permettait de passer des vêtements communs à tout autre enfant. Simone en était ravie. Elle s'extasiait littéralement sur la mode enfant. Son mari lui disait bien souvent qu'elle en faisait trop mais lorsqu'elle lui rappelait qu'elle était la femme et par conséquent celle qui avait le plus de goût en matière de mode, il ne pouvait que rire de sa réflexion et s'incliner à son bon vouloir.
Pour manger ils se nourrissaient tout seul mais faisaient attention à leurs mouvements. Ils ne faisaient jamais de gestes brusques.

Peut-être que la plus étrange situation était pour aller aux toilettes : ils pouvaient se soulager individuellement mais bien évidemment l'autre attendait patiemment que le premier finisse. Mais ils étaient habitués et pour eux c'était quelque chose de naturel donc ils s'en fichaient bien.
Finalement, Bill et Tom étaient des enfants comme les autres. Bon d'accord ils se déplaçaient difficilement et avaient un quotidien différent des autres enfants mais ils s'en sortaient plutôt bien. Leurs parents étaient fiers d'eux.

Bill se sentait bien dans l'eau. Il poussa un petit gémissement de bien être qui fit sourire sa maman. Tom n'était pas en reste il frétillait dès qu'ils se retrouvaient dans la baignoire. Ils adoraient le bain. C'était le seul moment où ils pouvaient faire des gestes plus librement que lorsqu'ils se trouvaient sur le sol. Ils jouaient avec la mousse. Ils s'amusaient à l'envoyer de l'autre côté de leur corps pour que leur jumeau se retrouve recouvert des millions de petites bulles.

Simone les savait en sécurité dans ces instants-là. L'eau n'était pas haute et puis ils étaient « grands » maintenant. Elle les laissait donc seul quelques minutes pour qu'ils puissent se sentir autonomes un minimum. C'était les médecins qui lui avaient suggéré de lâcher prise au fur et à mesure de leur croissance. C'est vrai qu'elle les surveillait en permanence mais c'était logique. Elle était leur maman. C'était son rôle de les protéger quand Jorg travaillait. Lorsque celui-ci rentrait du boulot bien souvent il prenait le relais. Il adorait ses fils. Il les trouvait tellement uniques et intelligents.

Bill et Tom se retrouvèrent donc seuls dans le bain s'amusant comme des petits fous lorsque Bill posa la question :

-Tomi ?
-Quoi ? répondit celui-ci en soufflant sur la mousse qui se trouvait dans sa main.
-Tu crois qu'on restera toujours ensemble ? continua-t-il une pointe d'anxiété dans la voix.

Tom cessa toute activité conscient que si son frère lui posait cette question c'est qu'il y avait bien réfléchi avant.

-Bien sûr, Loulou. Tom chercha la main gauche de son jumeau de sa main droite.
Quand il l'eut trouvé il la serra doucement.