J'entends mes pas, faisant craquer la neige à chacun d'eux. J'ai mes écouteurs dans mes oreilles et pourtant ceux-ci ne sont pas allumés. J'ai pris cette habitude, imaginer la mélodie, laisser votre esprit vous guider là où il le désire. Je sais que j'aurai dû mettre des chaussures plus adaptées mais j'ai enfilé mes derbies montantes en daim ébène et je sens déjà mes chaussettes s'humidifiées. Toute la circulation est bloquée aujourd'hui par une météo déchaînée, ça faisait longtemps qu'il n'avait pas neigé ici et je pense que cela a surprit tout le monde. Je renifle et passe ma main, couverte de mes mitaines en laine, sous mon nez. Je ne suis pas enrhumé, j'ai simplement très souvent le nez qui coule quand j'ai froid. Je remarque que l'avenue principale peine à se déboucher. Je vis dans une grande ville à la base, je n'ai pas l'habitude de cela, à vrai dire, c'est la première fois que je passe un début d'année avec une si impressionnante couche de neige. Il fait encore noir, il est tôt.
Tout le monde semble se connaître ici, dès que je relève mon regard vers un des commerces il y a toujours du monde, de la chaleur et des rires. Ma petite boutique s'en sors très bien mais ce n'est jamais gai comme chez les autres. Je n'arrive pas à me familiariser à cette ville. Les habitants me regardent sans cesse mal, j'ai rien fais pour ça, je subis, tant pis. j'ai parfois l'impression d'être le vilain petit canard ; ici, l'ouverture d'esprit n'est pas quelque de très répandu alors forcément, être homosexuel, ça dérange.
On peut apercevoir le levé du soleil au loin et je sais que je suis à l'heure. Je pénètre alors dans le café de Keith. Le soleil s'est levé une minute plus tôt ce matin. Keith est le meilleur ami de mon père, il l'est pour toujours. Il est en train de nettoyer le comptoir avec son chiffon gris quand je m'assois devant lui. J'aime beaucoup cet endroit, c'est le seul où je me sens bien, où je ne me sens pas seul. Mon appartement se trouve au tout dernier étage d'un immeuble d'une quinzaines d'étages non loin de là mais il n'y a personne chez moi. Enfin si, j'ai un oiseau, Agath. C'est un mal et il est vraiment très beau. Son plumage est vert au niveau de son corps tandis que sa tête et son cou sont rouges. Il est né avec deux ailes de couleurs différents; une bleue et une plutôt mauve. C'est drôle parce que sa race s'appelle "Inséparable" mais j'ai constamment peur d'ouvrir la fenêtre et qu'il s'en aille. Je ne sais pas si je pourrai être son inséparable. Mais il reste, même quand je me penche (fenêtre ouverte) pour fumer une cigarette, il s'installe sur le rebord avec moi et on regarde à quoi ressemble l'extérieur. Il n'a jamais volé dehors, je crois qu'il est effrayé. Keith me dit qu'il me ressemble et qu'il n'y a que moi pour prendre un oiseau malade; Agath devient parfois un peu fou, il vole dans tout les sens dans sa cage et l'autre fois il m'a ouvert le doigt en me mordant. Mais je l'aime, il est comme ça, je l'accepte comme ça.
"Louis?"
Je lève la tête et lui lance un petit sourire qu'il me rend un peu plus large cependant. Keith Hans est celui qui prend soin de moi depuis que je suis ici. Je crois que c'est mon père qui lui a quémander de faire ça. J'ai 19 ans mais je ne m'en plains pas. C'est vrai que ça fait du bien quand même de parler avec lui parfois, il m'arrive d'être encore triste. Ma famille me manque. Il dépose une tasse devant moi, ses yeux sont toujours doux, bien qu'ils soient foncés, presque noirs, ils brillent tout le temps. Sauf quand il est en colère contre moi.
"Tu vas bien? Tu as vu comme il neige?"
"Oui, j'aime bien la neige, à Cambridge on en avait pas autant."
"Ah, ça change de la ville anglaise n'est-ce pas?"
"J'aime bien."
Il hoche la tête, je sais que je ne suis pas la meilleure personne avec qui tenir une conversation.
"Tu sors un peu parfois? Tu sais, il y a une boîte de nuit qui vient d'ouvrir et il paraît que les jeunes s'amusent beaucoup."
"Je n'ai pas envie d'aller quelque part, je n'ai personne pour y aller avec moi de toute façon."
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Cologne
FanfictionLouis est brisé et ne voit plus de raison de vivre jusqu'au jour où il rencontre un mystérieux inconnu dans sa boutique. "Personne ne le connait, il traîne dans le quartier et on dit qu'il sent la Cologne." Words count : 9416