Katy et Luc VignierDécédés le 24 mai 2015
« On sera toujours là »
Je suis debout devant cette tombe et je ne réalise toujours pas, je ne la reconnais pas. Je dois surement faire peur, les yeux rouges et gonflés par les larmes qui chaque nuit n'arrêtent plus de couler. C'est la même chose chaque jour, chaque nuit, depuis l'accident : pleurer à me faire mal à la tête, crier à ne plus avoir de voix, regretter jusqu'à ne plus manger. Ne plus vouloir vivre tout simplement, vouloir stopper la douleur dans ma poitrine, vouloir les retrouver et ne plus jamais les quitter. J'aurai dû mourir dans cet accident...ça aurait dû être ma fin comme celle de mes parents... Mais le ciel en a décidé autrement. Il a préféré nous séparer. C'est insupportable de ressentir ce vide, cette solitude, cet abandon. Certes mes parents ne sont plus de ce monde mais moi qui y est encore je ne vis plus et je ne pense pas avoir la force de revivre un jour...
Le 24 mai de cette année, je suis devenue orpheline, je venais d'avoir 16 ans. Il y a deux ans je perdais mon dernier grand père à cause de son cancer du poumon, et aujourd'hui était venu le tour de mes parents, les deux êtres chers qu'ils me restaient . Ma vie à ce moment précis est devenue vide de sens. Je n'avais plus rien, je ne voulais plus rien.
Voilà comment ont été les premiers mois de mon nouvel enfer. A partir de la nuit où mes parents nous ont quittés et pendant un mois, je n'ai pas remis les pieds au lycée, je n'ai pas suivie les cours de fin d'année de seconde, et pour être franche je n'en ai rien à faire ! Tout ce temps, j'étais à l'hôpital face à mon désespoir. Chaque jour, une psychiatre venait me demander si je tenais le coup, j'aurais dû lui répondre en criant et en pleurant que non ça n'allait pas que je venais de perdre mes deux parents en même temps, que je n'avais plus aucune famille pour m'aider à passer cette épreuve sans personne. Mais au lieu de ça je restais muette, j'étais encore en état de choc. Pourtant ce n'est pas vraiment dans mon caractère de ne pas dire ce que je pense à voix haute mais là... on aurait dit que je devenais quelqu'un d'autre. Je ne réalisais pas ce qui m'arrivait, je ne parlais plus, je ne cessais de réfléchir à ce que deviendrais ma vie sans eux, mais c'était trop dur. Mes parents voulaient que je sois heureuse mais je me demandais comment cela pouvait être réalisable sachant qu'ils m'abandonnaient en ne laissant qu'un trou à la place de mon cœur. Sincèrement je ne souhaite à personne de ressentir cette douleur !
Le mois suivant était celui de juillet, on m'a sortie de l'hôpital et l'assistante sociale me trouva une famille d'accueil. Je ne voulais pas y aller ; mais comme je ne parlais toujours pas, personne ne compris ce que je voulais. La famille dans laquelle je me suis retrouvé était constituée des deux parents et de leurs deux enfants : une fille de mon âge et un garçon plus petit que moi. Ils étaient tellement doux, tellement attentionné que cela m'affectais encore plus. Les parents ressemblaient beaucoup trop au miens. Je ne trouvais toujours pas les mots pour m'exprimer alors je restais assise dans le même fauteuil, regardant par la fenêtre. Quand le repas était servi je m'asseyais à table et fixait mon assiette. Les repas étaient variés, colorés et ils sentaient extrêmement bon mais je n'avais plus faim, et je n'aurais plus jamais faim lorsque je serais assise dans une famille comme la mienne. Impossible pour moi de manger. Les enfants du couple en été choqué, je voyais la pitié passer dans leur regard. Je ne supportais pas qu'il éprouve ce sentiment pour moi, ils ne méritaient pas que je vienne assombrir leur vie. Mais malgré cela je restais impassible.
Je suis restée enfermer dans la maison pendant un mois, chaque jour se ressemblait, passait aussi lentement que le précédent. J'avais arrêté de vivre, parce qu'après tout vivre était une équation pour arriver au bonheur. Mais lorsqu'on ne voit plus le bonheur alors vivre ne semble plus très important. Au milieu du mois d'août, la famille qui m'accueillait a appelé l'une des assistantes sociales. « La situation est critique » disaient-ils. C'est au moment où cette dame assez jeune m'a posé une question simple « que veux-tu que l'on fasse pour t'aider ? », que j'ai trouvé la force de répondre. Je dois avouer que quand la question est arrivée à mes oreilles et que mon cerveau l'a analysé j'étais sous le choc. Personne ne m'avait posé une telle question, et la seule chose que j'ai dit ce jour-là a été « Je ne veux plus avoir mal ». L'assistante sociale m'a regardé d'un air triste, elle était si belle, un visage d'ange, assez jeune je suppose, de beaux yeux verts et des cheveux blonds lui donnait ce côté pure et attentionné qu'elle dégageait. Je m'en voulais vraiment de causé tant de problèmes aux gens qui m'entourait et qui par tous les moyens essayaient de me venir en aide. Mais j'en avais décidé autrement ! Je ne voulais plus que l'on s'inquiète pour moi car dans tous les cas s'il m'arrivais quoique ce soit je n'avais rien à perdre. Et je ne causerais de peine à PERSONNE...
Je n'espérais rien de la part de personne et encore moins du destin, mais ne ditons pas que certaines choses se produisent quand la vie nous paraît insurmontable...?
Etant donné que je suis âgée de 16 ans et que par conséquent je ne suis pas majeure on ne m'a pas donné d'autres choses que de vivre avec la famille HUBSON, « une nouvelle famille pour un nouveau départ » avait dit Lorie, l'assistante qui s'occupait de mon cas. Sauf que je ne voulais pas d'une nouvelle famille ! Je ne voulais pas qu'ils s'occupent de moi comme si j'étais membre de la famille ! Mais je n'avais pas le choix et comme je refusais la discussion, ils ont amenés mes affaires dans la chambre d'amis, qu'ils considéraient tous comme « ma » chambre. Malgré ce changement radical, je ne montrais toujours aucunes émotions pendant les journées où je côtoyais ces individus. Je ne faisais aucuns efforts... Pas pour leur faire de la peine volontairement mais simplement parce que le cœur n'y est pas et que je joue très mal la comédie. Des anciens potes étaient passé pour prendre de mes nouvelles, d'autres voulaient me voir mais chaque fois que Liliane, la mère, entrait et me demandait si je voulais les voir, je faisais signe que non ou je faisais semblant de dormir.
Liliane est une femme qui est vraiment adorable, présente et compréhensive. Je n'aurais pas dû avoir tant de mépris pour elle puisque ses traits ressemblaient à ma mère, pourtant elle avait des yeux si sombres et une peau si claire que ça en était troublant. Martin, le père, était souvent absent la journée et le soir je ne passais que le dîner en sa compagnie, il était du genre calme, travaillait dans des bureaux et appréciait chaque seconde avec ses enfants.
Quand la rentrée des classes arriva cela faisait presque quatre mois que mes parents n'étaient plus là ! Je ne voulais pas aller en classe, voir les profs, revoir mes anciens potes, je ne me sentais pas assez forte pour supporter le regard et la pitié que tout le monde m'adressait. Mais je n'avais pas combattu Martin lorsque ce matin-là il est venu frapper à ma porte et m'a demander de descendre avec lui. Arrivée dans le salon, la directrice se tenait à quelques mètres de moi, son dos me faisait face jusqu'à ce que Liliane lui indique par un silence ma présence. Elle se retourna et se mit à m'expliquer un tas de chose concernant l'école et son importance et blablabla... Je compris que je ne pouvais pas passer ma vie entière enfermé dans cette chambre alors je l'a coupa d'une seule phrase : « Je vais y aller ». Ma voix était cassée, monotone et mon manque d'envie était clair. Elle se tu et la petite famille, qui discutait, fit de même surement choqué par mon intervention. Martin fut le premier à réagir, il prit sa veste de costard et demanda aux enfants de l'attendre dans la voiture. La directrice m'intima que c'était une bonne chose et que si j'avais des soucis je pouvais compter sur elle, puis elle sortit en nous souhaitant une bonne journée à tous. Enfin Liliane s'avança jusqu'à moi et dit :
Tu sais que tu peux rester encore quelques jours si ça ne va pas...
Ma gorge se serra à cette phrase, une phrase que ma mère avait trop souvent prononcé. Les larmes menaçaient mais n'eurent pas le temps de couler car la femme qui se tenait debout en face de moi me pris dans ses bras. Ce contact me sortit de mon trouble et j'eu un mouvement de recul bien trop rapide pour que cela ne puisse être considéré comme vexant. Je n'étais pas prête à avoir ce genre de geste envers elle et si elle ne voulait pas le comprendre alors tant pis. Je plaçai mon sac sur mon épaule et me dirigeai vers la sortie, tout en la dévisageant. Martin haussa les épaules et me suivie.
Le trajet fut rapide, mon nouveau lieux d'habitation à durée indéterminé se trouvait plus proche de mon lycée. Anaïs, la fille de Martin et Liliane, je l'a connaissait de vue, il me semble qu'elle passe en première scientifique cette année. Elle est studieuse et ne porte aucun intérêt aux gens excepté son groupe d'amis. Moi je fais partie des élèves qui connaisse pas grand monde et qui reste à l'écart de toute embrouille pour un maximum de sécurité.
Le premier jour se déroula bien enfin pour moi bien signifie qu'à la cantine je restais isolé malgré que certaines de mes amies étaient venues me voir pour me présenter leurs condoléances et que je n'avais pas répondu. Je restais de marbre en cours et lorsque les gens parlait de moi, je détournais les yeux, je changeais de direction, je ne voulais rien de ces gens.
La journée passa lentement, la fin semaine arrivait et je n'avais toujours pas décroché un mot. Pendant une heure de français, la prof m'avait demandé si je voulais lire le texte. Mais je ne dis rien je me contentais je la regarder. Elle comprit que la parole ne mettait pas vraiment revenu et qu'elle aurait pu attendre longtemps avant d'entendre son texte.
VOUS LISEZ
Seconde Vie
RomancePerdre ses parents étant jeune est l'une des épreuves de la vie, la plus difficiles à surmonter. Tout le monde rêve d'une vie parfaite : pas de morts, pas de problème, pas de souffrance, pas d'accidents... Mais on sait tous que la vraie vie ce n'est...