The Virgins' Game

2. Here.

Les cours se finissent comme à l'accoutumé vers 17h30, les bus parisiens attendent cette effluves de passagers avec impatience, garés sagement sur le bas côté, tandis que les taxis eux, recherchent des enfants fortunés ne voulant pas s'encombrer de la communauté des transports locaux.

Jennifer prend la liste de fournitures manquantes pour ses différentes matières, sort sur le porche du lycée et tombe sur ses amies, regroupées en bas des marches blanches. Comme à leurs habitudes, Rebecca et Sarah, cote à cote regardent avec insistance un groupe de garçons en chemises et bien fringués. Parmi eux, aucun ne se dégage vraiment du lot, mais Jennifer faisait confiance à la blonde pour choisir un pion à l'allure physique satisfaisante. Juste sur leur droite, Louise remarque la première Jennifer, descendant précautionneusement l'escalier avec ses talons compensés.

<< Alors Jenny ? Prête pour ce soir ? Demande l'arbitre.

- Il faut d'abord que je passe à une papeterie prendre des affaires de dernières minutes, ensuite, je vous rejoindrez chez la cousine de Victoire pour la soirée. D'ailleurs, il faut que j'y aille, ou je vais finir par rater mon bus. A plus tard les filles ! >>

Et sans plus attendre ou de cérémonie, Jennifer prend congé de ses amies. Elle se presse pour attraper sa ligne, elle descend place Jeanne d'Arc, traverse le lieu et entre dans une boutique où elle est accueillit par le son d'une clochette au-dessus de la porte. Flânant dans les rayons, Jennifer hume l'odeur de vieux livres planant dans l'échoppe. Elle traverse les étalages de crayons colorés et de stylos aux mines diverses, se dirigeant tout droit vers les cahiers à grands carreaux. Prise d'une hésitation quant au meilleur investissement pour ses fournitures, la jeune demoiselle n'entend pas approcher d'une démarche légère est fluide l'employée.

<< Bonjour, puis-je vous aider madame ? >>

Jennifer se retourne vers la douce voix et à la vue de la détentrice, elle tombe de haut.

<< M-Marie ? Questionne la joueuse, troublée.

- Oh, Jennifer ! Comment vas-tu ?

- Bien, merci. E-Et toi ?

- Parfaitement bien, à vrai dire ce boulot me convient comme un gant, et puis, ainsi, je peux profiter des vieux livres de l'arrière boutique. Tu savais que le propriétaire, avant de se lancer dans les affaires de bureau, tenait un magasin d'antiquités ? Oh, vraiment, tous ses ouvrages sont merveilleux, tu les adorerais j'en suis sûre. >>

Mais notre joueuse n'a malheureusement pas pu écouter la fin du récit de la belle Marie. Ses pensées sont occupées par de vieux fantômes qui la terrorisent, la jeune femme en fait partie. Jennifer frémit face aux souvenirs de son passé, de ce jeu qui est la cause de tous ses tourments. Et qui se ramène à elle constamment, la narguant avec ce qu'il lui a pris et qu'elle ne pourra jamais retrouver : l'amour.

<< Jennifer ?

- O-Oui ? >>

Marie fait une pause et observe sa cliente. Jennifer a changé depuis le temps. Auparavant, les deux jeunes filles partageaient une passion commune pour les vieux ouvrages littéraires, dévorant plusieurs exemplaires en quelques semaines et causant une vraie ruine de leur petit argent de poche. Elle se souvient d'une Jennifer enjouée, souriante, drôle et toujours positive. Une optimiste, ayant foi en l'avenir. Et puis, un jour, les deux amies inséparables se sont embrassées, une fois, puis deux fois, puis trois, puis une dizaine de fois. Elles s'aimaient, les baisers ont laissé place aux caresses, les caresses ont fini par des corps dénudés et par une exploration de leur anatomie assez poussée. Marie est la première petite amie de Jennifer et s'il n'y avait pas eu ce jeu stupide à leur rentrée au lycée, elles seraient sûrement encore ensemble. Mais les deux jeunes filles ont toujours été discrètes sur leur relation, Jennifer a fini par être choisi par Quentin, et les deux amantes ont dû rompre, toutes deux encore vierges de toutes pénétrations. Marie s'approche tendrement de la blonde et appose une main se voulant rassurante.