Le transfert

207 14 9
                                    


Les livres racontent :  
Il y a environ 4 décennies, les dirigeants de tous les pays du monde, ont transféré tous leur habitants ailleurs : sous la mer. Les prétextes du départ étaient la pollution et la surpopulation à la surface de la Terre. La Structure fut construite et chaque habitant de chaque continent se vit attribuer un jour de départ. Arrivés en bas il pouvait choisir une habitation et après quelques semaines d'adaptation la vie repris son cour. Il n'y avait plus ni conflit ni famine, ni même incident climatique préoccupant. L'humanité était en paix.
C'est tout du moins ce qu'on racontait...

En vérité, un mois après l'annonce du changement d'habitat, le mensonge n'avait plus d'importance, car chaque adultes devait, dans les plus bref délais, ce rendre à la mairie la plus proche.
Là, on leur administrait une substance chimique les rendant réceptif et les faisant croire à chaque parole prononcée dans les cinq minutes qui suivaient l'ingestion. Ils oubliaient  je ainsi leur vie d'avant, mais malgré tout pour favoriser le changement, les autorités se sont arrangées pour replacer les citoyens dans des lieux similaire et à proximité des mêmes personnes qu'à la surface.
C'était la même chose pour les enfants de 12 à 20 ans, mais eux devaient se rendre dans leur école, collège ou lycée respectif, où l'on les classait par âge et leur administrait le produit.

À partir de l'ingestion chacun avait le droit à l'Histoire du Commencement : la pollution de l'air et des eaux, ainsi que le nombre trop important d'individus, rendait la vie à la surface de la Terre impossible.
Le récit mentionne que les gouvernements, s'étant rendu compte de la fin inévitable de la vie sur la planète, avaient construit des villes sous la mer où l'on pouvait vivre.

Toutes les villes sont reliées et les constructions recouvrent 84% de la surface sous marine : nous vivons exclusivement sous l'eau. La Structure est composée par des espaces urbains, villes, villages, et agricoles. Elle est divisée en 5 secteurs qui correspondent aux anciens continents. Nous utilisons des canalisateurs de lumière solaire qui nous permettent de faire pousser les plantes, arbres et végétaux vitaux, ainsi que d'élever du bétail. Nous utilisons l'oxygène de la Terre qui est dépollué et une partie de l'oxygène est extrait de la mer.
Vous me direz que tout c'est arrangé. Oui nous avons de la place, de la nourriture, de l'air pur, nous sommes réunis, en famille, avec nos amis malgré la manipulation mentale mais... Le seul hic, c'est que tout le monde semble croire qu'il en a toujours été ainsi. D'ailleurs les livres d'histoire disent que la transition a eu lieu il y a 40 ans.

Mais demain je fête mes 19 ans, le transfert je l'ai vécu et c'était il y 5 ans et non 40, mais ça il n'y a que moi qui m'en souviens... Enfin je croyais.

Je m'appelle Émeraude Brooks, je fête mes 19 ans demain et je suis une mémorielle, pour cette raison je suis en danger parce que si le gouvernement s'en aperçoit il me tuera car moi je sais, moi je me souviens.

Mon transfert est le pire jour de mon existence et de loin, je n'ai pas vécu la même transition que les autres.

11 juin 2016.
Nous étions toute une classe de seconde. 24 élèves. 24 destins maudits. 24.
La transition devait débuter le mois prochain. Ce matin là, nous étions en cours devant un film de fin d'année quand 4 hommes en costume noir sont entrés. Ils portaient tous des lunettes noires et leurs visages étaient  inidentifiables. Ils avaient 4 mallettes qu'ils posèrent sur le bureau. Après les avoir ouvertes, ils disposèrent des seringues, remplies d'un liquide verdâtre, bien alignées sur la table. Notre enseignant se tenait droit, silencieux, confiant et rassurant. Nous, nous étions terrifiés. C'est sur qu'à 14 et 15 ans voir débarquer des hommes en noir avec des seringues grosses comme des pommes peut paraître effrayant. Le professeur, Mr Stingman, nous expliqua que nous faisions parti d'un projet expérimental et que si nous refusions d'y participer nous serions banni de la future Structure et serions condamné à vivre et mourir dans la pollution. Il nous dit aussi que si nous acceptions nous serions, avec nos familles, parmi les plus aisés du monde d'en bas.
Après ça comment refuser ? Même terrifiés, le choix est rapidement fait.

On nous demanda de nous mettre en rang et on nous administra le produit. Tout se passa sans le moindre accro, excepté pour Marc : il refusa. Il hurlait comme un fou, disant que son père n'était pas d'accord avec ce projet et qu'il avait été assassiné, pour ça.
Ensuite menacé par un des colosses en noir il se calma, me regarda moi, sa petite amie, seulement moi et dit : " Em' souviens toi de ce moment. Rebelle toi. Découvre pourquoi le transfert a lieu maintenant, quel est sont but. Tu en est capable, je le sais, fait le pour sauver l'humanité de l'injustice qui lui est faite."
Je ne pus m'empêcher d'hurler :
" - Maaaaarc! Non !"
Je voulus le rattraper, lui demander des explications. Pourquoi moi? Mais je ne réussis qu'a saisir sa main un cour instant.
"Ne t'en fais pas Émy, on se retrouve en bas, ne m'oublie pas." Ce furent ses dernières paroles pour moi.
Il lâcha ma main, me fit un dernier clin d'œil et fut emmener loin de nous.
Je criais et me débattais mais rien ni faisait : il était parti.

Mes cris furent suivit d'un grand blanc puis plus rien juste du silence et du noir.

Je me réveillais dans une maison, avec mes parents et ma sœur, sans aucun souvenir de la semaine précédente. Si l'endroit où je me trouvais m'étais familier j'étais tout de même légèrement déboussolée. Je ne me souvenais pas, ni du transfert, ni de ce que Marc m'avait dit.
On m'expliqua que javais fait un malaise en cour de natation mais que j'allais bien. Et, sans me douter de rien, je continuais ma vie comme si de rien n'était. Je repris les cours, revit mes amis, recommença à sortir... sauf que j'étais sous l'eau et que je n'avais aucun souvenir du monde d'avant, pas même idée que ma vie ai pu être différente de celle que je vivais là, à des kilomètres  sous le niveau de la mer.
Quand et comment me suis-je souvenue ?
C'était un an exactement après mon transfert, le jour du Mémorial...

Le monde d'en bas Où les histoires vivent. Découvrez maintenant