Le Mémorial

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11 juin 2017, c'est le jour du mémorial, je suis devant mon miroir. Ma grande chambre s'y reflète : mon lit, avec sa housse violet sombre, mon bureau légèrement dérangé contre le mur sous la fenêtre du fond. En face de la glace il y a mon armoire ancienne, très couteuse, remplie de vêtements banals.

Ma chambre me ressemble : elle n'a rien d'exeptionnelle, mais elle est féminine et remplie de livres et de photos de mes amies et ma famille, tout ce qui compte vraiment pour moi est réunis dans cette unique pièce.

Ma robe de cérémonie repose sur la coiffeuse devant moi. Elle est magnifique, c'est la troisième année que je la porte. Elle est blanche, cintrée, légèrement moulante sur le haut et évasée en bas, les manches m'arrive juste en dessous de l'épaule et elle me tombe au niveau du genoux.

Une fois que je l'ai mise une impression étrange s'empare de moi : on dirait que c'est la première fois que cette robe est portée elle est peu souple et sent le neuf. Étrange... Il me semble que je la mets depuis des années.
Je contemple mon reflet. Mes cheveux lâchés tombent en cascade jusqu'au milieu de mon dos. Bruns avec quelques mèches plus claires et légèrement ondulés, ils sont sublimes et je les adores. Mes yeux changent de couleur en fonction de la lumière, ils peuvent aller du vert d'eau au gris foncé en passant par le marron chocolat. J'ai un visage simple avec un nez légèrement en trompette et une bouche rosée. Je suis plutôt grande, environ 1 mètre 75 et j'ai un peu de forme, qui sont parfaitement soulignées par ma tenue. On dit que je suis jolie, mais je ne suis pas forcément de cet avis, je me trouve bien, pas jolie

Ma robe est blanche ce qui signifie que ma famille faisait partie des premières arrivées en bas. Mes voisins, eux sont en bleu marine, c'est une famille fondatrice, il y en a peu. Il existe deux autres couleurs. Le rouge, qui est porté par trois quart de la population, représente les familles arrivées pendant les Grandes Arrivées. Et le gris est pour les gens, et non les familles, qui ont travaillé en haut car, même si on peut presque tout produire ici, certains animaux n'ont pas survécu aux descentes. Des structures ont donc été aménagées pour les élever et ensuite les envoyer en bas pour être consommer. Seul les voyageurs des Grands Flux peuvent remonter. Nous, les familles Anciennes, nous n'en voyons pas l'utilité.

Évidemment, excepté le jour de la Mémoire, le Mémorial, nous pouvons porter les vêtements que nous voulons et aucune différence n'est faite entre les habitants du Nouveau Paris ou de tout autre ville ou village.
J'épingle au dessus de ma poitrine une broche qui représente une jonquille et saisi le bouquet composé des mêmes fleurs jaunes, qui est délicatement posé sur ma table de chevet.       Certains jeunes de moins de 20 ans doivent porter ces fleurs aujourd'hui, dans cette ville nous sommes 23.  Les légendes disent que c'est un honneur que d'être parmi les Fleuris, que ça garantit un avenir glorieux. On dit même que les fondateurs de la Structure étaient des Fleuris.  On est décrété Fleuris à l'âge de  10 ans et on le reste jusqu'à 20 ans, pendant ce laps de temps le gouvernement nous offre des avantages comme de l'argent, l'accès aux meilleurs écoles et aux bibliothèques les plus anciennes car, ici, tous ce qui est ancien est précieux, les reliques d'en haut valent très chères.

Je sors de ma chambre et tombe nez à nez avec Emma, ma petite sœur, j'ai deux ans de plus qu'elle ce qui lui fait 12 ans. Elle porte une robe blanche, elle aussi, plus courte que la mienne et sans manche. Pour elle pas de bouquet : elle n'a pas été Fleurie, vu que la cérémonie a lieu uniquement tout les dix ans. Elle est magnifique avec ses yeux verts, ses formes généreuses et son éternel sourire. Ma sœur compte beaucoup pour moi.
" - Tu es sublime Emma.
   - Tu n'es pas trop mal non plus. Me répond elle avec un sourire"
On descend les escaliers et rejoignons nos parents.
" - Oh les fille vous êtes superbes! S'exclame ma mère.
   - Émeraude ? Tu as tout? Questionne mon père.
   - Oui papa
   - Alors c'est parti! Direction la mairie mesdemoiselles, lance t'il en souriant"

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