1. Au comptoir

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   -Alors comme ça tu remplaces notre Blanche ?

- Et ? En quoi ça gêne ? Elle vous avait prévenu de toutes manières...

- Bah. Non.

Caroline faillit recracher son thé et reposa sa tasse brutalement sur le comptoir.  Accoudé à son celui ci, son interlocuteur, la tête dans les mains, esquissa un demi sourir.

- Enfin... Si tu appelles prévenir envoyer un message à 1 heure du matin pour dire qu'on s'est arrangé pour être remplacée.

- Elle ne t'avais même pas prévenu ?! Quelle tête de linotte celle là...

- C'est Blanche...

- Enfin Quentin... Tu te rends compte ? Blanche est majeur, vaccinée et maintenant mariée et... on dirait une gamine de 7 ans...

- C'est qui fait son charme. Et moi, ça ne me dérange pas, mais alors pas, du tout que ce soit toi qui la remplace !

Caroline garda son visage neutre et s'appliqua à observer les boissons étalées derrière le bar ; mais une petite voix dans sa tête rallait. Ça l'arrangeait bien, Quentin, qu'elle vienne travailler au café : depuis le temps qu'il la flattait sur son thé et ses petits gâteaux...  

- Tu pourras nous faire tes fameux cafés ! Et ton latee art, proposa le jeune homme d'un air détaché. Tu es vraiment douée avec tes mains, ça me changera de la maladresse de notre cousine.

Qu'est ce qu'elle disait... L'air impassible, la jeune fille reprit une gorgée de Earl Grey.
Un ange passa.
Quentin, en face d'elle, souriait de toutes ses dents, presque carnassier, un liquide rougeâtre posé devant lui et ses longs doigts pianotant sur le comptoir.

Il se comporte comme Camil, c'est insupportable, pensa Caroline. D'un geste brusque, la jeune fille mis sa main sur celle de Quentin.

- Arrête de faire ça, murmura-t-elle en détachant chaque mot. Je ne viens travailler ici que parce que je dois un truc à Blanche et que j'ai promis, pas pour te faire plaisir.

Quentin dégagea sa main et son sourire s'agrandit. Il était amusé par le petit brin de femme qu'il avait face à lui.
Il n'était pas dupe, il la connaissait depuis bien trop longtemps. Il lui avait même souvent demandé de joindre l'équipe, sans succès. Alors qu'elle vienne et se déclare serveuse un beau matin, ça avait de quoi le surprendre.
Sans rien dire de plus, le jeune homme s'étira et attrapa sa boisson avant de jeter le contenu dans un évier.

Comme Caroline lui jetait un regard étonné, il se sentit obligé de se justifier, lui qui avait pourtant l'habitude de ne rien expliquer.

- C'est un prototype ; Deb' voulait que je goutte une de ses nouvelles boissons.

- Et ?

- Trop épicée, comme d'habitude... Je ne vais pas servir ça aux clients, sinon ce serait l'allé direct pour les urgences.

- Donne lui une chance ! J'aime bien ses soupes, moi...

- N'empêche. L'As de Trèfle est un salon de thé, pas un restaurant expérimental.

Caroline compris que le sujet Déborah était clos. On pouvait rarement tenir une longue conversation avec le patron de l'As de Trèfle. Celui-ci repassa sa main dans sa chevelure, vieux tic ineffaçable.

Quentin était indéniablement beau, et il le savait. Toujours tiré à quatre épingles, ses cheveux noirs coupés très courts restaient en place, et aucune mèche ne s'autorisait à sortir du lot. Il était plutôt petit, mais musclé, et son visage, très pâle, était fait de lignes fines et dures qui relevaient des yeux marrons étrangement banals par rapport au reste de son physique.
On pouvait le comparer à une statue de marbre blanc, une copie romaine ; beau, ciselé à la perfection mais figé, beau comme on en voit beaucoup, un peu ennuyeux. Enfin, ennuyeux... Pas tant que ça aux yeux de ses nombreuses admiratrices, qui venaient se pavaner devant lui des heures entières, assises à une table, au comptoir, essayant d'attirer vers elles son attention, de lui arracher un sourire. En fin de journée, souvent, elles n'arrivaient à rien et partaient dépitées... mais jamais découragées. 

Caroline et Blanche se moquaient souvent de ces filles, qu'elles appelaient avec humour les "fleurettes", sans pour autant en être jalouses ; pour les deux cousines, Quentin était certes agréable à regarder, mais aussi extrêmement chiant et maitre d'école, et depuis l'enfance. n plus, Blanche n'était pas du genre à craquer pour un membre de sa famille et Caro n'avait sûrement jamais fait attention au physique des garçons de son entourage.
Donc les techniques de charme ne marchaient pas sur elles.

- Bon. C'est pas tout ça mais il est presque 10 heures et la boutique ne va pas s'ouvrir toute seule, annonça la jeune femme au bout de quelques minutes de silence, repossant bruyamment sa tasse sur le comptoir.

- Ah oui, ta boutique... Ta tante va bien ?

- Ce n'est pas ma tante, c'est ma marraine... Et oui elle va bien.

Quentin avait contourné le bar, et les deux se firent la bise.

-Je t'envoie tes horaires dans l'après midi.

Un sourire de Caroline, puis elle finit par partir en faisant tinter la clochette.

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Yo les gens ! Alors oui, c'est étrange de mettre la NDA trois jours après la publication du chapitre 😅 mais j'avais totalement zappé !
Je vais essayer de garder un rythme a peu près régulier ! (faaaiiiiil)
N'hésitez pas à commenter pour me donner vos avis !
Donc voilà !
À très bientôt !

L'heure Du ThéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant