Grand cœur malade

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Aujourd'hui j'ai accompagné Layna à son énième séance de chimio. J'ai l'impression que c'te merde ne marche pas... Au contraire, j'ai l'impression que son état se dégrade de plus en plus.

Et comme l'a dit son médecin : "Le cancer du cœur est un cancer très rare et très difficile à soigner. Je suis désolé de vous le dire comme cela, mais rare sont les "survivants", si puis-je dire. La chimiothérapie pourra sûrement améliorer légèrement son état, mais ce serait un miracle si la petite Layna s'en sortait!"

Mais ferme-là, toi tu t'occupes d'elle mais c'est Dieu qui guérit, c'est pas avec tes "peut-être", "on verra" qu'on va la sauver. Moi j'pose mon front au sol, et j'implore Dieu de la garder auprès de oim.

Sur le trajet du retour, j'la sens pas joyeuse, limite triste. Wesh?

"Oh j'te parle!

- Hein? Oui pardon, t'as dis quoi?

- Tu te fous de moi? T'as quoi là?

- Rien *rire*, je pensais à c'sue je vais manger ce soir.

- Tu crois j'rigole? Dis-moi c'qui va pas Layna!

- Bah... W'Allah j'veux pas que ce que je vais te dire te rende triste, mais... Putain Nidhal, j'sens que c'est la fin là!, poursuit-elle les larmes aux yeux."

J'serre le volant et accélère, elle m'supplie de ralentir mais je l'écoute pas. Putain elle va m'lâcher, j'le sais et j'le sens. Sa santé se dégrade, et j'suis spectateur de son malheur, qui devient le mien. Par Allah, je vous souhaite pas de connaître cette sensation, même à mon pire ennemi.

Mon quotidien rime à vendre la mort pour payer ces payements qui ne marchent même pas. Mon quotidien rime à l'accompagner au moindre rendez-vous à l'hôpital. Son mal est mon mal, si elle crève j'me sentirais crevé aussi.

[...]

Je m'endors aux alentours de trois heures. J'ai vendu toute la nuit et j'me suis fais de bonnes p'tites liasses qui seront dès demain dans les comptes en banques de la mif. Faut faire du bien avant d'partir, et Dieu seul sait si j'vais quitter ce bas-monde avant Layna.

[...]

J'me fais réveiller par des cris et des pleurs. J'entends la voix de ma mère, de Layna et de quelques hommes. J'ouvre les yeux, en essayant de comprendre ce qui se passe, quand j'me sens jeter au sol.

"PUTAIN VOUS FAÎTES QUOI LÀ!

- Monsieur Nidhal Brahimi, vous êtes en état d'arrestation pour trafics de stupéfiants. Nous allons vous emmener au commissariat en attendant votre jugement.

Et merde...

-Maman w'Allah pleure, je regrette pas ce que j'ai fais mama, tu sais pourquoi je l'ai fais, mama pleure pas...
Wesh pleurez pas vous allez m'aide pleurer, dis-je en m'adressant aux trois femmes présentes devant moi ;
Tata prends soin de ma mère, de ta fille et de toi. Pleurez pas mon absence, je reviendrais vite inchaAllah!
Layna ma grosse, je la prends dans mes bras, contre le gré des policiers, pleure pas par Allah je te l'ai jamais dis mais je t'aime comme ma sœur, tu l'sais ça pleure pas! S'il te plait ma grosse sèche tes larmes, je regrette pas w'Allah, te sens pas coupable. "

Je quitte l'immeuble, menotté comme un chien et accompagné des policiers, sous le regard des personnes du quartier déjà réveillées, ou des m quelques commères descendues pour voir qui venait d'encore tomber.

[...]

Je suis incarcéré pour 21 longs mois. J'ai déjà effectué 4 mois sans pouvoirs voir ma famille, 4 longs mois pendant lesquels j'ai peur. Peur de recevoir l'appel qui m'annoncera que ma sœur n'est plus là...

Je rentre de promenade et m'allonge sur le matelas qui me sert de couchage. Ecoute, on fais avec gros.

Bzzzz Bzzzz Bzzzzz Bzzzz,
Appel entrant : +337837813...

" Ouais ouais ouais la famille!

- Nidhal...

- Quoi? Pourquoi tu pleures yemma?

- Wouldi c'est la mektoub..., me lâcha-t-elle avec difficulté.

- Putain non Yemma non, non non non pas ça s'il te plait non Yemma, dis-je en lâchant quelques larmes, Putain yemma... Pas ça!

- C'est fini, elle est bien là où elle est mon fils, pleures pas...

- PUTAIN LAYNA! "

F I N

On dit perds pas l'espoir mais que faire quand un sale faire-part, dit que ta sœur part d'un cancer.

- Oxio Poccino