Le bal de printemps

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Il scrutait la foule à la recherche d'une chevelure flamboyante. Cela faisait déjà un petit bout de temps qu'il l'observait à la dérobée. Les gars la surnommé la reine de glace. Il fallait dire qu'elle n'était pas facile à approcher. Elle apparut soudain, la foule d'élèves s'écartant sur son passage comme la mer Rouge l'avait fait pour Moïse. Il était en plein milieu de sa trajectoire, mais il en avait cure. Il s'avança, mais avant qu'il soit arrivé à son niveau, elle disparaissait dans un des couloirs de l'aile scientifique du lycée. Fox Mulder soupira. Encore loupé. Pratiquement un mois qu'il essayait de l'approcher, et autant de temps qu'il échouait. Elle était arrivée en début d'année dans l'établissement, et elle s'était très vite fait remarquer. De par son intelligence, mais également par son physique. Une petite rousse au visage fin, et aux yeux bleus remplis d'une expérience dont personne n'arrivait à mettre de nom dessus. Cette fille était un mystère à elle seule. Elle avait un frère aîné qui était dans la même classe que lui, William Junior plus connu sous le nom de Bill. Et une sœur, Melissa, qui avait un an de moins que lui et traînait avec les filles de la mouvance « paix et amours, les cristaux c'est cool », des trucs de filles quoi. Junior et lui n'étaient pas proches, ils étaient même complètement opposés. Fox aspirait à devenir profiler et avait un penchant pour les extraterrestres. Bill lui, voulait rejoindre l'US Navy comme son père et était le type le plus croyant qu'il lui est été donné de rencontrer.

Les Scully s'étaient tous faits remarquer pour leurs cheveux roux dès leur arrivée, mais Dana était le centre des discussions. Elle ne s'était liée d'amitié qu'avec peu de personnes et n'était pas pour autant introvertie. Elle avait mis tous les gars du lycée à ses pieds sans rien faire. Beauté glacée. Mais elle ne semblait pas y prêter attention. Elle était toujours fourrée à la bibliothèque dans quelques livres parlant de médecine ou dans les laboratoires et salles de dissection de l'aile des sciences. Tout le monde la respectée, elle inspirait le respect. Beaucoup de garçons avaient tenté de l'invité, mais elle avait toujours refusé, les études passant avant les sorties et son éducation catholique régissant sa vie. Le contraire de Melissa, qui avait de bons résultats, mais ne se privait pas de sortir de tant à autres. Mais voilà, lui Fox Mulder avait accepté le défi ardu que lui avaient lancé ses camarades de l'équipe de basket, à savoir inviter la charmante reine des glaces au bal du printemps. Voulant flatter son ego il avait accepté, pensant que sa mission serait moins épineuse qu'il n'y paraissait. Erreur fatale, elle était pire que ça. Dana Scully était une vraie anguille, elle se faufilait entre tous, et glissait de ses mains dès qu'il pensait l'avoir coincée, comme tout à l'heure. Mais il ne renonçait pas. D'ailleurs, il avait fini les cours et elle aussi, mais elle devait rester pour travailler, et peut-être s'éloigner de son ô combien ennuyeux frère aîné. Car il était certain d'une chose, cette fille était passionnée par ce qu'elle faisait.

Il se dirigea donc vers le couloir qu'elle avait empruntée un peu plus tôt et se mit à sa recherche. Il était 17h, l'aile était vide. Il scrutait l'intérieur de chaque salle par la petite vitre des portes. Il finit par la trouver après un quart d'heure de fouille dans la salle de dissection du professeur Masson. Il avait donné un double de ses clefs à la jeune fille dès son deuxième cours, pour qu'elle puisse exercer ses mains faites, il citait « pour la chirurgie ». Sauf que Mr Masson se trompait sur toute la ligne. D'après ce que Melissa lui avait dit (il avait été se renseigner un peu avant quand même), elle souhaitait être légiste et par conséquent sauvée des vies n'était pas dans ses priorités médicales. Elle était debout les mains fouillant l'estomac d'un pauvre cochon nain. Ses cheveux de feu remontaient en une queue-de-cheval bien serrée, ses yeux pétillants recouverts de lunette de protection par-dessus ses lunettes de lecture, ses mains fines gantées de latex et un crayon coincé dans un équilibre précaire entre son crâne et son oreille. Il s'émerveilla quelques instants de la beauté d'une telle scène. Un peu macabre certes, mais tellement poétique. Il l'avait longtemps observé en douce le soir. Se préparant au mieux pour sa confrontation finale. L'heure était arrivée, il entra par la porte du fond et s'assit sur un des hauts tabourets à l'arrière de la salle, prenant soin de faire le moins de bruit possible pour ménager son effet.

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