Accuser l'alcool est lâche. Et faux. Cela ressemble au prologue d'une mauvaise histoire, et Terracid sait bien que de toute façon, il est plongé dans une merde noire jusqu'aux genoux. Voire même jusqu'aux cuisses, s'il ne parvient pas à se débarrasser de cette entêtante migraine qui lui vrille les tempes. Il ouvre une paupière, qu'il referme aussitôt : les rayons matinaux lui brûlent la rétine, aussi surement que l'alcool a brûlé sa gorge quelques heures auparavant. Sa main tâtonne à la recherche d'eau, mais ne rencontre qu'un bras - doux, chaud, un peu moite. Ses doigts se rétractent, alors que le jeune homme renfloue des souvenirs un peu trop frais dans son esprit. D'une secousse, il réussi à s'extraire du lit, ignorant à présent les battements de son cœur qui résonnent dans son large front.
« Mais bordel. »
L'alcool a quand même joué. Il y a eu ce moment de perdition commun, cette étrange spirale d'amusement, de curiosité, aussi, mais on ne peut écarter la cause de l'euphorie désinhibée. Enfin debout, il réalise avec un frisson qu'il est nu, et s'empresse d'y remédier avant de traîner ses longues jambes sur la terrasse, cigarette et goût amer en bouche. Los Angeles se déverse sous ses yeux, tout en cheminement de voiture et d'éclat de lumière, mais quelque chose l'empêche de savourer cet impressionnant panorama.
« Mais bordel de ... »
Il tire une bouffée de sa sèche, l'apprécie, les yeux clos, avant de s'ébrouer. Ses courts cheveux bruns sont collés à son crâne, et il sait parfaitement pourquoi. Il sait d'ailleurs beaucoup de choses qu'il aurait préféré ignorer jusque là, mais qui sont maintenant gravées dans son crâne, au fer rouge, lui envoyant de temps en temps quelques signaux entêtant. Il détourne les yeux, laissant couler son regard à l'intérieur de l'appartement. Les autres ne sont pas rentrés. Tant mieux. Personne d'autre que lui n'aura à affronter cette vision de Laink, la tête enfoncée dans son oreiller comme un suicidé, une jambe molle sortant du lit et le cul apparaissant nettement à la lisière du drap. Terracid étouffe un rire : il peut toujours en faire une photo pour se foutre de sa gueule, après tout. Il jette sa cigarette sans la moindre considération pour la piscine en contre bas, s'étire en grondant avant d'aller se saisir de son portable. Rien de bien étonnant : quelques selfies dégueulasses, des messages d'Hugo et Guzz visiblement endiablés, et des photos noires, prises pas erreur dans sa poche. Ses yeux bleus reviennent naturellement sur le paisible Laink, et il s'empêche de répondre à ce réflexe pourtant viscérale.
Décidemment, oui, l'alcool. Tout est à cause de l'alcool. Les laisser seuls, épuisés après cette journée à l'E3 dans un appartement aussi sympathique avec pour seule compagnie des bouteilles avait été la pire des idées. Ils ont joué au con, mais à quel moment de la soirée cela a-t-il basculé ? Laink se tourne brutalement sur le lit, les yeux grands ouverts. Il se redresse, blanc comme un linge, bouche entrouverte. Le brun lève un sourcil étonné :
« Toi, tu vas dégueuler dans deux secondes.
-Mais...Mais ferme ta gueule. »
Laink souffle pesamment. Il ferme les yeux, les rouvre, ses deux grandes prunelles noires brillant de douleur. Il se penche, faisant saillir ses omoplates, avant de pousser un grand soupire de soulagement :
« Putain, c'était pas loin, là...
-La galette ?
-Mais c'est bon, oh ! T'es frais comme un gardon peut être ? »
Terracid, échevelé et de grandes cernes sous les yeux, lui fait un élégant doigt d'honneur, provoquant le rire de son ami. Les choses...N'ont pas changé. Evidemment, rien n'est pareil, un fil invisible, une toile d'araignée les lie à présent, avec toute l'audace et l'horreur qu'elle comporte. Mais les apparences sont sauves. Et dans ce genre d'histoire, vous le savez bien, elles le sont toujours. L'odeur du café leur fait du bien à tout les deux, même si l'estomac fragile de Laink grogne de temps en temps, lui rappelant que certes, il est jeune, mais que se murger aussi souvent n'est pas la meilleure de ses idées. Ce n'est qu'installé à même le sol, les jambes battant dans le vide de la terrasse, que Laink relance le sujet.
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inspire, expire.
RomanceTerrain : une histoire qui peut paraître banale, une soirée alcoolisée qui va trop loin, quelques regrets, mais quand il semble impossible d'oublier, il faut alors faire face. yaoi, rating M.