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Ici, vous n'avez pas le choix.

La voix résonna doucement dans sa tête.

Ici, vous êtes soit le bien, soit le mal.

Puis, le monde réapparu devant ses yeux. Une forêt sombre et noire. "Antora". Le mot apparut dans sa tête. Un être apparut devant elle. Un être sombre, encapuchonné, recroquevillé. Puis un autre, lumineux, habillé de blanc.

Ici, vous n'êtes personne. Vous n'êtes que le blanc, ou le noir.

Les êtres se regardèrent avant de disparaître laissant la sombre forêt seule avec elle. Ou l'inverse. La voix l'avait bien dit. Elle n'est personne.

Avance. Ou meurs.

Il semblait que la seule voie potable était d'avancer. Chaque personne étant passée là voulait savoir qui il était. Parce que l'on est personne. Mais on veut le devenir.
Elle posa un pied dans la terre boueuse. Elle remarqua alors ses chaussures. Un éclair passa dans son esprit. Les chaussures semblaient familières. Cela semblait... personnel.
Ses pieds la guidèrent lentement. Plus elle s'avançait dans la forêt, plus l'obscurité semblait l'envahir, et pas seulement à l'extérieur. Elle ne pouvait pas le voir, mais ses yeux bleus s'assombrissaient au fur à mesure que la nuit tombait dans cette étrange forêt. Quand la pluie se mit à tomber, elle décida de ne pas marcher plus longtemps. Même si l'envie de savoir, cette envie pressante, insoutenable, presque comme une drogue, elle était si forte, presque impossible à contrôler. "C'est moi qui décide" pensa-t-elle. Elle regarda autour d'elle. Un vent fort se leva. Elle tomba à la renverse. La boue avait laissé place durant sa chute à une roche tranchante. Un gémissement s'échappa de ses lèvres. Ses yeux pleuraient, sans qu'elle ne puisse rien y faire. Les membres tremblotant, elle se releva et regarda l'horizon. Une lumière blanche apparu au loin. Sa première envie fut de courir vers la lumière, mais son instinct lui criait de ne rien faire, à part s'enfuir loin de la lumière. Elle se retourna vivement, mais l'obscurité semblait ouvrir grand la bouche pour l'attirer dans son ventre d'ombre. "C'est moi qui décide" se répéta-t-elle. Elle se souvint de la phrase prononcée par la voix dans sa tête. Le blanc ou le noir, le bien ou le mal. Elle leva les yeux vers les arbres immenses qui l'entouraient. Et elle choisit. Un choix bien spécial. Elle choisit de ne pas choisir. Elle grimpa dans l'arbre aussi vite que ses membres douloureux le permettaient. Ses pieds se posaient sur les branches comme si elle avait grimpé cet arbre toute sa vie. Son cœur accéléra un instant, avant de se figer à nouveau. L'obscurité avançait vers elle, tout comme la lumière. "C'est moi qui décide, je ne choisirai pas !". Elle se déplaça de façon à être pile au milieu entre l'ombre et la lumière. Les deux se rapprochaient lentement d'elle. Elle ferma les yeux. Puis elle les rouvrit. Elle avait choisi, et elle assumait. Elle tendit les mains vers l'extérieur et cria :

<< Qui que tu sois ! Tu ne me fais pas peur !

Le lumière et l'obscurité commencèrent à toucher ses mains. Elle hurla. Toutes ses cellules semblaient mourir, brûlée. Elle regarda sa main. Elle n'avait rien. Elle déglutit. "Je tiendrai, je vais tenir...

- JE TIENS ! >>

Plus les choix avançaient, plus elle souffrait. Mais elle ne voulait pas que sa souffrance soit vaine. Elle voulait être une personne. Ne pas être contrôlée.
Les douleurs se propagèrent jusque sur son visage, et quand celles-ci se touchèrent, le mal atteint un si grand pic qu'elle hurla. Mais même le mot hurler ne représentait pas vraiment ce qu'elle venait de produire avec la seule force de ses cordes vocales.
Puis tout s'arrêta, et sa tête cogna lourdement contre un sol dur et froid. Une onde douloureuse s'enfuit dans son crâne avant de disparaître. Elle gardait les yeux fermé. Elle ne voulait plus les ouvrir. La douleur qu'elle avait ressenti... c'était juste indescriptible. Elle n'aurait pas dû tenir. Seule sa conviction de redevenir quelqu'un l'avait tenue debout lors de l'affrontement du bien et du mal en elle. Mais son choix était le bon. Une "non-personne" aurait fait le choix entre la blancheur lumineuse à droite, et la noire obscurité à gauche. Elle était une personne. Elle avait le choix de ne pas faire de choix. Et au fond d'elle, elle sentait que c'était le meilleur choix.
Ses poils se hérissèrent. La température venait de tomber. Elle ouvrit les yeux malgré elle. Elle se trouvait dans une pièce spacieuse. Trop. Beaucoup trop. Le fond semblait si loin. Elle se leva. Elle regarda derrière elle. Il y avait une porte. L'air provenant de la porte sentait bon. On y entendait des oiseaux chanter gaiement.
Une autre porte apparut. De celle-là émanait une odeur forte, et on y entendait des corbeaux crier. "C'est moi qui décide." Elle se tourna vers le fond de la pièce. Elle commença à marcher. Plus elle avançait, plus le mur du fond semblait s'éloigner. Cependant, elle persista. Elle ne s'arrêta pas. Ses membres se remettait lentement du choc de la forêt. Elle toisa le mur du fond, à deux doigts de s'arrêter et de se retourner. Elle crispa ses mains. Elle se mit à courir plus vite que jamais. Ses pieds semblaient voler sur la surface blanche, comme guidés par une force qui n'était pas la sienne. Le mur du fond commençait lentement à se rapprocher. Elle poussa un cri de joie et continua de courir. Ses jambes étaient sur le point de s'écrouler, mais elle continua. Poussée par la même force qui l'avait soutenue durant la brûlure des choix précédent. Le mur n'était plus très loin. Son souffle se dérobait lentement, mais sa volonté était plus forte que toute les souffrance. Soudain, ses mains touchèrent le mur. Elle tremblotait, tellement l'effort avait été puissant. Elle posa sa tête sur le mur et souffla. De loin, les portes-choix semblaient toutes petites. Elle sourit. Ses doigts survolèrent les pierres murales. Ils rencontrèrent alors une imperfection. Minuscule, peut-être seulement quelques millimètres. Elle tira dessus, mais rien ne bougea. Alors elle prit son courage à deux mains, et appuya dessus de toutes ses forces. L'imperfection disparut, et le mur descendit, laissant place peu à peu à une lumière sombre ou une obscurité lumineuse, elle ne savait plus. Le mur s'arrêta à mi-hauteur. Après tout ce qu'elle avait vécu, elle pouvait escalader un pauvre mur. Seulement, la totale absence d'imperfection rendait l'ascension plus difficile. Elle retrouva l'endroit où elle avait repoussé l'imperfection. Elle tira de toute ses forces dessus. L'imperfection réapparut. Mais avec elle, le mur commença à remonter. Elle se précipita sur le mur. Le stress rendait ses mouvements peu fluides. Elle poussa un petit gémissement. Sa jambe droite passa en premier par dessus le mur. Elle dut se pencher pour empêcher sa tête de s'écraser violemment sur le haut de la pièce. Elle essaya de passer sa deuxième jambe, mais c'était impossible. Alors elle agit instinctivement. Elle se jeta par l'ouverture et tomba sur le sol terreux. En levant la tête, elle croisa deux grands yeux jaunes et luisants.
Sans le vouloir, elle hurla de peur.


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Alors, voici ma nouvelle histoire !!! Cela faisait près d'un mois que je réfléchissais à comment formuler les choses et puis je me suis lancé ce matin.
Je n'ai qu'une seule question :
Est-ce que le style que j'emploie pour le personnage met dans le style de l'histoire ?
Le fait de parler absolument tout le temps en elle est fait pour essayer de mettre le lecteur dans le côté "pas de personnalité" de l'héroïne. Au fur et à mesure des chapitres, elle va "s'apprendre" de plus en plus et ainsi, les pronoms ou groupes nominaux la décrivant seront de plus en plus variés.
Voilà, voilà, je vais essayer de publier régulièrement, du moins plus que durant ces vacances ! :)


My soul was whiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant