2- La grotte

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Cette aventure-ci ne se déroula que quelques jours plus tard.
Quelques jours plus tard et nous étions déjà à nouveau en danger... et de nouveau seuls.
Mais cette fois-ci, cela se déroula dans une grotte. Une grotte humide et sombre et "vivante".

C'était donc lors d'une jolie après-midi estivale, j'invitai à nouveau ma chère coéquipière. L'aventure précédente nous avait rapprocher davantage. Je l'aimais beaucoup : je la trouvai très jolie mais surtout très futée. Une vive intelligence brillait de mille feux dans ses yeux. Une intelligence présente à la fois pour tout et rien. Sa joliesse aussi m'avait interpellé : ses yeux multicolores étaient impensables, juste incroyables. Des yeux mélangeant beauté et intelligence, c'était dingue. Son joli visage me laissait parfois sans mot. Je ne savais quoi répondre de peur de paraître ne serait-ce qu'une seconde stupide à ses beaux yeux.

Nous étions donc ensemble et décidions donc d'aller visiter une grotte. Mais depuis le début, sans même un échange : nous savions ensemble que, à nouveau, nous allions vivre quelque chose d'inoubliable. Une aventure à la fois dangereuse et sécurisée : sécurisée par l'amour de l'un pour l'autre.

Nous arrivions à destination. Nous avions comme consignes de ne pas franchir un ruisseau qui se trouvait à quelques dizaines de mètres dans la grotte après son entrée ; ainsi que de revenir avant 17h.
Il était 15h quand nous rentrions enfin dans cette fameuse grotte.

L'air y était très lourd. Extrêmement lourd. Nous respirons difficilement si bien que nous faillîmes décider de rebrousser chemin. Mais cet amour du danger, du danger à traverser ensemble, nous poussâmes à continuer.
Nous avancions difficilement et observâmes les parois rocheuses de ce souterrain. De gros trous figuraient ça et là et nous nous interrogions : que font-ils là? Abritent-ils des animaux?

Nous arrivions ainsi au ruisseau. Et c'est à ce moment là que se croisèrent nos fameux regards. Nous pensions à la même chose. À cet acte de désobéissance totale, commise ensemble. À ce potentiel danger, cette potentielle aventure qui nous attendait de l'autre côté. Que nous pourrions vivre... ensemble.
Et c'est de cet élan solidaire et irresponsable que nous décidions de traverser le caniveau.

Il séparait la grotte en deux. Nous décrétâmes donc que nous le traverser pierre par pierre. Quel que soit l'état de nos vêtements : cette péripétie devait avoir lieu.

Nous nous y lançâmes, l'un près de l'autre prêt à intervenir en cas de problème.

Soudain, je trébuchai sur une pierre que l'obscurité avait camouflée et tombai brusquement dans l'eau. Mon équipière poussa un cri et m'attrapa brutalement le bras. Mais le courant était puissant. J'essayais comme possible de trouver une pierre sur laquelle prendre appui.
Par chance, une se trouva sous mon autre bras. Je poussai de toutes mes forces pour pouvoir au minimum échapper à la force du courant. Avec la volonté et l'énergie qu'elle mis, nous réussîmes à me dégager. Mon genoux saignait. Je vis une terrible et profonde inquiétude dans son regard : elle avait peur pour moi. J'étais à nouveau partagé entre bonheur et douleur. Je la rassurai.
Nous décidâmes de passer de roches en roches. Ce fut là est des plus beaux moments : sans un mot, une parole, elle s'avança vers moi, me fixa droit dans les yeux et me prit la main. Puis elle avança.

Ma jouissance était si importante que j'en oubliai ma blessure ce qui rendu, par ailleurs, le passage assez simple.

A l'arrivée, nous nous regardâmes puis, d'une voix calme, douce comme perdue, je la remerciai.

Elle passa mon bras par-dessus son cou et nous continuâmes notre chemin en direction de l'inconnu. J'étais partagé entre deux émotions extrêmement opposées. Pour moi, cet instant ne finissait pas, les secondes semblaient être des minutes, les minutes des heures. L'ambiance macabre et obscure de la grotte ne m'atteignait même plus. Je ne ressentais même plus un grain de douleur. Le bonheur m'avait emporté dans un monde autre que celui-ci, un monde lumineux de joie dans lequel je ne voyais qu'une seule personne, un seul visage : le sien.

Soudain, un cri de détresse interrompt ce parfait bien-être. Elle écarte vivement son bras, et deux filet de sang coulent sur ce dernier : elle a été mordue ! Elle se tient promptement le bras et gémit en appuyant sur sa blessure. J'étais abasourdi. Sans hésitation, je cherche quelque chose à mettre dessus pour arrêter l'hémorragie. Je n'avais rien de propre, alors, je pris ma veste. J'essayais de la calmer, de la rassurer. Elle était dans un tel état de stress qu'elle s'était allongée et recroquevillée. Je m'approchais d'elle et lui touchait l'épaule. Je la consolai avec quelques phrases et aussitôt, sans même prendre en compte sa réponse, je la retournai, pris son bras et, enroulai ma veste autour. Je serrai brutalement et fis un noeud.
J'éprouvais une peur indicible pour elle. Je me sentais mal d'un seul coup : qu'est-ce que c'était ? Pourquoi n'ai-je pas fait quelque chose ?
Un immense sentiment de culpabilité prit possession de moi : si je n'avais pas tant rêvé, j'aurai pu la sauver.
Je la regardai et essayait à nouveau de la rassurer. Rien ne se passa. Je décidai donc une chose dont la crainte a toujours été si immense que jamais je n'aurai osé auparavant : je l'enlaçai. Ce fut un moment étrange mais pourtant merveilleux.
Nous étions là, deux jeunes personnes, une fille et un garçon, l'un avec le genou légèrement incisé et l'autre avec deux petits trous dans le bras ; nous étions là, assis et couchés, semblant déprimés et souffrants, perdus, dans ces catacombes obscures et effrayantes : telle était notre image extérieure.
Mais elle est étrangement totalement opposée à nos réels sentiments. Nous étions heureux, épanouis et jubilants. Nous explosions chacun intérieurement de joie, d'euphorie et d'extase. Nous étions l'un dans les bras de l'autre, pour la toute première fois, et aucune douleur ni peine ne pouvait détruire ce puissant plaisir.
Cela paraissait durer des heures voire des jours. Une telle béatitude accompagnée d'un tel soulagement physique ne pouvait durer que longtemps.

Soudain, plusieurs cris perçants neutralisèrent cet instant. Des chauves-souris !! C'était elles !!
Je levai subitement ma partenaire et passait à mon tour son bras autour de mon cou. Je sautillai aussi vite que me le permettait mon genou blessé, courait et sautait quand je le devais malgré les vives douleurs : je n'accepterai jamais quelconques nouvelles blessures de ma faute. Par chance, je reconnu une faible lumière au loin, m'avançai et retrouvai le ruisseau. Nous le traversâmes difficilement puis, continuâmes notre parcours, ne pensant qu'à l'état de l'autre.
Je vis la sortie : nous étions sauvés !!!
D'un dernier sprint déchirant, nous pûmes sortir de cette fameuse grotte si sombre et dangereuse.

Essoufflés, nous nous arrêtâmes brusquement sur le flanc d'une roche. Nous étions plus qu'époumonés.
Seuls quelques secondes passèrent avant que mon immense crainte ne refit surface : sa morsure !? Allait-elle bien?
J'y accouru et constatai avec horreur un effroyable événement : la veste s'était enlevée, le sang avait trop coulé et la voilà évanouie !!
Une gigantesque panique s'empara de moi. Je ne savais plus que ou quoi faire. J'étais là, tétanisé, épouvanté, comme paralysé. Paralysé par la peur de l'amour. Mais vite, l'amour surpassa la peur. Je ne devais et ne pouvais pas l'abandonner. Alors, d'une volonté poussée par la peur, je fis tout ce que je pouvais faire, tout.
Je retirai mon teeshirt, l'enroulai autour de la plaie, puis serrai de toutes mes forces.
Puis, je fis en sorte de l'installer confortablement dans l'herbe sans que le sang coule.

Je n'étais pourtant pas plus rassuré. Tout mon être tremblait à toutes sortes d'idées qui me traversaient l'esprit ; toutes aussi horribles les unes que les autres : était-elle morte ou évanouie ? Elle est peut-être dans le coma ? Que pouvait-elle penser de moi ? De ma lâcheté ?

C'est alors que le plus grand changement d'humeur de ma vie eût lieu : ma protégée se réveilla !

Elle était comme sonnée, perdue. Elle tourna la tête et m'aperçut. Elle sourit. Elle avait compris. Elle avait tout compris. Tout ce qu'il s'était passé, tout ce que j'avais fait, tout ce que je voulais.
Puis, sans un mot, juste un puissant regard affectif, elle fonça sur moi et me dis un gros bisous sur la joue avant de ma prendre dans ses bras.

Nous étions à nouveau sains et saufs. Heureux et pleinement rassurés l'un pour l'autre. Cette fois c'était sûr : nous nous aimions.

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⏰ Last updated: Aug 27, 2016 ⏰

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Recueil de courtes histoires : Nos aventures, notre passionWhere stories live. Discover now