Il faisait beau, le ciel était bleu, les arbres aux branches verdoyantes dansaient au rythme du vent, un fin manteau de neige recouvrait encore les hauteurs des collines et des dunes, laissant percer quelques petites pouces regorgeant de vie. Une brise fraîche slalomait au milieu de la forêt, faisant valser les brins d'herbe et chanter les moineaux et tandis que les belettes commençaient à manger, les hiboux entamaient leur sommeil dans le creux d'un arbre.
Dans un recoin de la forêt, une louve blanche commençait sa chasse, scrutant le moindre mouvement de ses yeux d'un bleu perçant, cherchant le moindre bruit, reniflant toutes les odeurs sources de pistes. Elle était un peu trop maigre mais imposait le respect, tout ses mouvement semblaient gracieux, ses pattes frôlant le sol, sa tête se redressant pour écouter un son lointain, puis baissant le museau au plus près de la terre pour trouver une odeur et enfin cette façon de s'élancer en courant dans un slalom entre les arbres. Elle courait mais ne semblait pas se fatiguer, les yeux figés sur sa proie, déterminé à aller jusqu'au bout, elle foulait la terre humide de ses pattes agiles, les oreilles dressées, la tête au vent. Elle semblait ne plus se soucier de rien, prenant du plaisir à courir, à vivre à toute allure, regardant le paysage défiler sans jamais vraiment changer et tout en observant le ciel bleuté, elle accéléra, bandant tout les muscles de son corps, sollicitant chacun de ses os pour courir plus vite encore. Puis c'est presque avec regret qu'elle commença à ralentir pour se jeter sur un lièvre apeuré, les babines retroussés pour dévoiler une rangée de dents acérées. Elle le serra au cou, le laissant pour mort puis commença à déchirer l'épaisse peau de l'animal d'un coup de griffe. Son cœur battait fort dans sa poitrine, elle haletait, fatiguée mais heureuse et commença à dévorer le mammifère des ses crocs. Une goutte de sang coula le long de son torse et vint tacher son pelage d'un rouge vif, allongée dans l'herbe, le museau enfoui dans la carcasse, elle mangeait sans se soucier de rien, vivant comme n'importe quel autre loup. Parfois elle regardait autours d'elle, entendant un bruit, puis replongeais la truffe dans son repas, avalant goulûment chaque morceau de viande, léchant chaque os à la recherche de sang. Elle était seule, sans meute, peut être exclue de son clan pour une faute grave, ça, personne ne le saura jamais, mais en cet instant ce qui était sûr c'est que c'était un vrai loup, une vrai battante.
Au bout de quelques minutes elle entendit le bruit sourd d'un moteur qui se rapprochait. Elle se leva d'un bond puis tandis l'oreille, regardant de tout les cotés, apeurée, elle lâcha son repas et laissa échapper un grognement de peur. Aussitôt, le bruit de moteur se fit plus fort et un énorme 4x4 sorti d'entre les arbres. La louve, prise de panique, se mis à courir de plus belle, elle sauta au dessus d'un énorme tronc et couru dans une direction inconnue. L'énorme engin la suivait, écrasant tout sur son passage, massacrant la magnifique forêt. La louve foulait le sol le plus rapidement possible, tentant de coordonner ses membres, essayant de ne pas tomber, elle avait peur. Les arbres qu'elle avait si gracieusement évités précédemment devenaient des barrières dans lesquelles elle fonçait, terrifiée par l'horrible véhicule qui la suivait. Au bout de quelques secondes, le 4x4 la rattrapa et vint se poser à sa hauteur, la louve vit un homme baisser la vitre et pointer un fusil vers elle, le sourire aux lèvres. Le doigt de l'homme appuya sur la détente et une balle de gros calibre vint se ficher dans l'épaule de l'animal qui lâcha un hurlement de douleur. Elle rassembla alors toutes ses forces dans un sprint désespéré, regardant avec peur l'homme qui l'avait blessé remonter la vitre dans un rire monstrueux. Cent mètres plus loin, sous l'emprise de la douleur, la louve blanche ralentit et tenta de se cacher dans les buissons. Elle lécha sa blessure, espérant la soulager mais accentua encore plus la douleur, tachant encore plus son pelage. Elle haletait de fatigue, de peur et de mal, ses yeux brillaient, elle posa sa tête au sol, épuisé et souffrante et ne trouva pas la force de se relever. Alors son souffle devint de moins en moins rapide et son cœur ralentit la cadence, elle ne pouvait plus bouger, et dans un un dernier souffle elle hurla, tel un vrai loup avant que ses yeux ne finissent par s'éteindre.
Ils avaient entendus le hurlement, il avaient compris, et dans le fond de leur tanière, les deux petits louveteaux blanc se blottirent l'un contre l'autre, n'attendant plus le retour de leur mère...
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Un peu trop sauvage
Historia Corta°Le destin est un dé qui trace notre destinée au fur et à mesure des lancés°