- Minou, minou... Tout doux,tout chou... Petit minou...
Recroquevillée dans le coin du mur, je balance mon corps d'avant en arrière pour me bercer. Les larmes aux yeux, je regarde Noxa ouvrir le ventre d'un chat empaillé, selon moi.
- Aoi... Toute douce, toute chou... Petit minou... T'en fais pas. Bientôt, tu ressembleras à cette peluche. Tu deviendras belle! Tu n'as pas sommeil?
- Je n'ai pas envie de dormir à côté d'une folle!!
J'insiste sur le mot "folle" et aussitôt elle éclate de rire. Ses yeux expriment à présent la folie pure et simple.
- Mais enfin... Tu n'as pas encore compris? Tu es comme moi...
Mes yeux s'agrandissent par la terreur et je les recouvre avec mes mains. Je pleure. Encore et encore. Pendant une bonne demi-heure. Après que la folle soit endormie, je sors discrètement de la chambre. Je me balade dans les couloirs pour me calmer. À cause du froid, je suis obligée de frotter mes mains sur mes bras pour me réchauffer.
Mais ils ne connaissent pas le chauffage ici ou comment ça se passe?
Tremblante, mes pas se font hésitants. C'est à peine si je suis capable de mettre un pied devant l'autre.
C'est impossible... Mais comment j'ai fait pour en arriver là?
Coincée dans ma réflexion, je percute un jeune garçon agenouillé. Du sang coule de son poignet et il s'en sert pour couvrir le mur de mots tous aussi terrifiants les uns que les autres: terreur, mort, esprit, fantôme, créature, mourir, repos éternel, souffrance, torture, tête... Et j'en passe. Ou encore quelque phrases ou quelques débuts de phrases: "J'ai peur", "Je souffre", "Elle est dans...". Je place ma main devant ma bouche pour réprimer mon envie de gerber. Je commence à regretter de ne pas être restée tranquillement dans ma chambre. Je repense à mes parents.
Les ai-je réellement tués? Suis-je la coupable? Est-ce pour cela qu'on m'a enfermée dans cette maison pour fous? Pour quelles raisons aurais-je commis ce crime? Pourquoi je n'ai aucune réponse à mes questions qui sont pourtant essentielles à mes yeux? Et pour finir, suis-je en train de perdre la tête?
Me tenant le crâne avec mes deux mains, je me colle contre la paroi froide. En même temps, qu'est-ce qui n'est pas froid ici? L'accueil et les gens le sont. Assise et calée contre le mur, je suis au calme pour réfléchir. J'inspire et ensuite j'expire. J'essaie de me calmer même si je sais que c'est perdu d'avance. Un froid glacial m'envahit. C'est peut-être incompréhensible mais je préfère mourir de froid que de folie. Je prie même pour que ça m'arrive. Je pense à mon enfance. C'est fou de penser à des choses inutiles. Personne ne peut remonter dans le passé et réparer ses erreurs. Hélas, je fais partie de cette catégorie de personnes. Je voudrais m'endormir pour l'éternité mais je n'y arrive pas. Fermer les yeux, c'est devenu une chose trop compliquée pour moi ces derniers temps. L'espace d'un instant, tu rêves de quelque chose d'heureux et irréel pour ensuite te réveiller pour faire face à la réalité. J'expire et quelques nuages blancs sortent de ma bouche. Deux solutions s'offrent à moi. Soit vivre pour mes parents tombés au combat par ma faute ou bien aller les rejoindre. Personnellement, le deuxième choix me plaît. Mais si j'y réfléchis un peu plus, je n'ai aucun souvenir concernant leurs morts et encore moins celui de les avoir exterminés.
Alors que ça, c'est une chose qu'on oublie pas facilement. L'espoir renaît en moi. Et si, finalement, je n'étais pas la coupable? Et si, je n'avais pas été amenée dans cet asile pour ça? J'ai beau me creuser la cervelle, je ne vois pas pour quelle autre raison. Mais ce que je sais, c'est que je ne suis pas folle. Enfin pas encore...
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Paranormal psycho
ParanormalDans cet établissement, on l'appelle Aoi. Elle va apprendre qu'elle a commis un meurtre et pas n'importe lequel, celui de ses parents. Pourtant, elle n'en a pas le moindre souvenir. Certaines personnes ont jugés bon de l'enfermer dans cet asile dont...