Chapitre 1. Appel à l'aide.

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Kyle.

J'étais accoudé sur le balcon de mon appartement de Malibu. Face au Pacifique, cigarette à la main. Je m'étais mis au surf et en même temps à la clope. Pas très malin, pas très logique. Mais ça m'occupait les doigts et la fumée me distrayait de mes pensées, toujours agitées quand je ne bossais pas au Flip, le restaurant-bar-discothèque où j'étais agent de sécurité.

J'avais démissionné du FBI quelques mois plus tôt, après l'affaire impliquant un gamin de vingt ans que j'avais appris à apprécier, bien qu'il soit issu du gang new-yorkais que j'avais infiltré. Tristan Cruz avait des qualités. Alors qu'il avait été piégé par un rival, je l'avais aidé à quitter son quartier pour LA. Mais il y avait une taupe dans nos services, et elle avait aidé Santiago, le chef du gang, à retrouver Tristan. Santiago était mort mais avant de se barrer, la taupe avait blessé l'amant de Tris. L'un de ses amants. Tris couchait avec deux mecs. C'était leur truc, je respectais ça. Mais cette affaire avait eu des conséquences sur leur relation. Heureusement, ils avaient dépassé cette difficulté. Mais il demeurait des fragilités, et j'avais failli y laisser ma peau, démasqué par le traître, battu et séquestré par Los Lobos.

J'étais écœuré. Par ceux qui avaient soutenu la taupe et qu'on ne trouverait jamais. Par leur argent, récolté auprès des gangs et de la mafia, et mis sur des comptes off-shore. Le Bureau avait ébranlé ma confiance au moment où j'avais remis ma vie, celle de Tristan et celle de Sky, ma sœur et ma seule famille, entre ses mains.

Sky avait été heureuse de ma décision. Je savais que j'avais fait le bon choix. L'infiltration impliquait une confiance aveugle envers les collègues et les supérieurs dirigeant l'opération, et elle n'existait plus. Je ne pouvais plus travailler sous couverture. Rester assis derrière un bureau ne me convenait pas plus. Alors j'étais parti. Agent de sécurité, ça m'allait. J'étudiais les profils. Je surveillais. Il y avait de mon ancienne profession dans la nouvelle.

On frappa, et je sortis de mes pensées. J'écrasai ma cigarette dans la boîte métallique vintage qui me servait de cendrier. J'allai ouvrir. C'était un inconnu, un mec d'une vingtaine d'années. Il n'était pas très grand, il avait un corps finement musclé, sous son t-shirt bordeaux élimé et son jean slim gris. Des cheveux noirs, longs et brillants, sortaient d'un bonnet comme en portent souvent les jeunes. Ses pommettes sculptées étaient typiques des amérindiens, comme ses yeux noirs en amande et ses beaux traits harmonieux. Et il avait en plus quelque chose de triste et dur dans le regard, de sauvage et de déterminé, qui faisait qu'on ne pouvait pas oublier facilement ce jeune homme. Il ne représentait aucun danger immédiat, même si la lueur dans son regard pouvait le transformer en problème.

- Kyle Emerson ? lança-t-il.

Je ne répondis pas. Il ne se démonta pas face à mon mutisme et à la façon dont je le jaugeais. Il me sembla que sa détermination n'en devenait que plus intense.

- Je suis Heath Drakefort, se présenta-t-il. J'ai besoin de votre aide. Il paraît que vous étiez un agent spécialisé dans l'infiltration ? Un as ? ajouta-t-il, comme s'il me mettait au défi de le lui prouver.

- Entrez, fis-je, car les voisins n'avaient pas besoin d'en entendre davantage sur mon passé.

Heath.

L'ex-agent du FBI était un mec plutôt pas mal, aux yeux gris, dans la petite trentaine. Il était plutôt grand, musclé mais sans excès, et son corps, quand il s'écarta pour me laisser passer, montra une souplesse féline due à des années d'entraînement. Il m'examinait. Son regard froid me permettait de deviner l'agent qu'il avait été, pro et réfléchi.

Il referma la porte. Je m'avançai dans le studio, dont la baie vitrée était grande ouverte. Je savais qu'il continuait d'évaluer le degré de menace que je représentais. Ou d'emmerdements.

Emory, roman édité, trois chapitres disponiblesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant