Eyes of ice (OS)

Les vacances de fêtes de fin d'année étaient enfin terminées. J'allais avoir un an de répit avant que cela recommence. Non je n'aime pas les repas de famille et encore moins Noël. Pourquoi se faire des cadeaux une journée dans l'année ? Je trouve cela plus qu'hypocrite. Quand on aime ses proches, ses amis, on les couvre de bonheur au quotidien. Je ne comprendrais décidément jamais toutes ces fêtes et coutumes bien trop commerciales à mon goût. Je ne me considère ni comme un mouton, ni comme un marginal.

Assez pensé, j'avais de nouveau cours aujourd'hui. La neige avait fait son apparition cette nuit là. Un épais manteau blanc recouvrait les trottoirs, les toits des bâtiments et toutes autres choses qui n'avaient pas été en mouvement à cette heure-ci de la matinée. Je baillais à en faire trembler les murs, je m'étais encore réveillé vingt bonnes minutes avant le réveil. Cette chose qui couine dans vos oreilles jusqu'à ce que votre patience ait été assez mise à rude épreuve.

Je me levais en prenant soin de faire craquer toute ma colonne vertébrale dans un soupir d'aise. La couette volait au pied de mon lit, rejoignant un tas de linge qui trainait ici depuis un moment. La flemme et moi c'était une grande histoire d'amour, et la maniaquerie n'avait pas sa place dans ma chambre. Je me dirigeais vers la salle de bain, avec l'avance que j'avais je pouvais profiter un peu plus de l'eau chaude qui ne tardait pas à embuer la fenêtre et le miroir de la salle d'eau.

De loin je voyais mon reflet dans la glace qui trônait au dessus du lavabo. Comme beaucoup d'ados je n'aimais pas forcément mon corps. Il était pourtant ni maigre, ni enrobé, légèrement sculpté. Je ne saurais dire ce qui me gêne. Ça ne s'explique pas, c'est encré dans ma tête. Mes cheveux frôlant le noir tombaient presque en dessous de mes joues tout ça dans une coupe totalement improvisée. Je veux dire par là qu'ils tenaient tous seuls en bataille par chance. Mes yeux verts étaient sûrement la seule chose que j'appréciais chez moi. Quelques tâches marron se mariaient au vert presque émeraude de mes iris. Je finissais par grimacer avant d'offrir mon dos au miroir.

Moins d'une heure plus tard j'étais enfin prêt. Un bonnet beige, une large écharpe assortie et j'étais dehors. Le froid me tétanisait à peine la porte fermée derrière moi. J'ouvrais difficilement les yeux lorsqu'une bourrasque de vent me fouettait le visage. Je me protégeais à l'aide de mon avant-bras et me dirigeais directement à l'arrêt de bus. Je n'y pensais même plus mais, est-ce que les transports sont maintenus ? Il n'y avait pas grande monde dans l'abribus, signifiant bien que les bus passaient.

Je soupirais de soulagement et m'adossais au mur derrière l'abri. Je fouillais dans la poche de ma veste et en sortait mon paquet de cigarettes. J'allumais rapidement une clope et tirais dessus. La chaleur du tabac mêlée au froid de l'air me chatouillait la gorge. Une autre personne avait eut la même "idée". Cette personne en question venait d'écraser son mégot à l'aide de sa chaussure. Mes yeux remontaient le long de ses jambes jusqu'à atteindre son profil. Ses pieds m'avaient amené à un visage sans expression, plutôt pâle, entouré de cheveux bruns semblables aux miens qui virevoltaient à la force de la brise.

Je ne l'avais jamais vu avant. Je suis quelqu'un de très physionomiste et repérais de loin les habitués de cet arrêt de bus. Bon il fallait dire que cela m'occupait le temps d'attendre l'autocar. Il ne devait pas être beaucoup plus âgé que moi, la vingtaine maximum. Il fixait un point que je n'arrivais pas à retrouver au loin, il n'y avait rien de bien intéressant en face. Mes yeux descendaient de nouveau le long de son corps. Il enfonçait ses mains rougies par le froid dans les poches de son pantalon gris. C'était presque à croire qu'il ne clignerait jamais des yeux. Je n'osais pas bouger pour laisser ma curiosité le dévisager afin de voir entièrement son visage. Je lui devinais des sourcils lui donnant un air plutôt renfrogné, épais, et une bouche aux lèvres charnues. Je fis mine un instant de regarder ailleurs. Après tout je dévisageais ce mec depuis un moment et cela risquait d'être plutôt voyant.