Prologue

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C'était par une nuit d'orage. La fille avait peur, seule dans son lit. L'homme était encore là. Il lui faisait peur, très peur même. Elle entendait l'homme marcher dans la chambre à côté. Le parquet grinçait sous ses pas. Elle ne savait pas ce qu'il faisait et ne voulait pas le savoir. Tout ce qu'elle voulait c'était qu'il parte, une bonne fois pour toute. Il ne parlait pas. Elle ne l'avait jamais entendu.

Soudain un éclair luisa. Le coup de tonnerre l'accompagnant était si fort, si proche, qu'elle sursauta. Elle décida de marcher un peu autour de la chambre. C'était la seule chose qu'il ne fallait pas faire. Le parquet grinçait sous ses pas. Elle entendit d'autres grincements venant de la chambre de l'homme ; il arrivait, elle en était sûre, attiré par le bruit. Elle retourna sur son lit et se cacha sous les couvertures. Elle entendit alors la porte s'ouvrir brusquement puis claquer. Elle regarda à travers un trou dans sa couverture. L'homme était devant la porte. Il regardait le lit fixement. Elle se souvint qu'elle avait prévu quelque chose dans ce cas-là. Elle jeta ses couvertures, se leva et avança vers l'homme. Elle tendit la main vers sa poche. L'autre l'ignora. Elle sentit la masse froide de l'acier entre ses doigts. Elle s'approcha encore de l'homme le plus près possible sans le toucher. L'homme commença à ouvrir la bouche. Elle prit l'arme, sortit la main de sa poche puis frappa l'autre en plein torse. Il cria. Elle retira le poignard du corps de l'homme. Le sang gicla. L'homme cria de plus belle. Puis il eut un spasme et s'effondra. La fille regarda le corps effondré de l'homme, son visage déformé de terreur, les yeux grands ouverts. Elle ne ressentait rien, après l'avoir tué. Elle était étrangement calme, en paix. Elle regarda une dernière fois le visage froidement puis partit en courant. L'homme qui l'avait tenue enfermée durant toutes ces années était mort.

Quelques années plus tard

Tout le monde était assis autour de la table ; la plupart des hommes avaient l'air soucieux. Le sujet principal, depuis des années, était la jeune fille. Elle s'était évadée il y a deux ans déjà, en ne laissant rien derrière elle, à part le corps sans vie de son geôlier. Depuis on ne savait pas ce qu'elle était devenue. Déjà à l'époque elle n'avait pas l'impression de voir l'importance qu'elle représentait pour la société. Ils avaient été obligés lors de sa troisième évasion, lorsqu'elle avait seulement 9 ans, d'utiliser les grands moyens. Mais cela n'avait apparemment pas suffit pour la dissuader d'une autre tentative : voilà que cinq plus tard elle avait sa première mort sur les bras, à 14 ans. Depuis sa fuite on relevait des morts semblables un peu partout dans les communautés. L'arme était toujours la même, la même que celle utilisée pour tuer l'homme. Et les victimes appartenaient toutes à des associations voulant la fille. Cela prouvait qu'elle savait se défendre et le montrait. Pendant que cette pensée passait dans toutes les têtes le chancelier prit la parole. Il raconta une énième fois l'histoire de la fille et appuya sur son importance capitale pour le monde. La survie de tous les êtres vivants tenaient sur ses épaules, spécifia-t-il. Elle avait le savoir, elle était bien trop importante pour qu'on la laissa s'échapper. Bien sûr on ne lui avait pas exactement dit cela. Sinon elle aurait joué avec ce pouvoir. Mais on pensait qu'elle aurait compris.

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