La fuite

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Elle courut jusqu'au lavabo. Là elle l'ouvrit et s'aspergea le visage. Puis elle se lava les mains et le couteau, pleins de sang. Elle essuya le tout et repartit vers la chambre. Elle prit son sac et fourra toutes ses affaires dedans. Puis, sans un regard pour le corps étendu devant la porte, elle s'enfuit. Comme elle le pensait la clé était sur la porte. Les autres étaient assez débiles de penser qu'elle ne réessaierait pas de sortir ! C'était la sous-estimer. Elle avait joué pendant de longues années la fillette un peu bête qui ne savaient rien faire et que faire. Mais pendant les cinq dernières années où elle n'avait plus rien tenté elle avait eu le temps de réfléchir ! Elle avait pensé mille fois au déroulement de sa fuite et chaque fois était différente. Mais tout s'était passé parfaitement bien, même si ce n'était pas prévu pour ce jour-là. L'éclair avait accéléré le déroulement. Ils la prenaient pour une fille simple ? Et bien ils allaient être servis. Une rage subite s'empara d'elle. Elle était en rage contre ces personnes qui l'avaient tenue enfermée sans rien lui expliquer. Ils lui avaient parlé de protection, d'importance par rapport à sa personne mais tous ces beaux discours lui étaient sortis de la tête à la fin de chacun de leurs entretiens. Elle n'avait jamais compris le sens de leurs paroles. Mais elle n'aurait plus jamais à les écouter calmement parler en simulant une compréhension. Elle était désormais libre. Elle sortit de la villa sans bruit. Il faisait nuit et il pleuvait encore. Elle s'abrita sous sa veste puis courut. La villa était séparée de la ville par une forêt. Ou du moins c'est ce qu'elle avait retenu des discussions qu'elle avait épiées entre les adultes. Elle pourrait donc se réfugier dans la forêt le jour pour n'être pas repérée. Elle vivrait de nuit.

La forêt était sombre, d'un sombre assez effrayant. Il n'y avait aucun bruit animalier. Seules les gouttes tombant sur les feuilles et les coups de tonnerre venaient troubler ce silence. Les éclairs qui rayaient le ciel éclairaient parfois les arbres et lui permettaient de se repérer. Elle chercha un arbre creux ou un endroit où elle pourrait s'abriter. Elle se décida pour un amas de branche sous lequel un petit espace était créé. Il y avait suffisamment de place pour qu'elle s'y cache. Elle s'assura que les feuilles posées sur les branches rendraient l'abri imperméable, puis le test s'avérant positif elle déposa son sac près d'un caillou et s'empara de son couteau. Elle mit sa veste et partit du côté de la villa. Les lumières étaient éteintes. Sauf celle de la chambre de l'homme. Mais elle ne se souvenait pas avoir jamais vu cette lumière éteinte. Tout paraissait normal. Aucune ombre ne rôdait. Elle fit le tour de la maison. Elle s'aperçut qu'aucune caméra n'était visible. Elle regarda partout. Nulle trace d'une surveillance autre que celle de l'homme. Elle n'en croyait pas ses yeux. Les autres lui avait toujours spécifié qu'elle était surveillée en permanence. Elle avait pensé aux caméras de surveillance, bien sûr, mais elle n'aurait jamais pensé qu'ils lui auraient mentit. Sauf si il n'y en avait que à l'intérieur, ce qui était possible. Mais ça la gênait quand même. Elle se sentait observée, épiée. Elle décida de retourner à sa cachette. Un doute lui vint alors à la tête. Quelqu'un aurait pu s'aventurer vers son abri et le trouver bien aussi, y trouver son sac et l'attribuer comme sien. Elle s'affola et courut chercher son sac. Lorsqu'elle arriva personne n'était là. Elle décida néanmoins de changer la nuit suivante d'endroit ; celui-là était trop visible. Elle regarda à travers le feuillage pour déterminer l'heure. Le soleil allait bientôt se lever, elle allait pouvoir se reposer. En attendant le jour elle aménagea plus confortablement sa nouvelle chambre. La pluie avait cessé, de la boue entourait le tas de feuille. Grâce à une branche elle creusa tout autour de ce tas pour que la boue ne s'infiltre pas entre les branches. Des rayons de soleil commençaient à filtrer à travers le feuillage, les oiseaux se réveillaient. Elle s'allongea sur la terre et s'endormit.

Elle entendit un bruit. Elle se leva et regarda à travers les fentes. Ce qu'elle vit la terrifia : son geôlier était là, debout, un sourire se dessinait sur ses lèvres. Du sang coulait de son torse mais il ne semblait pas s'en soucier. Il avait les yeux grands ouverts et dans sa main se trouvait un couteau. Il regardait fixement la hutte, comme s'il savait qu'elle était à l'intérieur. La fille eut peur. L'homme se tenait immobile, à regarder. Elle se décida à sortir. Elle prit son poignard dans la main gauche et sortit doucement. Puis, voyant que l'homme ne bougeait pas, elle avança vers lui, le bras tendu devant elle. Elle se mit en position de défense. Elle remarqua alors que ses yeux ne la regardaient pas, qu'ils fixaient la hutte. Ils avaient un air étrange, horrible, vide. Pourquoi était-il là ? Elle l'avait pourtant bien tué ! Elle eut un sentiment de panique ; elle s'enfuit vers le plus profond de la forêt en hurlant.

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