Chapitre 1

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Ce n'est seulement qu'après près de deux jours que notre mysterieuse découverte se décida enfin à ouvrir les yeux. Obnubilé par ses traits, j'avais au départ voulu convaincre le directeur Mr Crann de me laisser veiller sur elle jusqu'à son réveil, mais ce dernier avait décemment refusé. Néanmoins nous avions décidé d'un commun accord que venu l'heure de son réveil j'en serais le premier informé et ce quelque soit l'heure de la journée étant donné que sans moi jamais elle n'aurais atterrit ici. De ce fait, je pus éviter de justesse une interrogation orale de notre professeur d'histoire.

A l'appel de la secrétaire de notre principal, je m'étais précipité dans les couloirs en direction de l'infirmerie sous les regards amusés de mes comparses. Lorsque j'entrais en poussant les portes dans un fracas impressionnant notre nouvelle pensionnaire s'était roulée au bout de lit, se plaquant contre le mur comme si sa vie en dépendait. Elle épiait les moindres recoins dont disposais l'infirmerie sous sa tumultueuse tignasse brune. Une poche remplie d'une sorte de liquide transparent était relié à son bras, sûrement une sorte de substitut alimentaire qui lui avait fait reprendre des couleurs ou du moins devrais-je dire lui donnais un hâle moins cadavérique. La jolie brune s'empressa d'arracher l'aiguille planté dans son bras qui servait à la relier à la poche transparente et si elle en avait encore été capable je suis presque certain qu'elle aurait tenté de nous sauter à la gorge.

Sauvage cette petite.

Après avoir pu l'observer à travers les vitres de son bloc, j'avais encore plus hâte de pouvoir la rencontrer, de pouvoir enfin lui parler et découvrir le son de sa voix que je devinais mélodieux. D'accord, je l'idéalisais sûrement, mais notre rencontre pour le peu atypique n'y arrangeai rien et je n'avais pas souvent l'occasion de pouvoir côtoyer un coeur en activité. Je jetais un dernier coup d'œil à mon reflet à travers la vitre, écoutant à demi les conseils de l'infirmier et du directeur.

- Nous ne connaissons pas encore son état mental alors soyez prudents... Elle semble avoir perdu la mémoire et sans doute l'usage de la parole. Elle n'a pas l'air agressive... Enfin... Peu... Restez sur vos gardes.

- Vous savez d'où elle vient ? Demandais-je évasif.

- Non, pas la moindre idée, mais nous allons lancer des recherches. En attendant, elle sera sans doute mieux ici qu'ailleurs vous savez comme moi ce qui pourrait lui arriver dans un tel état en dehors de ces murs...

- Et pour... vous savez..?

- Eh bien... Elle n'est pas comme... Nous. Cependant, elle n'a rien d'humaine non plus. C'est pourquoi sa protection me semble d'autant plus importante. Je ne sais pas ce qu'il a pu arriver à cette petite, mais je pense que nous ne sommes qu'au début de nos surprises.

Alors que je m'apprêtais à franchir le pas de la porte, le directeur revint avec dans ses bras le chaperon rouge de notre mystérieuse protégée. L'étoffe était plus lourde que je ne le pensais une fois qu'il fut déposé dans les paumes de mes mains.

- Remettez-lui, je suis presque certaine que cela lui... Enfin... Saura la réconforter.

Dans un soupir pour me donner du courage, je poussais la porte en verre qui me séparait de l'autre partie de la salle. A mon approche, elle se plaqua plus vivement encore contre le mur. J'esquissais un pas dans sa direction lorsque presque instinctivement elle montra les crocs, m'arrachant un sourire sincère. Manque de chance pour elle, il se trouve que j'étais doté des mêmes crocs qu'elle.

Je me rapprochais à pas lents du lit, affichant l'air le plus doux dont je pouvais disposer tandis qu'elle grognait de plus belle. Elle me fixait de ses yeux rouges. Un rouge profond, presque brun qui chez elle faisait froid dans le dos. Ses pupilles s'assortissaient parfaitement avec ses lèvres carmin, en décalage total avec la clarté de sa peau.

Sous la neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant