Le Septième Royaume.

Préambule, 1ère partie.

Une ambiance joyeuse et festive régnait dans la Taverne du village. En effet, c'est ici qu'avaient décidé de répéter les deux Bouffons du Roi et la Barde, afin de créer un ensemble tout à fait harmonieux pouvant animer les combats de joutes qui auraient lieu quelques jours plus tard entre les différents royaumes.

C'est ainsi que le premier bouffon, Auguste, se retrouvait à jongler sur un pied en équilibre sur un ballon, tandis que Maxence, son éternel acolyte, s'évertuait à lui lancer les objets qui lui passaient sous la main, dans le but de le faire tomber sans résultat. Inutile de préciser que ce dernier finissait plus souvent au sol qu'Auguste qui prenait soin d'esquiver chaque tentative, le narguant de toutes les manières possible, le tout formant une scène comique à regarder.

Les habitués présents dans la Taverne, eux, auraient bien rit mais étaient trop occupés à huer Ambre, la Barde du village, qui laissait des notes désastreuses sortir de sa lyre. Il restait du boulot, apparemment.

C'est pourquoi tous trois décidèrent de s'allier ensemble, créant une pièce de théâtre comique agrémentée de chansonnettes pour le moins étonnantes. Et enfin, les villageois présents rirent, levant leurs boissons en l'air et applaudissant ceux qui leur offraient le meilleur divertissement qu'ils n'aient jamais vu. Ambre, Auguste et Maxence s'inclinèrent devant les acclamations que leur offrait leur public avant de se diriger vers le comptoir et de trinquer à leur future réussite.

***

Assise devant sa tente mauve cousue d'étoiles et de croissants de lunes jaunes, Lucie, la Voyante du royaume, recevait sa cliente la plus fidèle, la Soigneuse Lisa.

– Alorrrs mademoiselle Lisaaa, vous venez encorrre me voirrr à prrropos de ce jeune hooomme ? demanda Lucie avec un accent surfait en bougeant ses bras autour de sa boule de cristal d'une façon qui se voulait mystique et en écarquillant exagérément les yeux.

– Hum, oui, enfin, je... C'est que, depuis la dernière fois, hum, et bien, il ne s'est rien passé... répondit Lisa, ses joues rougissant de plus en plus.

– Ne me faites-vous donc pas confiance, ma chèrrre ?

La Devineresse lui lança un regard à en terroriser le plus preux des chevaliers. La pauvre Guérisseuse s'était ratatinée sur son tabouret et son visage avait pris une teinte cramoisie.

– Euh, non, ce n'est pas ça, c'est juste que...

Un long cri aigu retentit dans la cour où se trouvait la tente de Lucie. Les deux jeunes femmes tournèrent la tête vers l'endroit d'où provenait la voix. Au loin, elles distinguèrent une silhouette qui se rapprochait. Quand celle-ci fut assez près, elles virent que l'ombre en question se trouvait être Véronique, la femme de la forêt, vêtues de feuilles et chevauchant son magnifique sanglier des bois. Elle galopa jusqu'au lieu de voyance et sauta sur Lucie, l'enlaçant à l'étouffer.

– Oh, amie devineresse, je ne peux exprimer à quel point mon amour pour vous est grand, fort, puissant, astronomique...

– Oui, bon, ça suffit... marmonna la voyante en la repoussant. Je vois que vous avez changé de monturrre, où est donc passé votrrre mouton ?

– Vous savez, ô grande prêtresse, c'est entièrement grâce à votre si puissant don.

Un air béat sur le visage, elle se tourna vers Lisa :

– Auparavant, j'arrivais en retard à chacun de mes rendez-vous mais depuis que ce merveilleux oracle m'a conseillé d'échanger mon élégant mouton au pelage de neige contre ce fougueux sanglier qui, bien que nettement moins propre, me fait aller aussi vite que le vent et...