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La vie est une pute

Adam avait toujours cru qu'il était différent. Pendant toute son enfance il avait pensé qu'il n'était pas comme les autres. Et comment ne pas penser ça quand sa génitrice, qui avait alors encore son statut de mère aux yeux de son fils, lui répétait inlassablement qu'il ne serait pas un « connard comme les autres hommes ».
Les autres devinrent quelques années plus tard son père quand celui-ci  foutu le camp avec sa secrétaire. Mais bon nous nous écartons.
Tous ça pour dire que c'est à l'adolescence qu'Adam comprit qu'il était un gosse banale.
A quatorze ans, lui et Paul, son meilleur ami, s'étaient collés devant son  ordinateur. Avant qu'il ne lance la vidéo qui avait détruit toute innocence du plus jeune, Paul avait dit que «c'était juste pour tester» et qu'il n'avait «rien à perdre après tout.». Adam avait juste hoché la tête pour ne pas contredire le châtain. Ce fut la première fois qu'Adam mata une vidéo pornographique. Le bouclé avait eu une belle érection et c'était rendu compte que c'était un beau connard, comme son père, qui à présent n'allait penser qu'à baiser.
Conclusion Adam était un gosse des plus communs, aujourd'hui âgé de dix-sept ans. C'était un puceau qui rêvait d'une bonne nana à mettre dans son lit, un ami fidèle seulement avec Paul, qui détestait la foule et les gens en générale. Un ado qui cachait son mal être de gosse abandonné par ses parents sous un air renfrogné. Son but dans la vie : se barrer loin d'ici avec Paul, quitter la machine à fumer et à boire qui lui servait de mère et envoyer chier son père pour l'avoir laissé seul.
Mais bon, Adam était banal donc rêver de tous ça ne servait à rien. Il était bloqué ici pour le reste de ses jours, il finirait sûrement comme monsieur Michot son voisin, un pauvre alcoolique qui passait son temps devant sa télé et qui ne pouvait même plus se lever de son fauteuil tellement il était gros.
Heureusement il y avait Paul. C'était un peu comme le grand frère que le brun n'aurait jamais. Il avait tout fait avec lui. Ils étaient allés aux mêmes soirées, avait eu leur première cuite ensemble et c'était avec lui qu'Adam se confiait vraiment. Ouais, Paul c'était vraiment la personne la plus importante pour lui.

Passons aux choses sérieuses :

Nous étions le 11 octobre et il faisait froid. Voilà ce que se répétait le brun depuis qu'il était sortit de cours, il y avait vingts minutes de ça. Le lycée était à une demie heure de chez lui mais Adam préférait y aller à pieds qu'en bus. Il appréciait sentir l'air pure sur son visage quant il sortait de deux heures de philosophie avec madame Lelieu. Cette prof n'était pas méchante, elle était même plutôt sympathique mais ses cours étaient assommants.
Quant le bouclé aperçu le toit en ardoise de sa maison il laissa un soupir s'échapper de ses lèvres. Il se dépêcha d'entrer et de crier :

« Mom' t'es là ? »

pas de réponses ? Bonne réponse. Sa génitrice n'était pas là. Adam se dirigea dans la cuisine et prit un paquet de chips avant de monter deux à deux les escaliers pour finir par s'enfermer dans sa chambre. L'adolescent lança son sac sur son lit avant de se diriger vers son ipod. C'était le cadeau que son père lui avait fait l'année dernière pour son anniversaire. Sûrement pour compenser son absence. Il l'alluma et enfonça ses écouteurs dans ses oreilles.
Soudainement Bach emplit sa tête et cela apaisa le jeune qui se laissa tomber sur la chaise de son bureau. La musique classique était son secret à lui, son éden qu'il cachait aux autres. Personne n'était au courant, même pas Paul. Sûrement parce que ça faisait trop pd.
C'était ce que lui avait dit un gars quant il avait osé donner cette information sur lui dans sa feuille de renseignement en sixième. Il l'avait traité de pédale et au début Adam n'avait pas bien saisit le sens de son insulte. Il ne voyait pas le rapport entre un morceau de musique et une pédale de vélo. Quant il avait demandé à Paul de lui expliqué, il avait été vexé. On pouvait apprécier Bach ou Schubert sans forcément aimer les hommes. Adam avait quand même décidé de garder ça pour lui. Il avait déjà assez de problème à trouver une copine, pas la peine de rajouter des rumeurs d'homosexualités.
Il resta là, à écouter ses morceaux préférés jusqu'à ce que la porte du bas claque et qu'il entende la voix de sa mère l'appeler. Il sortit alors de son monde pour rejoindre le vrai.
Le bouclé descendit sous l'ordre de sa génitrice et s'arrêta dans l'entrée du salon. Elle était là, sa mère. De loin elle était toujours aussi belle. Ses longs cheveux bruns étaient noués en un chignon haut qui lui donnait un air stricte et ses grands yeux bleus ressortaient. De là où était son fils, on ne voyait pas ses énormes cernes ni les quelques rides qui se creusaient sur son front. Mais il était impossible de louper la cigarette fumante qu'elle avait entre les lèvres et le verres d'alcool qu'elle venait de se servir et qu'elle tenait fermement dans sa main. Le jeune souffla et la femme posa ses yeux sur lui avant de les reposer sur son verre et de dire :

Figures de styleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant