Figures de style

II

Perdu comme un enfant dans le noir

Adam arrivait au lycée, d'un pas traînant, tiré par Paul. Le bouclé se refusait à croire qu'on pouvait aimer l'école. C'était un nid à hypocrites et à harceleurs. C'était dans cet établissement aux grilles bleues marines que l'enfer de tout homme commençait. Premier râteau, première humiliation et premier pas vers la dépendance de l'alcool ou de la cigarette.
Le brun était persuadé qu'il aurait pu aimer le lycée s'il avait été comme dans tous ces films américains où les gars ont ces blousons de footballeur qui les rendent intéressant aux yeux des filles et si une ribambelle de pompom-girls se baladaient dans les couloirs toute l'année les jambes à l'air. Oh oui, il aurait sûrement adoré. Seulement il n'y avait pas de pompom-girls, de plus les casiers étaient de petites cases où un seul sac pouvait tenir et enfin il n'existait pas de prof sexy qui venait vous aborder pour faire un cour « particulier ».
Mais bon, heureusement sa classe de L (et oui, il était une de ces personnes qui n'avait pas le niveau pour aller dans les autres filières et qui s'était retrouvé là par défaut), était composée majoritairement de fille. En réalité, ils étaient trois garçons. Un musicaux, un gay (et oui, les rumeurs étaient vraies) et lui, le magnifique Adam.
Heureusement pour lui, il bénéficiait pour l'instant de l'admiration des élèves de sa classe, toutes les filles étaient plutôt heureuse d'avoir un homme, un vrai avec elles.
Dire qu'il n'en jouait pas serait mentir. Il aimait bien voir chez certaines leurs joues rougir quand il leur parlait ou autre. L'homosexuel de sa classe avait pas mal de succès avec les filles, lui aussi, à croire qu'avoir un meilleur ami gay était vraiment cool.
Une fois dans la salle de son premier cours, il s'installa à sa table fétiche. Pas trop au fond mais pas trop devant non plus, histoire que vraiment personne ne le remarque. Sa veste en jean posait sur le dossier de sa chaise, il sortit son cahier comme un bon élève et sa trousse, attendant patiemment que les retardataires arrivent.

« La place est libre ? »

Le brun tourna la tête pour voir Émilie, un petit sourire aux lèvres. Si son prénom était doux, ce n'était rien à côtés d'elle. Adam ne dira pas qu'elle était belle, mais elle était jolie. Le genre de jolie qui dépasse vite la bombe du lycée grâce à quelques battements de cils, une petite jupe plus serrée que d'habitude et surtout une discussion intelligente.
Il acquiesça finalement, le regard toujours posé sur la blonde. Adam avait été dans sa classe en seconde et il se rappelait d'elle comme étant discrète, assez pour qu'il n'apprenne son prénom seulement au troisième trimestre.
Il l'observa sortir ses affaires et le livre de philosophie. Leur professeur rentra et leur demanda de sortir leur cours sur le désir. Le jeune homme laissa un fin sourire traverser son visage, il aimait ça. Vraiment. C'était étrange de se dire qu'après avoir eu des notes catastrophiques pour son bac anticipé l'année dernière, il se découvrait enfin une passion pour une matière littéraire même si la prof était assez ennuyante. Bon d'accord, peut être avait il menti. Madame Lelieu n'était pas si désagréable que ça et malgré certains tics qu'elle avait qui le faisait flipper, il l'appréciait.
Elle annonça rapidement le texte sur lequel ils allaient travailler, en voyant un texte de Platon, auteur qu'il n'appréciait pas, le sourire d' Adam disparu et il se mit en mode off.

À la sortie, le jeune homme fut surpris de trouver Paul avec Laurie mais encore plus de voir une rousse à ses côtés. Maxence, c'est ça ? Il n'était pas sûr. Ou du moins il se fit croire qu'il n'en était plus sur. Adam s'approcha du groupe calmement, comme ci il n'avait pas hâte de pouvoir provoquer la jeune fille.
Une fois à leurs côtés, le bouclé se tourna vers la « nouvelle » et commença :

« Excuses moi mais j'ai pas retenu ton prénom, je crois que c'est mixte, non ?
-Maxence. Je m'appelle Maxence. Et toi c'est Adam, n'est ce pas ? »

Étonnement elle n'eut pas semblé vexé et lui adressa un doux sourire. Était-ce la même fille que l'autre fois ? Cela faisait une semaine, mais tout de même, il n'avait pas pu oublier comment elle était en si peu de temps. D'un coup le bouclé en doutait. Peut être que c'était le fait que la première fois qu'ils s'étaient vue il faisait sombre. C'était sûrement pour ça qu'il n'avait pas remarquer, ses grands yeux verts ainsi que ses formes plutôt généreuses qui ne pouvaient que faire rêver un homme.
Ils prirent la direction de l' Insolent , le café des deux garçons, Laurie prévenant déjà qu'elle ne resterait pas très tard. Une fois les adolescents tous servis, ils commencèrent à discuter. Laurie et Paul surtout d'ailleurs, Adam restait plus silencieux observant Maxence qui prenait de temps en temps la parole. Vu ce qu'elle sortait, elle avait des références, enfin du moins les mêmes que lui. Il devait bien l'avouer, elle était finalement moins précieuse et idiote qu'il l'avait imaginé. Quand Laurie partit, il était seulement dix-huit heure. Les deux lycéens décidèrent de rester, et Maxence demanda si elle pouvait rester. Paul répondit affirmativement tandis que le brun haussait les épaules. Jean ne pouvant pas rester en place, dû se mettre à poser des questions :