CHAPITRE IV

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Elle ne peut pas le nier, elle n'a pas réussi à se le sortir de la tête de toute la journée

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Elle ne peut pas le nier, elle n'a pas réussi à se le sortir de la tête de toute la journée. Lui et un millions de questions. Elle a bien tenté de mener sa petite enquête et de poser quelques questions discrètes à ses collègues mais elle devait bien se rendre à l'évidence que personnes ne savaient réellement qui il était. Cela attisait encore plus sa curiosité et exacerbait sa frustration. Elle avait gardé ce morceau de papier dans sa poche toute la journée, luttant à sa pause pour ne pas lui envoyer de sms. C'était toujours aussi compliqué les relations. Elle ne voulait pas paraitre ... accroc ? Ou bien pressante, soumise, sous sa coupe, et ce simple sms l'aurait trahi. Il sait ce qu'il fait, elle n'en doute pas, mais elle, elle, elle n'a aucune idée de ce qu'elle fou avec lui. Un jeu ? Un simple jeu pour la sortir de son ennuie ? Un jeu dangereux qui lui donnait cette dose d'adrénaline qui manquait à sa vie ? Elle s'était toujours trouvé audacieuse, mais depuis qu'elle avait pris en charge l'éducation de son petit frère elle s'était jurée d'être responsable et de ne jamais rien faire qui puisse leur porter préjudice. C'était sa vision du monde adulte et bon sang qu'il était chiant. Elle s'ennuyait à mourir et voyait les plus belles années de sa vie s'envoler douloureusement. Elle aimerait pouvoir imiter cette jeunesse dorée qu'elle voit à travers Instagram. Comme si ces photos et ces soirées résumaient le plaisir ultime d'une génération de paumés. L'alcool, le sexe et les lendemains de soirées semblaient être une source d'amusement intarissable.

Elle avait besoin d'imprudences pour avoir l'impression de vivre. De vivre à s'en brûler les ailes.

Oh, elle le regrettera peut être un jour, peut-être même plus tôt que prévu, mais elle avait l'impression que passer à côté de ce garçon c'était passer à côté de sa vie. Un peu extrême mais ça résumait l'étendue de sa frustration à vivre dans une prison de responsabilité. Benjen, à sa façon, lui offrait un bout de liberté. C'est alors bien décidée qu'elle se plante au milieu du trottoir en fixant l'arrêt de bus comme si elle prenait la plus grande décision de sa vie. Elle sort son téléphone et rédige rapidement un sms peu convaincant qu'elle trouve même presque désespérée. « Pathétique ma pauvre fille. » soupire-t-elle en l'effaçant. Tant pis, elle prend son courage à deux mains et l'appelle. Elle se maudit de bafouiller quand elle entend sa voix amusée à l'autre bout du fil.

« T'en auras mis du temps à te décider à m'appeler. » tout dans sa voix était taquin et moqueur.

« Quoi tu m'attendais ? » répond-t-elle sur le même ton, tentant de calmer les battements de son cœur. L'éclat de rire de Benjen ne l'aide d'ailleurs en rien. Elle rougit et remercie tous les saints qu'il ne soit pas là pour voir ça.

« T'es libre ce soir ? » Sa question si soudaine la déroute mais la soulage dans le même temps. Ils n'auront pas besoin de tourner autour du pot et jouer une comédie stupide remplie de fausses politesses.

« Ouais. » Dit-elle sans réfléchir. Elle ne sait pas vraiment comment flirter, comment attiser son désir ni même son envie de la voir. Si ça se trouve il se moque bien de jouer et ne veut qu'une chose ... Elle déglutit et après quelques banalités et informations précieuses – comme son adresse, ce qui n'est pas négligeable – elle raccroche et regarde son reflet dans le miroir.

Elle se trouve fade avec sa tenue. Un pull qui lui arrive au-dessus du ventre et un jean slim noir des plus classiques. Elle déglutit et ajuste sa veste en cuir, ça fera l'affaire. Après tout il n'y a pas vraiment de mystère sur le contenu de leur soirée.

Elle ne sait pas si le trajet jusqu'à l'appartement de Benjen lui a paru court parce qu'elle était nerveuse ou si, sans vraiment en avoir conscience, elle s'était dépêchée. Le fait est qu'en à peine 20 minutes elle sonnait déjà à sa porte. Elle se sentait nerveuse mais le cacha derrière un sourire moqueur et un brin arrogant. Elle tenait sa veste en cuir, nichée entre ses bras, pour cacher son ventre nue. Comme première approche, enfin première, tout est relatif, si elle pouvait paraître un peu plus couverte que les fois précédentes, cela lui éviterait de se sentir ... facile. Elle coince une mèche de cheveux derrière son oreille alors qu'il ouvre la porte. « Wow. J'avais du mal à t'imaginer autrement qu'en blouse blanche, mais je dois avouer que tes fringues de la vie de tous les jours te vont à ravir. » Souffle-t-il de cette voix rauque et toujours empreinte d'un ton moqueur et amusé. Il s'appuie contre le chambranle de la porte pour la regarder de haut en bas sans gêne. « Pas déçu de me voir sans escarpin et sans robe assez moulante pour ne laisser aucun mystère quant à mon corps ? » Elle arque un sourcil en prononçant ses mots. S'il la connaissait assez il verrait sa gêne mais il se contente de rire en la laissant entrer. « J'ai toujours eu un faible pour les filles en basket » raille-t-il en refermant la porte derrière elle, lorgnant sur ses fesses aux courbes bien plus généreuse que la majorité des coréennes qu'il met dans son lit. C'est bien la première fois qu'il lui arrache un petit rire et ce n'est pas pour lui déplaire.

Courtois et plus galant qu'elle ne l'aurait cru il récupère les affaires de Rylee pour les ranger dans son placard à l'entrée, l'invitant à la suivre dans son salon. Sincèrement elle n'a rien à envier à son appartement un brin miteux. Elle s'était presque attendue à voir un appartement luxueux. Bizarrement elle n'est pas déçue mais plutôt soulagée. Elle se laisse tomber sur ce canapé inconfortable et s'enfonce dedans prenant ses aises. Elle pose ses pieds sur la table et lève un regard provoquant vers Benjen qui la regarde faire avec un sourire en coin, comme s'il comprenait qu'en en faisant trop elle cachait son trouble. « Rylee c'est ça ? » lance-t-il comme pour reprendre tout à 0 et enfin faire connaissance convenablement. « C'est ça. C'est le prénom que t'es censé inscrire sur ton téléphone, à moins que tu n'es marqué Masseuse #4 » rit-elle doucement en s'asseyant en tailleur quand il revient avec une bière à la main qu'il lui tend. « Merci. »

« Pourquoi un prénom ... Américain ? » Demande-t-il en portant sa bouteille à ses lèvres. Elle hausse les épaules et dit dans un sourire « Parce que je suis née là-bas ? A Boston exactement. Mon père était coursier en bourse, on a pas mal bougé avant la naissance de mon petit frère. Mais à cause du stress il a fini par se ranger en bossant dans une entreprise plus calme et ramener un salaire tous les mois. » C'est rare les fois où elle parle de sa famille. C'est encore plus rare de l'entendre parler de sa famille à un inconnu, mais disons qu'avec Benjen les choses étaient différentes. Elle n'aurait pas su les définir, elle ne pouvait même pas prétendre être son amie, ni même ... un plan cul. « Et ta mère ? » Demande-t-il avec un naturel désarmant « Directrice en communication dans une boite américaine puis mère au foyer quand on est venue s'installer en Corée à la naissance de mon frère. Mais je crois qu'elle bossait encore à la maison ... fin j'ai le souvenir d'elle assise devant son pc portable à fumer ses slim line avec la grâce des actrices des années 30. »

Elle parlait au passé. Sans tabou. Sans tristesse dans la voix. Elle avait fini par se blinder et se protéger derrière des sourires et des faux semblants. Elle ne se remettra jamais vraiment de la mort de ses parents dans ce foutu accident de voiture mais elle n'est pas obligée d'imposer sa peine aux autres.

« Et toi ? » demande-t-elle en buvant une gorgée de sa bière en posant un regard inquisiteur et plein de pudeur sur le jeune homme.

Parce qu'elle n'avait été sincère que dans l'espoir qu'il puisse l'être en retour. 

IT'S OUR WAR LOVEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant