Erreur 404

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Maintenir le tout de la pensée dans la contingence des émotions vagabondes; faire des excitations de la vie mon préalable.

PageFacebook de l'auteur, 10 janvier 2016,

Vincent Cespedes

Je me suis réveillé tôt ce matin. Souvent la clarté du soleil avait pour habitude d'illuminer un peu trop précocement mes paupières, pourtant ce matin là, j'ai eu la sensation que mon levé venait d'ailleurs. Sans réponse à cette question existentielle très matinale, je décidais de ne pas m'en agacer  et d'en trouver la réponse bien plus tard, après un bon café par exemple ?

Machinalement, je suis dans la préparation, la machine, l'eau, le filtre, le café, la cuillère, je compte les doses. Je m'en amuse, mes gestes sont complètement automatiques, j'aurai pu faire le café dans l'obscurité sans que rien n'y change. Je me surpris à penser qu'il me fallait tenter un jour, juste pour voir. Mon cerveau ne semble pas donner d'ordre à mes mains, pourtant elles sont précises, sans tremblement, sans bavure.

Je suis étrange ce matin, pensé-je. Mon corps et mon esprit semblent en désaccord. Ils fonctionnent chacun de manière autonome, sans que je puisse les réconcilier.

A même y penser fort, mes membres font dorénavant ce qu'ils ont à faire dans la logique de mes envies sans que mon cerveau n'ait à donner d'ordre.

Ce qui aurait pu être une drôle d'expérience est devenu beaucoup plus inquiétant lorsque les battements de mon cœur sont devenus ostensibles aux carotides.

A ces effets physiques, j'ai assisté bien malgré moi, à une explosion de pensées, d'idées, de réflexions. Cette irruption n'était pas désirée, elle n'était pas désagréable mais troublante, je ne la contrôlais pas. Je ne chercha point à l'arrêter, j'en aurai été sans doute incapable.

Ce qui aurait pu paraître pour des visions étaient bien des pensées. J'explique cette différence par la traversée non pas de mots ou de phrases mais bien des envies formulées, des réflexions construites. Il me fallu un moment d'adaptation pour déchiffrer autant que possible cet intellect désordonné, trop rapide. Mes tentatives pour accéder au contrôle de mon esprit, pour y lancer une requête d'interprétation étaient systématiquement interrompu par de nouvelles pensées tout aussi saugrenues.

Les éclairs dans leur rythme soutenu surmontaient mes capacités de décryptage. Mes émotions débordaient. Tout mes capteurs étaient mobilisés, j'étais débordé, incapable d'accueillir ce surplus exceptionnel.

Prendre l'air ! Enfin, une pensée active de ma part, suivie de ces ordres physiques. Pour la première fois depuis mon réveil, je commandais une action physique à mon corps.

Peut être un signal d'alerte... Je sondais mes ressentis, je me sentais fébrile et pourtant sans maux.

Dehors, je comptais sur le beau temps et son air pur pour regagner en sérénité. Après une rémission et quelques allez retour sur le balcon de l'appartement, je bouillonnais à  nouveau.

Je n'ai pas compté ces pas perdus sur ce perchoir étroit, mêlés aux pauses, la tête entre les mains.

Je pense avoir traversé toutes les couleurs du soleil de Plutchik lorsque je m'aperçus que mon répit était durable. Mes pulsations revenues à la normale me donnaient enfin un signe positif.

Je pouvais à présent passer à l'analyse de ses sentiments transportés par mes fulgurances intellectuelles incontrôlées.

A l'idée même de cette étape, j'étais inquiet. Je ne me connaissais pas dans cet état, je doutais de moi.

Il était déjà midi, la chaleur devenait brûlante. Mon front perlait, mon dos frissonnait d'une sueur froide comme une fièvre pour un mal.

Le tourbillonnement des messages chimiques n'avaient pas déposé de paillettes d'or sur leurs passages.

Mon cerveau semblait avoir subi la foudre, comme vidé de  tout liquide cérébro-spinal.

A vouloir en conclure, je m'en suis résolu, ce matin là, j'étais fou !

Suivez-moi jeune hommeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant