Vous voyez, ce moment où vous arrivez pas à foutre une frontière entre cauchemar et réalité ?Bah c'est là où j'en suis.
Les fichiers vidéos, photos, ou même juste les notes que je voyais étaient juste inconcevables. Tortures, pentagrammes, captures d'écrans de sites sataniques...Qu'est-ce que tout cette merde foutait dans l'ordi de papa ? Était-il sataniste, d'où sa joie et son air idiot à en devenir glauque, où enquêtait-il sur un sataniste ? Pas le temps de me faire ma conclusion que je devais déjà repartir en cours.
Skateboard pris, porte fermée, j'étais reparti pour l'après-midi. Même si je savais très bien que j'allais pas pouvoir bosser pour le restant de la journée.
Une fois arrivé au lycée je ne pouvais penser à rien, hormis à ce que j'avais trouvé dans l'ordinateur de papa. J'avais même pas faim, impossible d'avaler quoique ce soit.
Le cours de SVT commençant, je partis m'asseoir à ma paillasse habituelle, sous le regard pseudo-menaçant de Machiavelsky qui partit au fond. Contre toute attente, Camille m'avait rejoint sur la paillasse. Sans avoir le temps de lui demander quoique ce soit, Kloé arriva et le monopolisa. Encore une fois. En un jour, ils avaient créé une relation incroyable.
De toute façon Camille avait toujours eu du succès avec les filles. Il avait du charisme, lui. Entre ses fringues chères de beau gosse, et le fait qu'il faisait de la moto comme je savais en faire sur GTA, je pense qu'aucune fille pouvait vraiment résister à sa bouille d'amour. Moi, avec mon bonnet laissant échapper mes mèches, ma chemise rouge à carreaux trop grande que je porte h24 et mon charisme aussi grand que la moustache d'Hitler, j'étais pas avancé.
Sur la table étaient posés un scalpel, des ciseaux, et un poisson.
J'avais presque oublié les photos de cadavres mutilés pourtant...
Kloé prit le scalpel et ouvrit le poisson pendant que je galérais encore à sortir ma blouse de mon sac, elle avait un regard doux. Camille la regardait, souriant comme un abruti. Je le frappai donc derrière l'épaule pour le sortir de ses pensées.
- Et mais ça va pas ? Me rétorqua-t-il.
Il m'énerva, bizarrement. J'm'étais jamais énervé contre lui pourtant.
- C'est toi qui va pas mec, qu'est-ce tu glandes à loucher sur elle comme ça ?
Il serra les dents et haussa son poing, puis me mit une patate qui ne m'aurait pas étonné si elle m'avait enlevé deux ou trois dents. Aussitôt, je lui en remis une et le pris par le col, et le colla contre le mur. Kloé me prit les bras par derrière, elle avait une force incroyable, malgré son petit gabarit. Elle s'interposa ensuite entre nous, et nous sépara. La main avec laquelle elle m'avait prise avait l'ongle de l'index fissuré, je lui avais sûrement fait ça en tirant quand elle m'avait attrapé. Camille avait un sale regard hautain, tandis que je me faisais gueuler dessus par la professeure. Un papier de renvoi rempli plus tard, j'étais parti à la vie scolaire, sans Camille qui avait été défendu par Kloé auprès de la prof.
Après avoir écopé d'une semaine d'exclusion, je sortis du bureau. Je n'avais toujours pas oublié ce que j'avais vu ce midi, ça ne voulait pas sortir de ma tête. Quand je disais que c'était une journée de merde, vous me croyez ?
À peine sorti du bâtiment administratif que m'attendaient à la sortie Kloé et Camille. Il avait les bras croisés, me méprisant du regard. Kloé, elle, me donner l'impression de me perçait avec son regard. Au fil de mes pas, Camille s'était aussi mis à marcher vers moi.
Ça sentait pas bon.