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J'ouvre les yeux et fixe quelques instant le plafond, l'esprit encore embué de sommeil.
Marion, ma petite sœur avec qui je partage ma chambre, est déjà levée.

-Salut.
-Mmh; j'agite mollement la main.

Marion enfile une robe en velours et des collants puis quitte la chambre, me laissant seule.
Je me lève difficilement, attrape un pantalon slim confortable et un tee-shirt à manches longues. J'attache mes longs cheveux blonds en chignon et rejoins ma famille dans la cuisine.

Mon père ne me jette pas un regard, comme depuis maintenant deux semaines. Ma mère s'agite dans un silence gêné, elle ne sait plus comment me parler. Cette situation m'attriste: mes parents pourtant ouverts refusent de me comprendre et d'accepter mes choix. Autant dire que ces temps ci, l'ambiance est tendue à la maison...

Je finis mon bol de céréales et me lave les dents. Je ne me maquille plus et, bien que j'ai eu beaucoup de mal à m'y habituer au début, ça fait que je me lève bien moins tôt qu'avant.
J'enfile un de mes nouveaux jilbeb -un rose poudré que je trouve magnifique, et vérifie une énième fois dans le miroir qu'aucune mèche de cheveux ne dépassent.
J'attrape mon sac, un cabas Lacoste en cuir noir, et crie un vague "A ce soir!" avant de claquer la porte de l'appartement. Je lâche instantanément un soupir de soulagement, comme si toute la tension accumulée chez moi s'en allait. Je descends les escaliers de l'immeuble quatre à quatre -nous habitons au cinquième mais l'ascenseur est en panne, et déboule dans la rue... percutant de plein fouet un garçon en jogging.

-Pardon! Je baisse les yeux, confuse.
-Putain fais gaffe!

Mon regard reste rivé sur la paire de Asics de mon interlocuteur; je refuse de le regarde en face. Je vis dans un quartier mal famé, et ce type de garçon est tout sauf fréquentable. J'essaie de passer, mais il me bloque le passage:

-Eh, t'es pas Emma?
-Je m'appelle Hafsa maintenant.
-Mash'Allah!

Il me sourit franchement -j'ose enfin le regarder dans les yeux. Il est vraiment pas mal, dans le style rebeu de tess.

-Merci; je lâche avant de m'enfuir vers le métro.

Je bondis dans la rame et me retourne, persuadée que le garçon aux yeux verts est derrière moi. Mais évidemment, il n'y a personne.

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⏰ Last updated: Sep 24, 2016 ⏰

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HafsaWhere stories live. Discover now