À l'ombre de ma porte.

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Le dernier chant d'oiseau donne des ailes noires
Aux heures de silence aux heures de sommeil
Le dernier bec d'oiseau se ferme sur mon œil
Logis sans fondations sans murs d'où je rayonne

Je me souviens du redoutable océan de midi
Je me souviens de la campagne bâillonnée
Par le soleil duvet de plomb sur un orage d'or

Je vis bien en été la chaleur m'émerveille
Je me souviens de cette fille aux cheveux jaunes aux yeux gris
Le front les joues les seins baignés de verdure et de lune
De cette rue opaque et dire où le ciel pâle
Se creusait un chemin comme on creuse un baiser

Je me souviens des mouvements hésitants de mes songes
Sur des lits incertains et l'un corps de nuages
Sortait un corps violent couvert de désir et de chaînes

La chaleur tour à tour m'isole et me dénude

Il n'y a de fête qu'ici
Dans cet œuf que la terre et le jour ont couvé
Le repos dans la nuit d'été.

Paul Eluard Où les histoires vivent. Découvrez maintenant