Ferme tes yeux et cours

Souvenirs

Cette journée avait été la plus belle de tout le mois d'octobre. Le soleil brillait et le ciel était d'un bleu pur. Malgré ça, Léo n'était pas heureux et il avait l'impression qu'il ne le serait plus jamais. Seul assis dans son lit. Il regardait les oiseaux virevolter par la fenêtre. Son coeur pleurait, ses yeux le brûlaient et le calme paisible qui régnait dehors ne faisait qu'accentuer son mal-être.
Car Marie n'était plus là
Car elle avait disparu
Car Marie était morte.
Comme un refrain maudits ces mots tournoyaient dans la tête de Léo
Car avec Marie c'était sa raison de vivre qu'on avait tué.
Et rien ne sera plus jamais pareil.
Comment continuer d'avancer quand on croit avoir tout perdu ?

L'enterrement avait eu lieu une semaine plus tôt, tout le monde avait été invité : la famille et les amis proches évidemment mais aussi les voisins et de lointaines connaissances que quelqu'un avait sûrement dut croire bon d'inviter.
Léo avait revêtu son plus beau costume pour l'occasion et avait jouer son rôle avec le calme et le sérieux d'un acteur professionnel. Sourire tristement, laisser échapper quelques larmes au bon moment, serrer des mains, se faire prendre dans les bras...

Mais surtout... surtout... ne pas craquer.

Le pire c'était la photo.
Elle avait été prise le jour de ses 20 ans. Marie posait devant l'opéra de Paris. Léo et elle étaient sur le point d'aller voir Carmen. C'était leur première sortie en amoureux. Léo avait pris soin de réserver les billets deux mois en avance pour être sûr qu'il y aurait de la place. Cela peut sembler vieux jeu d'emmener sa copine à l'opéra mais pour Léo et Marie. C'était le paroxysme du romantisme.
Tout aurait pu continuer comme ça. Passer d'opéras en théâtres pendant des années. Leur couple à été violemment séparé. L'accident de Marie s'est déroulé deux ans après leur week-end à Paris. Marie revenait de la fête d'anniversaire d'une amie, elle a été renversé par une voiture sur un passage piéton.
Que dire d'autre... la mort est brutale. Elle prends ceux qu'on aime et nous les arrache des bras. Nos cris et nos pleurs n'y changent rien. Quand l'être qui nous est le plus cher au monde disparaît. C'est une partie de nous qui se brise.

Léo fut sorti de ses pensé par sa soeur, Iris, qui venait d'entrer dans sa chambre. Bien qu'il fut déjà tard dans l'après midi, elle semblait sortir tout juste de son lit. Ses cheveux blonds d'ordinaire bien coiffés étaient en batailles et ses yeux bleus qui faisaient tant craquer les garçons étaient rouges.
-... Je peux entrer ? Demanda-t-elle
- Oui bien sur vient. "
Léo se décalla pour lui faire de la place sur son lit. Elle vint rapidement se blottir dans les bras affectueusement tendus de son grand frère.
- C'est drôle quand on y pense... tout change autour de nous pourtant on se blottis encore comme quand on était petits et que papa et maman se disputaient... Dit Iris, un petit sourire au lèvres
- Ouai, t'as un peu grandis quand même...
Ils partirent d'un grand rire qui leur réchauffa le coeur à tout les deux.
- Tu veux qu'on en parle ? Demanda Léo, il faisait référence à sa probable crise de larmes.
- Non, ça va mieux. Répondit Iris, comme elle semblait sincère et que lui même n'était pas du genre à se livrer, Léo n'insista pas.
- Tu sais quoi ? Repris Iris. On sort ce soir !
- Nan... je suis un peu fatigué...
Iris se jeta sur le portable de son frère et pianota frénétiquement sur les touches. Avant que Léo n'ai eu le temps de réagir elle s'exclama joyeusement :
- Et voilà ! Je viens de poster sur Facebook " hey on sort ce soir, venez tous à la Crête !  " T'as plus le choix !
Elle sourit et rit de plus belle. Ses yeux brillait légèrement, elle semblait avoir retrouvé sa joie de vivre habituelle.
- À toute à l'heure mon grand frère d'amour !  Cria t elle en courant vers sa chambre pour éviter la chaussette que Léo, hilare lui aussi, venait de lui lancer.
- C'est ça cache toi ! Dit Léo.
C'était une des nombreuses raisons pour lesquelles Léo aimait profondément sa petite soeur. De 4 ans sa cadette, elle semblait avoir conservé une part d'innocence que lui avait perdu. Elle était drôle, intelligente mais surtout terriblement jolie. Nombreux de ses amis sont tombés amoureux d'elle mais elle n'a jamais semblé s'intéresser à aucun d'eux.
Depuis la primaire, Léo et Iris s'étaient toujours entraidés. Quand l'un avait des problèmes l'autre les résolvait. Leur amitié avait grandi d'années en années et maintenant qu'ils étaient grands et qu'ils ne vivaient plus ensembles leurs liens s'étaient encore renforcés.
Léo et Marie avaient emménagé ensemble juste après leur séjour à Paris. Depuis sa mort, Léo avait réinvesti la maison familiale, non pas par envie de retourner chez ses parents mais par peur de retourner dans l'appartement seul ( comprendre sans Marie ).
Il n'était pas vraiment beaucoup sortie depuis et l'initiative d'Iris était la bienvenue. Il ne restait plus qu'à espérer que cette soirée se passe bien.

Léo jette un oeil rapide à son portable : 3 nouveaux messages, un d'Alexandre, son meilleur ami, qui lui confirmait sa présence à la Crête et deux de Judith qui s'interrogeait sur ce que Léo allait faire de ça soirée. Léo hésitait à lui répondre. Sa relation avec elle était compliqué : depuis la disparition de Marie, il n'avait plus du tout envie de retrouver une copine mais Judith ( une ancienne amie de sa soeur ) ne le lâchait plus depuis 2 mois. Pour mettre fin à ses insistantes, Léo avait fini par céder en mettant quelques conditions.
Ne pas l'embrasser ni coucher avec elle.
Cela ne convenait ni à l'un ni à l'autre mais Judith ne lui avait pas laissé le choix. Non pas qu'elle ne soit pas jolie, c'est une jolie fille au cheveux noirs frisés et à l'air taquin, mais Léo n'avait ni le coeur ni la tête aux relations amoureuses. Léo finit par simplement lui répondre "des plans avec des potes, je te raconterai "
Il n'avait pas envie de la voir ni de la traîner comme un boulet pendant toute la soirée. Il avait décidé que ce soir, il s'amuserait ! Quitte à se bourrer la gueule comme un gros bourrin.
C'est en méditant ces dernières pensées qu'il sortit de son lit pour commencer à se préparer.