Damné.

Folie.

   La musique résonnait avec lenteur dans sa tête tandis que l'écho lointains de ses pensées s'effaçaient dans une une brume éparse.
Le visage penché sur le côté, elle se laissait aller, se sentant partir au grès des percussions qui timbraient chaque parcelle de son cerveau avec colère.
  
   Un souffle lent et régulier vint lui effleurer la joue imperceptiblement. Elle se savait pourtant seule, c'était dans sa tête, encore. Si les gens savaient... Ils la prendraient pour une folle. Une folle intelligente et rationnelle mais une folle tout de même. Elle le savait, ce n'était pas normal: ces présences sombres, ces caresses impétueuses.. Puis ces voix, parfois, qui semblaient provenir des tréfonds de son âme meurtrie.

   -Oui, se disait elle, je me meurs petit-à-petit et mes futurs geôlier sont venus me narguer, de la même façon que l'on rit d'un pigeon juste avant de le plomber. Je suis leurs proie et ils m'attendent déjà avec gourmandise. Ils ne vont pas être déçu, je serais leur plus fervent repas.
   Ils pourront se nourrir de ma chair difforme, de mes pensées morbides, de mes peurs sarcastiques et de mes envies effarantes, tout cela jusqu'à plus faim. J'aurais le somptueux goût de la haine présente dans l'intégralité de mon corps qu'ils estropieront jusqu'au dernier morceau, arrosé copieusement des larmes écarlate qui ruissèlent dans chacune de mes veines. Ils pourront se marrer, en se délectant du mets de la pauvre fille que j'aurais été. Ils auront raison et je les y autoriserais: c'est risible à tel point que moi même je ris de moi. Je crois bien que je suis dans un piteux état."

   Une fine larme perla au coin de son œil gauche avant de venir s'échouer sur les formes de son visage.
   On aurait presque pu la voir, si la pièce dans laquelle elle se tenait n'était pas plongée dans l'obscurité.
   On aurait presque pu la voir, en même temps que le sinistre rictus qui lui barrait docilement le visage.

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Assez sombre, vous en pensez quoi?