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-Quel abruti !

Je courrais vers la forêt, le seul endroit où je me sentais réellement à l'aise et en sécurité.

Je voulais fuir ce rendez-vous, fuir cet imbécile.

Heureusement près du restaurant où nous étions il y avait un parc. Et c'était exactement ce qu'il me fallait à cet instant précis.

J'ai toujours aimé la forêt, les arbres, les animaux, écouter le vent dans les feuilles et le chant des oiseaux. Cela me berce et m'apaise.

Me nommant Estellie, 27ans, je suis blonde les yeux vairons. En plus d'avoir un prénom non commun, mon apparence physique était atypique.

Ce qui faisait que souvent les gens ne me regardait pas dans les yeux, sont le plus souvent mal à l'aise en ma présence, mais étant solitaire cela ne me dérangeait pas.

Ce soir j'avais voulu faire plaisir à ma collègue du Bar Chez Jeannot, où je travaillais presque tous les soirs. J'avais dit oui pour sortir avec le cousin de ma seule amie, que je considérais même plus comme une grande sœur, Sarah. Elle voulait que je fasse des rencontres, que je sorte de ma coquille, elle me trouvait triste et elle avait peut être bien raison après tout.

Même si physiquement ce n'était pas du tout mon genre, je me suis dit pourquoi pas, jusqu'à présent j'étais plutôt spectatrice de ma vie, et là je ressentais vraiment le besoin de vivre.
Il n'était pas moche pour autant bien au contraire je pense que plus d'une fille devait être sous son charme.

Blond, grand, bien bâti et bronzé, avocat de métier donc le mari et gendre idéal pour la plupart des personnes j'imagine.

Je devais me remettre sur le marché mais rien que ce terme, je le trouve péjoratif, comme ci nous étions de la marchandise. Bref j'avais mis le paquet, chez moi c'est tout ou rien, je ne fais pas les choses à moitié.

C'est pourquoi j'avais sortie le grand jeu, mes longs cheveux remontés en chignon, une jolie robe fourreau bleu marine qui met en valeur mes yeux, et un léger maquillage, juste un trait d'eye liner et du rouge à lèvre rose discret.

Je ne suis pas du genre a me tartiner de maquillage. Mais ainsi cela me donnait une sorte d'assurance, de courage, ou alors comme ci c'était une façade et que j'allais jouer un rôle.

Donc déjà la partie était loin d'être gagné, si ce n'est pas pour être soi même, à quoi servait le rendez vous. Mais quand je donne ma parole, je la respecte jusqu'au bout. Quand je dis que c'est tout ou rien avec moi.

Ma seule paire d'escarpin aux talons très haut. Une touche de parfum au creux de la poitrine, et oui j'espérais beaucoup de cette sortie quand même. A quoi sert tout ce cinéma si c'était pour rentrer seule. Et puis je dois avouer que Sarah avait bien raison, se sentir désirée, choyée ainsi que les rapports intimes avec un homme me manquaient.

Mais malheureusement, des le début rien n'avait fonctionné, la première approche était irréprochable, il m'avait reculé ma chaise pour que je puisse m'asseoir, un vrai gentleman.

Mais c'est la suite, rien que sa manière de commander m'avait fait grincé des dents. Il avait choisi pour moi sans me consulter, et m'avait pris une salade.

Une salade??? Devais-je en déduire que j'avais quelques kilos à perdre.

Il est vrai que je n'ai pas beaucoup de poitrine et une dizaine de kilos en plus peut être au niveau des hanches, mais je n'ai jamais correspondu aux critères de beauté actuels et n'en ai pas vraiment envie. J'ai toujours eu des formes, je suis loin de la mannequin magnifique avec de longues jambes fines. Mais c'était mon corps et je l'aimais tel qu'il était.

Je faisais du sport pourtant. Je courrais beaucoup mais pour évacuer tous les desserts que je mange. Car oui je suis une gourmande !

Quoiqu'il en soit on avait mal démarré la soirée, tout avait commencé par un long monologue sur son travail, ses soirées, ses conquêtes, il se vantait, mon dieu, il ne s'arrêtait pas. Et moi en bonne potiche je secouais la tête de haut en bas, comme ci j'acquiesçais à ses paroles.

Mais il était vantard, et inintéressant au possible, je mettais ma main devant la bouche pour éviter qu'il ne me voit bailler.

Mais avant que le dessert n'arrive, j'avais prétexté une migraine, pitoyable comme excuse, mais de l'écouter parler j'avais vraiment eu un énorme mal de tête. J'avais besoin de respirer, il me fallait de l'air frais. Je commençais à étouffer et paniquer.

C'est pourquoi me voilà dehors, en train d'enlever mes chaussures, et de courir en direction des arbres de ce parc si immense. J'adorais ce sentiment de liberté, sentir l'herbe verte sous mes pieds était indescriptible.

Je continuais de courir sans m'arrêter et sans savoir où j'allais. Je savais juste que c'était là ma place et que je me sentais bien.

J'en étais là de mes réflexions que soudain un grognement se fit entendre, ma première pensée fut que c'était certainement un chien errant.

Blackwell étant une ville réputée pour ses animaux qui errent un peu partout que ce soit des chats comme des chiens. Mais ces derniers temps des attaques d'animaux avaient eu lieu, un frisson me parcourra le corps.

Le grognement se rapprochait. Il était assez rauque et impressionnant, cela devait être un sacré gros chien.

Je me retournais pour voir d'où ce son provenait, quand soudain, devant moi se dressa un loup noir aux yeux verts foncés, immense.

Je me reculais instinctivement, craintive et admirative à la fois, la bête était magnifique. Je me cognais à un arbre, et je m'accroupi, mes jambes me lâchaient.

Mais sérieux, un loup ici. En général ils étaient plus vers les montagnes, je n'avais jamais entendu parler d'un loup en ville. Et celui ci était plutôt grand et costaud, il n'avait rien a voir avec les loups gris habituels. Je devais lever les yeux pour le regarder. Il devait faire au moins 1m60 au garrot.

Serait il le responsable de toutes les dernières attaques inexpliquées.

J'essayais de me rappeler les consignes de mon père chasseur lorsqu'on se retrouvait devant un prédateur.
Ne pas le regarder dans les yeux, ne surtout pas courir pour ne pas éveiller encore plus son instinct de chasse, et essayer de rester le plus immobile possible le temps que la bête passe à autre chose ou ne nous fonce dessus et ne nous mange. Oui je sais, il est à mourir de rire mon père.

Plus facile à dire qu'a faire en réalité. Ma salive se fit plus rare, j'avais la bouche et la gorge sèche.

J'eus l'impression que cela faisait plusieurs minutes qu'on était là a s'observer.
Alors qu'en réalité seulement quelques secondes avaient du se dérouler.

Au moment où le loup se rapprocha je fermais les yeux. je sentis son souffle chaud sur mon visage, et quelques une de mes mèches s'envolèrent.

Quand j'eus le courage de les  ouvrir à nouveau le loup avait disparu.

En rentrant en voiture chez moi, je me disais qu'il fallait absolument que je parle de cette rencontre à mon père, il ne me croirait jamais mais qu'importe cela lui changerait le moral.

Les loups de BlackwellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant