Chapitre 4 : La chute de la destinée.

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Le café réchauffa un peu plus James, il était doux et réconfortant, et cela l'éveilla un peu plus, surtout qu'il ne dormait pas vraiment ces derniers jours, il tombait juste de fatigue. Paul lui avait même apporté les restants de biscuit de la boutique, James se surprit à en piocher quelques uns, lui qui n'avait pas touché à la nourriture depuis quatre jours.

Le ventre un peu rempli, et la chaleur apaisante du café, James se sentit on-ne-peut mieux. La solitude l'avait pesé ces jours-ci, et la proximité de son ami de toujours le soulageait, il ne s'était pas rendu compte à quel point un ami était vital, surtout Paul.

Il avait rencontré Paul à ses début scolaires, c'était son compère pour les bêtises, c'était même son fidèle complice. Lorsqu'ils étaient convoqués au bureau du directeur, jamais ils ne se dénonçaient, alors ils étaient souvent punis ensembles.

Les années passèrent, et ils étaient toujours les mêmes : les deux sots de la classe, ceux qui se faisaient toujours virer des cours sous les rires des camarades. Ils embêtaient les pions, lançaient des boulettes de papier lorsque le professeur avait le dos tourné. Mais, jamais ils n'agressaient leurs camarades, sauf s'ils leur cherchaient des poux.

Lorsque James avait rencontré Ashley et sorti avec elle au lycée, il pensait que toutes ces bêtises étaient terminées, et qu'il se serait assagi. Mais il était parti définitivement de l'école à seize ans, ses professeurs disaient qu'il était un élément perturbateur, et que son avenir n'était pas dans les études.

Comme s'il le savait déjà.

James posa sa tasse de café vide sur la table et soupira pour chasser ses souvenirs qui se bousculaient. Paul leva les yeux vers lui et attrapa un biscuit sablé :

- Dis-moi franchement, comment tu te sens ?

James joua avec la cuillère avant de répondre :

- Honnêtement ? J'ai l'impression d'être passé sous un train dix fois, et qu'on ramasse mes restes à la petite cuillère. Je suis en morceau, complètement, je ne sais même pas si je peux construire à nouveau quelque chose. Je suis arrivé à un stade où...je ne vois même plus ce que je peux faire sans elle. Je ne sais même pas ce que je vais devenir, je ne suis qu'une merde putain.

James chassa les larmes qui menaçaient de s'écouler, sa gorge s'était de nouveau nouée, et il sentait la tristesse et le manque l'envahir. Il ne savait pas si c'était une bonne idée de parler de son ressenti, de toute façon, son ami se doutait qu'il était horriblement mal, à proprement parler.

Paul secoua la tête :

- Ne dis pas ça, Ashley n'aurait pas voulu que tu dises ça de toi-même. Il faut que tu te battes, mon gars, pas que tu te rabaisses. Tu as un gamin maintenant, et il aura besoin de toi.

James détourna le regard vers la vitre de la boutique, il recommençait à pleuvoir, l'averse s'acharnait sur le carreau, inondant presque le trottoir et quelques personnes se débattaient avec leur parapluie à cause de ce satané vent, d'autres courraient pour se réfugier en-dessous d'un abribus.

Un temps pourri tout comme son moral. Demain, c'était son enterrement.

- Ecoutes, reprit Paul, je sais à quel point ça peut être difficile pour toi, ta semaine a dû être un désastre, mais crois-moi, tout finira par s'arranger.

- Non.

- Quoi ?

James détacha son regard de la fenêtre pour se poser sur le visage surpris de son ami. Il répéta froidement :

L'Amour d'un pèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant