Tout a une fin

3.1K 221 62
                                    


Il faisait beau ce jour là. Quelques nuages assombrissaient le ciel. C'était le temps parfait pour aller à la piscine. Luna avait bien prévu son coup. J'enviais les autres et leur soirée piscine, enfin pas que j'aimais tellement me mettre en maillot de bain mais au moins je me posais pas de questions avec eux.

Le monde était comme sur pause. Tout le monde devait aller à la piscine de Nancy. Mon vélo grinçait, comme les voitures ne circulaient pas sur cette route, j'avais le plaisir de rouler au milieu. Le soleil éclairait encore le doux paysage de cette fin d'après-midi. Ma peau était parsemée de tâches de couleurs en fonction de l'éclairage du soleil. Les arbres encadraient la rue. Les branches étaient éclairées du soleil elles aussi. Et ces branches se reflétaient sur mon visage. Je pédalais aussi vite que possible. Mon sac menaçant de tomber à tout instant. Mes cheveux se soulevaient à la rencontre du vent et de la vitesse. L'hôpital commençait à se dessiner en face de moi. J'arrivai devant le bâtiment et me précipitai vers le garde vélo. Je balançai le tas de ferraille qui me servait vélo et me mit à courir vers les portes d'entrées.

Quand on entre dans un hôpital, c'est comme entrer dans un monde parallèle. Par là je ne dis pas que c'est comme dans un film de science fiction mais plutôt comme si le temps était coupé. Les murs sont blancs et recouverts de photos de patients ou d'associations. Tout est simpliste. Les gens sont triste pour la plupart, comme l'atmosphère. Certains patients se promènent avec leur machine. Le personnel porte une blouse de différente couleur pour le niveau je suppose. Chaque personne est mise dans une case comme si tout était contrôlé. Sauf la vie ni la mort. Chaque personne était habillée convenablement. Pour certains, ils étaient déjà trop tard, le mascara trahis toujours. C'était comme si les gens qui venaient dans cet hôpital avaient signé un engagement pour être dans une case. Tous pareil.

Et puis il y avait moi. Cette fille de 17 ans, les cheveux décoiffés par la rumeur du vent, et décolorés comme jamais. Avec son jean troué aux genoux, et son pull trop grand. Ma veste en jean pour couronner le tout. Moi qui était entrée en courant mais qui s'était stoppée face au monde. Comme un bloquage entre la société et puis moi..
J'avais passé ma main dans mes cheveux pour les discipliner puis je les avais attaché en une queue de cheval. J'avais esquissé un sourire léger et baissé la tête pour disparaître de ce monde auquel je ne trouvais pas ma place.

La dame de l'accueil était placée au fond de l'entrée. L'accueil n'est pas si accueillant que ça. Tout au fond c'était un peu repoussant, comme si l'hôpital nous criait dès l'entrée de fuir de cet endroit. Je m'approchai donc de ce bureau. La dame de l'accueil, parce que c'est comme ça que tout le monde appelle les dames à l'accueil, était petite et menue. Comme si elle aussi elle se cachait du monde. Elle avait des cheveux courts mais une frange qui lui cachait le visage si bien que je ne pus pas la voir au premier abord. Elle était concentrée sur des papiers et ne me prêtait pas attention. Je me raclai la gorge comme pour signaler ma présence. Elle ne dédaigna relever la tête. Sur sa blouse il y avait une petite étiquette avec écrit Monique dessus. Je me penchai, elle ne me voyait toujours pas.
- " Salut Monique, j'ai une question"
Monique releva enfin la tête et me fixa l'air perdu. Non non tu ne me connaissais pas. Elle regarda mes cheveux avec un air de dégoût cette fois puis inclina la tête pour ouvrir enfin la bouche.
- " Que puisse-je faire pour vous ? "
- " Je viens voir ma grand mère, Mme. Stevensen. Je suis la seule visiteuse mais elle a changé de chambre. "
" - Alexie Stevensen ? "
" - C'est moi ! "
Je m'étais mise à tourner sur moi-même pour faire une révérence. Elle me regarda comme si j'étais un monstre.
" - Chambre 134, continuez à droite après l'ascenseur. "
Je commençai à partir puis je me retournai et dis d'un sourire à Monique :
- " Bonne journée Monique. "
C'était décidé j'étais dans la case des filles bizarres. Et elle, trop ancrée dans la société. Comme ma mère.

Les sentiments perdus d'AlexieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant