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J'me rappelle de la première fois où on s'est embrassé, c'était dans l'métro, il était complètement bondé c'soir là, en même temps c'était l'heure de la sortie des boulots, alors on était tous serrés les uns contre les autres, c'était pas mal casse couilles, j'me souviens que j'avais peur qu'un pervers psychopathe s'en prenne à toi, j'étais dans une période de visionnage de thriller, ça me m'était pas mal d'idées bizarres dans la tête, en permanence.
Un mec vraiment chelou est monté à c'moment là, alors j'ai agrippé à ton bras et j't'ai tiré vers moi, pour "te protéger", toi t'avais rien capté, t'as écarquillé les yeux en grand mais t'as rien dis, tu t'es laissé faire, si ça avait pas été moi, et avec tes yeux qui t'servaient à rien, qui c'est ce qui aurait pu s'passer. Mais bref, j't'ai tiré vers moi, mais il y a le pied d'quelqu'un qui traînait pas là, et que tu n'a pas vu évidemment, et t'as trébuché dessus, faut dire qu'à ce moment là j'ai béni la personne à qui appartenait ce satané pied, parce que t'as atterri dans mes bras et j't'ai murmuré « t'inquiète pas Avril, c'est moi, c'est Stanislas », t'as pris mon visage entre tes mains et tu m'as embrassé, j'sais pas pourquoi t'as fais ça, et de toute façon ça a pas duré bien longtemps, trois quatre secondes à tout casser, mais ca avait ce p'tit truc de magique et d'original qu'j'avais jamais eu autre part ailleurs. La lumière fade du métro t'éclairait à peine, et t'étais belle comme un ange, j'avais embrassé un ange bordel et ça avait un goût de paradis, qu'est ce que c'était bon putain.
Les gens nous regardaient comme si on été des monstres, ils dévisageaient tes yeux, et toi toute entière, là pour le coup le monde te voyait, mais ça te faisait pas du bien comme d'habitude, tu devais sentir leurs regards sur toi, parce que t'as souris, un putain d'beau sourire, et t'as levé ton majeur vers eux, ils ont écarquillés les yeux de stupeur, et moi j'me fouttais de leur gueule comme un idiot, mais c'était tellement drôle, et toi aussi tu riais, et j'savourais ton rire comme une musique envoûtante et prenante qui résonnait là, tout de suite, dans le métro bondé de la ligne A, d'un vendredi soir banal, mais qui est d'venu inoubliable grâce à toi.

avrilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant