Chapitre 1

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    "Pandora ! Réveille-toi ! On mange !"
J'entendais ma meilleure et unique amie Ana qui m'appelait pour déjeuner. Je m'efforçais de sortir de ma couette pour y aller mais j'entendis les bruits horripilants d'une personne qui se faisait probablement torturer en public dans la rue.
    "Ça va ? demanda-t-elle
- Ouais mais j'ai super faim qu'est-ce qu'on mange ?
- Bah pas grand chose comme d'hab', j'ai réussi à voler des pommes chez le marchand au coin de la rue, tiens prends !"
    Ana et moi vivions au 15ème étage d'un hôpital abandonné dans la ville de Novoba, nos parents ayant été tués lors des attentats de l'aéroport de la ville il y a 2 ans. Les attentats se sont multipliés depuis la venue sur le trône de Maximillio et sa femme Katerina il y a 3 ans, il ont à peine 1 an de plus qu'Ana et moi et sont beaucoup trop immatures pour régner sur le monde selon moi.
"On va à la therma ? demanda Ana
- Ouais on devrait y aller là, ça fait 1 semaine qu'on ne s'est pas lavées"
La therma était une petite source d'eau chaude à côté d'un volcan qu'on avait découverte en explorant la forêt autour de la ville à seulement une petite heure de marche de l'hôpital abandonné. La température de l'eau était idéale pour se laver ou même se détendre. J'adorais me détendre et admirer ces terres sauvages à la température glaciale qui s'appelait autrefois la Sibérie.
Nous nous mîmes en route pour la therma, armées chacune d'un arc au cas où nous croiserions un cerf ou même un lapin pour manger, la viande se faisant rare à cause de la "crise" que nous soupçonnions être un plan pour que seuls les habitants de la capitale, Nochka, la seule ville qui ne soit pas dans la misère, puissent y avoir accès dans l'espoir de faire déménager le peu de richesses du reste du monde. Auparavant, Nochka s'appelait "Chicago"et était située à côté d'un lac qu'ils ont épuisé en à peine un siècle.
Une fois arrivées, nous nous déshabillâmes et rentrâmes dans l'eau instantanément. Je contemplais mes cheveux noirs et très épais et les comparais à ceux d'Ana, épais aussi, mais presque blancs. Ana était l'incarnation même de la beauté, en comparaison j'étais insignifiante.
"T'as entendu parlé de cette coalition contre le roi qui se forme ? demandai-je, les rumeurs disent qu'ils viendront faire un discours sur la place du marché dans une semaine.
-Ouais et de toute façon on va forcément devoir aller voler quelques fruits et ils répéteront leur discours toute la journée en boucle donc on pourra aller voir, si ça aboutit je prendrai peut-être parti.
- Peut-être ?! m'exclamai-je, tu peux être sûre que si ça aboutit je prends parti et je sais que toi aussi, parce que t'aimerais pouvoir être libre d'apprendre, tout comme moi"
Nous étions toutes les deux passionnées par les ruines mongoles de la forêt et rêvions de pouvoir déchiffrer une des fresques un jour mais cette foutue dictature nous empêchait d'apprendre. Rien que savoir lire et écrire était mal vu par le reste de la population.
Au bout d'une heure à discuter dans la therma, vers 8 heures, nous décidâmes de repartir vers l'hôpital pour essayer de mettre deux lapins que nous avions tués à conserver pour aujourd'hui et demain.
En arrivant devant l'hôpital, nous vîmes une énième personne se faire torturer en public, probablement un intellectuel qui donnait des leçons de mathématiques à des gens curieux. Le roi Maximillio et sa famille considéraient que savoir lire, écrire, compter, parler une autre langue, ou encore savoir comment fonctionne le corps est inutile. Donc personne ne devait le savoir si la famille royale ne le savait pas, logique implacable. Je haïssais la loi Phillippio sur l'accès à la connaissance car j'aurais aimé pouvoir apprendre quelque chose de manière légale, sans risquer ma vie et ma liberté.

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