Love is Pain

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Se dire que l'amour mène à la douleur est faux. Quand on aime, on ressent tellement d'émotions qu'on ne peut pas toutes les énumérer. On se dit "ouais, aimer c'est être accro, être jaloux, forcément".

Non.

L'amour, c'est comme dans la vie. Il y a des choix qu'on nous impose, mais il y a toujours moyen de choisir le bon. Ne jamais se laisser dicter sa conduite par quelqu'un, même si c'est la personne que l'on aime le plus au monde. Je crois que c'est ce qui m'a toujours fait défaut. Je suis sortie avec pas mal de garçons. Il faut croire que mes fichues binocles sont un atout charme pour ses messieurs, qui sous n'importe quel prétexte viennent me draguer.

Tenez, l'autre jour par exemple. J'étais à la supérette de mon quartier pour acheter des tampons (vu que ces foutues règles se sont pointées avec deux jours d'avance) et je me suis faite draguer par un blaireau de type deux, comprenez "forceur". Il me suivait dans tout le magasin, et à la caisse, j'en ai tellement eu marre que je lui ai dit que j'avais des problèmes gastriques. Bizarrement, il est parti aussitôt et j'ai enfin eu la paix. En rentrant dans mon petit chez moi, un autre abruti m'a klaxonné au volant de sa voiture flambant neuve. Je lui ai fait un doigt d'honneur avant de rentrer en coup de vent. Je me suis retournée, et j'ai automatiquement souri pour éviter de répondre aux questions de ma mère concernant la perte tragique de mon sac Chanel (comment aurais-je pu savoir qu'il y aurait autant de monde dans le métro?). Elle passe sa tête par la porte de la cuisine, et me sourit de ses dents écartées.

-Ta journée s'est bien passée?

Excepté le fait que je me suis pris le plus gros râteau de ma vie, que ma meilleure amie ne répond pas au téléphone et que mon père est en voyage d'affaires, oui, tout va très bien.

-Comment d'habitude, rien de spécial, dis-je en haussant des épaules.

Elle essuie ses mains pleines de farine sur un torchon à carreaux, et replace une mèche de cheveux derrière son oreille. S'il y a bien une chose dont je suis sûre, c'est que je n'ai pas été adoptée. J'ai hérité des yeux gris de ma mère, mais également de sa myopie. J'ai la même silhouette fine qu'elle, et ses fossettes quand elle sourit font partie intégrantes de mon visage.

Mon portable qui vibre dans ma poche me ramène à la réalité, et je fonce dans ma chambre en prenant soin que ma pancarte "ne pas déranger" soit bien mise. Par réflexe, je ferme les stores, je me jette sur mon lit et j'attrape mon ordinateur portable sur mon bureau. Je tape le mot de passe en fermant les yeux, et la boule qui se forme dans ma gorge revient en force. La photo d'Ian et moi en fond d'écran me ramène brusquement à la réalité. "Il va falloir que je la change" pensais-je malgré moi.

J'ouvre la fenêtre de Facebook et vois une notification sur la page de ma meilleure amie. Lucy pose en maillot de bain dans sa piscine, avec une citation en anglais que je traduis. "Toutes les bonnes choses ont une fin". Il n'y a que moi qui sait de quoi elle parle, et certainement pas tous ses prétendus amis sur Facebook.

Les meilleures amies ont des codes secrets. Lucy n'a qu'à mettre une photo d'elle avec une citation dans une autre langue que la nôtre pour que je sache qu'elle veut me parler. Je compose son numéro, et deux sonneries à peine retentissent qu'elle me répond.

-"Hey!

Sa voix me réconforte tout de suite, quand j'entends des halètements rauques.

-Lucy, pitié, dis-moi que tu n'as pas une quelconque activité à penchant sexuel en m'ayant au téléphone?

-Mais non! Je suis à mon cours de gym, tu me prends pour qui? me demanda-t-elle en riant.

-Pour une perverse en manque de sexe, c'était quand la dernière fois déjà?

-Un mois, c'est trop long d'attendre! Le prof m'aime bien, tu crois que je devrais tenter un truc?

Je pose mes jambes contre le mur, et je mets à jour Snapchat.

-Ecoute, tu connais déjà mon avis sur la question. Plus âgé, c'est niet. Il a quel âge d'abord? Quarante?

-Mais n'importe quoi! Quarante c'est trop vieux! Trente-deux, et il est célibataire!!!

Je souris, tant en répondant.

-« Tarée. »

Sa réponse arrive immédiatement.

-« Moi aussi Jtm<3 Bon, c'est pas que je m'emmerde, mais il me fait signe d'aller devant pour la démonstration, c'est chaud!

-Ok, j'ai compris. Love love<3

-Bisous!

Une fois que j'ai raccroché, j'ai à nouveau cette sensation de vide qui s'empare de moi. Comme si le téléphone était un monde qui nous raccrochaient l'une à l'autre, pour finalement nous éloigner. Une larme coule le long de ma joue, je l'attrape avant qu'elle ne tombe sur mes draps immaculés. Je me lève, mets mon jogging préféré et mon teeshirt tellement grand qu'il m'arrive à hauteur des cuisses. J'attrape mes écouteurs et ouvre une page YouTube.

Je tape All We Have de MGK dans la barre de recherche et sélectionne le clip vieux de quelques années. La musique retentit dans mes oreilles, et instinctivement je jette un œil dehors. Le ciel est gris, plein de nuages qui empêchent de voir le soleil. Habiter dans un appartement à des bons côtés, comme par exemple avoir une terrasse privative sur le toit où je vais quand je suis mal, je m'assois sur le rebord et je regarde l'horizon. Ce soir, il va y avoir de l'orage. Je déteste ça. Mais contrairement à ma mère, aucun mari attentionné ne va venir m'enlacer en me rassurant.

Premier chapitre assez court, j'espère qu'il vous plaît ;) Cette fiction est dans ma tête depuis un moment, ça me fait tout bizarre de la partager, c'est un peu mon bébé<3 MGK est un grand artiste, et je peux dire que c'est grâce à lui que j'ai le courage de vous poster cette histoire tirée de mon imagination (et je dois l'avouer, de lui<3) Gros bisous, et Lace up<3

EvenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant