À nous six

Jack

  Photo : @akszirules sur deviantart

  La nouvelle a de la réplique, ça me plaît ! Enfin quelqu'un qui va se monter un peu contre moi, ça me fait bien rire. En même temps, avec une couleur de cheveux pareille, il n'y avait qu'un nez relevé et un air fier qui pouvait coller. Je n'ai jamais vraiment trouvé les rousses très jolies (surtout les roux) mais elle c'est différent. Elle a une beauté enfantine et fraîche avec une pointe de sauvagerie qui lui donne du piquant. Quelque chose me dit que je vais rapidement devenir son ami.

  La main d'Elsa se glisse dans la mienne tandis qu'on se dirige tous vers la cafet'. Elle est souvent comme ça, quand il y a des gens nouveaux autour de nous. Comme si moi, Jack Frost, pouvait renfermer sa magie dans ses paumes rien qu'à l'aide de mes mains. Ou peut-être qu'elle pense me donner sa magie comme ça, parce qu'elle sait que je maîtrise mieux qu'elle. Je ne sais pas. Elsa porte des mitaines depuis que le trio diabolique s'est moqué de ses gants, il y a deux ans. Aurora, Belle et Blanche, elles sont avec nous et nous pourrissent la vie depuis bien trop longtemps, ces trois-là.

  Finalement dans l'endroit le plus chouette du campus (parce que c'est là qu'on mange), je hurle le nom de mon abruti de meilleur ami, Eugène. Lui, je le connais quasiment depuis que je suis né. Quand on a rencontré Harold, autour de nos dix ans, il s'est tout naturellement greffé au duo pour former un trio, comme s'il nous manquait un troisième gars.

  Eugène, c'est comme mon frère. On se connaît depuis trop longtemps pour pouvoir s'engueuler et je tuerais pour lui, comme je le ferais pour Har'. Je sais qu'ils feraient la même chose pour moi. On s'est juré, quand on a rencontré Harold, de ne jamais se séparer. Je crois qu'on a même fait une sorte de cérémonie où on s'est mis front contre front et où on s'est piqué le pouce pour faire frère de sang. On étais cinglés, quand j'y pense. Enfin, on l'est toujours un peu...

  Harold, c'est autre chose. Je le connais depuis moins longtemps mais je l'aime tout autant qu'Eugène. Notre relation est différente parce que lui a réellement fait partie de ma famille...

  Je cours pour sauter sur mon meilleur ami, ce qui fait lâcher ma main à El. Eugène arrive à me rattraper mais vacille tellement qu'il s'écroule par terre.

  - Espèce d'abruti ! Je savais qu'on y arriverait pas ! hurle-t-il en riant. T'as vu ton poids aussi ?

  - Mon poids ? Tu veux qu'on parle du tien ?! répliqué-je.

  Je le chatouille en criant à Raiponce de m'amener une corde pour ligoter cette horreur que j'ai réussi à maîtriser. La jolie blonde est tellement morte de rire qu'elle n'arrive presque plus à respirer. On lui fait toujours cet effet, avec Eugène, quand on fait les cons. Maintenant que j'y pense, c'est plutôt bien qu'Harold nous ait rejoints. Il retient nos ardeurs et calme nos idées folles. Grâce à lui, on ne s'est jamais tués et on n'a jamais fait de vraiment grosses bêtises. Grâce à lui et à Raiponce.

  Elle est la fille la plus douce et la plus adorable qu'il m'ait été donné de rencontrer. Eugène ne l'aimait pas au début, il la trouvait un trop douce, trop "petite fille" et lui, il préférait les filles un peu rock'n roll avec piercings et mèches violettes ou vertes. Et puis, il l'a vue dessiner. Je crois que je me souviendrai toujours de son visage à cet instant.

  Raiponce est le genre de fille à faire ce qu'elle veut en se fichant du regard ou de l'avis des autres. On dirait qu'elle ne les voit même pas... Elle est arrivée un matin, pieds nus, et s'est assise au milieu de la cour avec un vieux panier de craies comme celles que l'on utilisait quand on était petits. Lorsqu'on venait lui demander pourquoi elle n'était pas en cours, elle répondait simplement que sa prof d'Art lui avait libéré deux heures, le matin, pour un projet. Rapidement, on a compris qu'il ne fallait pas la déranger parce qu'elle a posé un casque mauve sur ses oreilles et s'est mise à dessiner, à la craie, en articulant silencieusement des paroles de chanson. Au milieu de la cour, un tournesol géant a fleuri sous ses mains. Peu à peu, on s'est approché, on a admiré et on s'est mis à dessiner avec elle. C'était à celui qui ferait le dessin le plus vif, le plus coloré. Tous se rattachaient à la fleur du soleil que Raiponce ornait de fioritures.