Les croissants du petit garçon

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Il marchait vite, son seul but ; atteindre la boulangerie. Son chemin était accidenté de divers événements ; mais ce qui l'importait c'était la fameuse boulangerie.

C'était une grande boulangerie. Sur le fronton y était écrit quelque chose comme "Boulangerie chez Jean-Louis, croissants garantis". Tout le monde se disait que c'était un slogan très peu recherché, qui sortait de la créativité d'un abruti de boulanger qui se pensait bon poète. Mais cela importait peu à notre garçon ; il préférait largement la grande et longue vitrine qui devançait les viennoiseries en tout genre ; cette vitre plus grande que l'on ne pourrait penser, était devenue le dernier obstacle, la délivrance de son estomac gargouillant. Malgré la claire brillance de la vitre, qui en devenait presque un miroir, le petit bonhomme, voyant son ventre bien gonflé de son repas précédant, guidé par la gourmandise, ne renonçait pas à se gaver un peu plus.

Le problème n'était pas que notre petit héros se gave de nourriture, n'a-t-il pas le choix de manger à son envie ?
Seulement qu'avaient amenés les événements sur son chemin ?

Le premier fut une femme, elle avait une cinquantaine, bien qu'elle en paraissait quatre-vingt pour le jeune personnage. Son problème était moindre ; elle s'était tordue la cheville. Le garçon aurait pu la rattraper, mais il fit choix de l'esquiver pour arriver au plus vite à son butin tant espéré. La tête de la pauvre dame buta contre une poussette projetant le bébé qu'elle couvait dans la trajectoire d'un camion. La poussette éventrée, le pare-brise fissuré, la dame étendue au sol, le garçon continua son voyage.

Arrivé à mi-chemin, un homme était en train de repeindre ses volets du premier étage. N'arrivant à les décrocher, il avait décidé de se percher à une échelle. Celle-ci était d'un certain âge, ce qui expliquait pourquoi elle serait tant instable. Pour l'équilibrer l'homme fut obligé de poser une partie de l'échelle dans la rue. L'échelle prenant la moitié du passage, les gens se refusaient à passer sous l'échelle (certain dirait par superstition, d'autre par stupidité) ; peu étaient ceux qui s'aventurer sous l'échelle.
Notre petit homme ne réfléchissait pas à la raison de cette foule. Son ventre grondant d'impatience, il poussa comme il put pour se frayer un chemin à travers la foule, certains trébuchant, d'autres grognant sur le garnement. Mais le hasard devint funeste lorsque l'enfant fit trébucher, sur l'échelle peu solide, un vieillard. L'ancien n'arriverait au bout de ses peines qu'après avoir reçut le peintre amateur, ayant perdu tout équilibre. L'homme tomba de tout son poids sur le squelette fragile du vieil homme, qui se plia de façon surnaturelle. L'homme, lui non plus, ne se releva pas de sa chute. Quant au garçon il continua son voyage.

Arrivé à la boulangerie le garçon ne put retenir ses larmes et cria en haletant entre deux sanglots. Le garçon ne pleurait pas d'avoir causé tant de torts ; pourrait-on seulement dire que c'était une personne qui pleurait ? Car si le jeune personnage pleurait, c'était par gourmandise : sa boulangerie adorée était fermée.

La gourmandise de ce garçon est anodine. Pourtant elle cause de grands maux. Comme pour l'avidité, la poursuite de ces vanités ne sont pas dangereuses en soit, mais elles peuvent nous pousser à causer la perte, non seulement des autres, mais aussi la nôtre quand ces choses vaines ne seraient plus.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 23, 2019 ⏰

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