II. Réelle rencontre.

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02h56. Plus que trois heures et je me "lève" pour me préparer pour aller au bahut. Je continue d'écrire mais je commence de plus en plus à somnoler. La plume ne me tient plus et je ne tiens plus la plume.

Quand je ferme les yeux, je vois les siens.

Tout est noir. Aucune lumière sauf une lueur qui approche et je vois ses yeux. Ses yeux perfides. Ses yeux pervers. Ses yeux malsaints.
Ils insistent. Ils percent les miens. Je me sens si nulle quand il me regarde. J'ai l'impression de n'avoir aucune valeur, de ne plus servir à rien. J'ail'impression qu'il faut que je le suive et que le monde ne s'en portera que mieux.
Ses yeux se rapprochent,j'arrive à apercevoir son sourire. Ses dents blanches, pointues, ses gencives noires. Son nez luit. Il a la peau grasse. Le blanc de ses yeux ne l'est plus : il est rouge. Son sourire se fige puis disparait d'un coup ! Il me prend par le bras violemment et me tire ! Je neveux pas, je lui résiste. J'entends sa voix grave murmurer "Tues à moi !". Il répète cette phrase. Je l'entends de plus en plus. De plus en plus proche de moi. "Tu es à moi !"
Je suis maintenant assise sur une chaise, pieds et mains liés ! Je sens que les cordes me serrent, la douleur est supportable. Je regarde autour de moi, il n'y a rien. "Tu es à moi !" Je suis dans une pièce noire,entièrement noire, et je l'entends dans mon oreille gauche ! Il est là, je sens son souffle. "Tu es à moi !"
Le froid d'une lame de couteau sur mon cou. Il l'appuie contre ma peau. "Tu es à moi!" Je lui réponds : "Je ne serai plus à toi si tu me tues!" La pression de la lame redescend. Le bruit du métal tombant sur du carrelage, il a laché le couteau. Je ne le sens plus, je ne l'entends plus respirer. Il est parti.
"Tu es à moi !TU ES A MOI ! TU ES A MOI !" Les voix se rapprochent, elles hurlent maintenant ! Il n'est pas parti ! Je l'ai énervé ! Je vais le regretter, je le sens ! AAAAAÏÏÏÏEEE !!! Il vient de me mordre le bras !! Je sens que je saigne, la douleur est si vive ! Je sens mon coeur battre dans mon bras, ça me lance !
Comment fait-on pour résister à tout ça ?! "Ce n'est qu'un rêve, réveille-toi Andréa ! Il n'existe pas !" Et pourtant, j'ai si mal ! "Tues à moi !"
"Raccroche toi à la réalité, assise et liée dans le noir, ce n'est pas possible Andréa.. Un fantôme ne peut pas mordre ! Le Marchand de Sable non plus ! LES MONSTRES N'EXISTENT PAS !!"
"TU ES A ...

- Wwouuf ! Wouuuf !"

... ??!

J'ouvre les yeux. Ce clebard hurleur vient peut-être de me sauver la vie !! J'aime ce chien insupportable !J'espère que je n'ai pas hurlé vraiment, j'espère ne pas avoir réveillé mes parents ! Aïe ! Ca s'annonce mal..Je vois la lumière du couloir s'allumer. J'entends mon père se déplacer...

...
"Saleté d'chien !"bougonne-t'il.
...

Ouf ! C'était pour aller aux toilettes... Je devrais avoir l'habitude depuis ces cinq jours !Il se lève toujours vers 5h... CINQ HEURE ?! J'ai dormi plus de deux heures ?!
C'est pourtant passé si vite, et j'ai eu tellement peur de ne pas m'en sortir...
... MON BRAS !!
Je ne sentais pas la douleur jusqu'à avoir regardé ! C'est tout rouge, je saigne un peu... Aïe, finalement, il faut que j'aille dans la salle de bain...
Aller papa, dépêche toi de te recoucher..! S'il me voit me lever pour aller à la salle de bain, s'il voit que je ne suis pas en pyjama.. Je sens la crise et ma fête demain matin !

05h16. Ca y est,il s'est recouché. À mon tour d'y aller ! Je me dépêche en faisant toujours attention à ne pas faire de bruit. J'entre dans la salle de bain et allume la lumière. Je ferme la porte et ouvre celle de l'amoire à pharmacie.
... Des antibiotiques...Non. Les antidépresseurs de ma mère... Non plus ! ... Ah ! Le désinfectant et les bandes ! ... Je referme la porte de l'armoire et regarde mon cou. Ouf, juste un peu rouge, mais pas de coupure...
Je me passe le bras sous l'eau pour nettoyer un peu la plaie. Il m'a mordu tellement fort quel'eau me fait mal. Ses dents pointues m'ont transpercé la peau. On voit bien les marques. D'ailleurs, il lui en manque deux et cinq sont usées !
Parmis le sang et la rougeur, il y a des traces noires. Sans doute la saleté de ses gencives qui s'est incrustée tellement il a mordu fort ! J'essaie d'y frotter tant bien que mal, ça ne part pas. Cette plaie n'est pas très belle. Je prends une serviette et la mord pour pouvoir me désinfecter sans hurler trop fort. Ca ravive la douleur qui nem'avait pas vraiment quittée. Ma technique fonctionne plutôt bien... Je me bande le bras, range le bazar et je retourne dans ma chambre en silence.

Je n'en reviens pas. Il y a cinq jours, c'était juste des cauchemars qui me réveillaient 1 à 2 fois par nuit. Et plus les nuits passent, plus les cauchemars s'intensifient. Chaque nuit, j'ai vraiment l'impression d'y être.
Ces rêves à la première personne, où l'on ne se voit pas et où l'on vit le rêve. Cette fois, je l'ai vécu ! J'en ai la preuve !! Il n'y a absolument rien de rationnel là-dedans. J'aimerai tellement en parler à mes parents. Leyla sait tout ça, mais elle ne vit pas avec moi et ne peut pas me réveiller à chaque fois que je dors..! Non, elle peut dormir la nuit.. La chance ! Il faut que je lui raconte ce qu'il vient de m'arriver !

Il est 05h39, je nettoie ma plume qui a séché et je continue d'écrire mon histoire. Je neveux plus dormir ni m'assoupir "5 minutes" ! Je bois un peu de Coca en espérant que ça me tienne jusqu'à six heures !



Le marchand de sableWhere stories live. Discover now