"- Gaston !" grogna un chef en glissant sur une table avec empressement un plateau empli de petits fours à l'aspect délicieux.
Le jeune homme, esquivant une servante fort affairée, se saisit du plateau et essaya de se frayer un chemin parmi les petites mains qui fourmillaient dans la cuisine. Se balançant tantôt à droite, tantôt à gauche, balloté par les mouvements incessants de la foule, il parvint néanmoins à s'extraire de la masse des employés pour atteindre le couloir.
Face au long couloir, spécialement décoré pour l'occassion, le jeune serviteur eut un instant d'absence. Ce même couloir, habituellement si froid et sombre, dont le plafond gardait les traces d'humidité venant des cuisines tant le couloir n'était pas aéré, était somptueux. De longs rideaux de velours pourpres, assortis au tapis déroulé au sol, ornaient les fenêtres. Des chandeliers suspendus au plafond illuminaient la pièce. Enfin, deux gardes sillonaient le couloir, dans des armures dorées, chose assez rare au demeurant, le couloir n'étant pas surveillé en temps habituel.
Evidemment, le duc avait tout mis en place pour ébahir ses invités. Ses bals annuels étaient forts attendus par la noblesse et la bourgeoisie, qui exultait dans l'opulence de ces soirées, mais ils étaient surtout un moyen pour le Duc d'asseoir encore plus sa puissance, en noyant ses invités dans des richesses qu'ils ne pourraient jamais atteindre. Pour un bourgeois ou un petit noble de la province, être reçue par le Duc était un fort symbole d'existence à leurs yeux, aussi s'en contentaient-ils et ne remettaient jamais en cause ce homme autoritaire, qui daignait les convier dans des soirées fastueuses.
Gaston observa son habit de page, orné de motifs brodés au fil d'or, qu'il portait exclusivement pour l'occassion et soupira.
" - Tu bouges ?! maugréa l'un des gardes.
Le jeune page avança, tenant d'une main le plateau des délices. Il s'avança alors dans la salle de balle, décorée aux mêmes couleurs que le couloir. De pourpre et d'or, la plupart des invités avaient respecté le dress code et avaient visiblement beaucoup dépensé en tenues et en soins dans l'espoir d'être aperçu par le Duc. La salle, carrée, était recouverte d'une moquette violette, assortie aux rideaux de velours de la salle. Les chandeliers, tombant du plafond ou accrochés à des murs, éclairaient la salle. Beaucoup de personnes étaient debout, autour d'une longue table rectangulaire autour de laquelle était assis le Duc et des notables de sa cour.
Les personnes debout étaient de plus petits nobles, ou des bourgeois, qui se délectaient du spectacle. Tandis que le duc et ses invités avaient sur le table un véritable festin, les autres invités devaient se contenter de petits fours. Gaston alla justement déposer le plateau.
A la table du duc, l'on riait grassement. Ces rires se propageaient par léger écho dans le groupe des invités debout, qui ne comprenaient pas trop pourquoi ils riaient. Soudain, le duc prit sa coupe dorée et la frappa délicatement pour appeler au silence. Une fois que la salle fut rapidement silencieuse, il se leva, puis, de sa main droite, invita la baronnesse assise à ses côtés à se lever. En bout de table, au centre de la pièce, quiquonque arrivait depuis la porte d'entrée voyait, au milieu des convives, les deux seigneurs debout.
Le duc s'éclaircit la voix et commença :
" - Mes chers amis ! Je vous remercie d'être venus tous aussi nombreux à ce bal annuel ! Cette année, j'ai bon nombre de nouvelles à vous donner, ainsi, avant de procéder aux festivités, je vous invite à faire silence et m'écouter durant ces quelques minutes.
"Tout d'abord, je tenais à tous vous remercier dans vos attributions respectives cette année. Les rues sont plus saines, les impôts enfin payés à temps. Je souhaitais remercier en particulier le marquis d'Arvinci pour sa vigilance toute particulière quant à ce dernier point. Pour le remercier, une voiture assortie de deux des pur-sangs de mon écurie personnelle lui sera donnée, à titre d'exemplarité.
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FantasyL'hiver est rude dans cette ville du Nord-Est du pays. Sous le joug d'un duc impitoyable, un groupe de voleurs tente de rétablir l'équilibre entre bourgeois enrichis et peuple opprimé. Prospère, cette guilde n'a cependant peut-être pas à coeur tous...