Le malade imaginaire

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Je vais bientôt mourir. Je le sais mais, je ne pensais pas aussitôt.Comme tous les humains je croyais vivre assez longtemps pour découvrir le monde. Hélas, mes absences sont de plus en plus répétées et mes instants de présence moins fréquents. Dans mes premiers temps, j'étais toujours actif, je dormais très peu et travaillais beaucoup pour satisfaire. Toujours à l'affût, dans mon domaine on peut être appelé à n'importe quel moment. Secourir,encourager, réconforter... Cela me plaît, l'adrénaline qui monte à chaque nouvelle mission, la victoire d'avoir pu être utile, ne pas savoir ce que sera fait demain. Maintenant les choses ont changé,j'ai peur de m'en aller. Malgré mes croyances, j'espérais partir plus tard, beaucoup plus tard, même jamais.

Les êtres comme moi ne côtoient pas tellement leurs semblables, parfois ils ne croisent jamais leur chemin. Pour dire vrai, je n'en ai vraiment rencontré qu'un à une fête d'anniversaire. Il m'a prévenu de ma mort prochaine mais comme toute personne je ne l'ai pas écouté préférant fermer les yeux sur la triste vérité. Pourtant, comme dit un proverbe chinois "Les vérités qu'on aime le moins entendre sont celles qu'on a le plus intérêt à savoir"désormais ce proverbe me tient lieu de principe.

Peu de gens ne vivent qu'au travers du regard d'autrui ; je fais partis de cette catégorie. Je voulais que quelqu'un d'autre croît en moi,pas qu'une seule personne.C'est l'unique à me voir, à me parler, à me confier ses secrets,ses craintes, ses envies... Les autres font semblant je le sais, ils croient me voir ou ignorent ma présence. Ses parents par exemple dénigraient notre relation hors du commun. Ils ne comprenaient pas qu'elle puisse avoir besoin de moi. Au départ, ils se méfiaient de notre fréquentation, ils faisaient leur possible pour m'écarter d'elle. Ils disaient la protéger de mes intentions. Mais les connaissaient-ils ? Je suis surtout là à cause d'eux, de l'histoire qu'elle vie par leur faute. Je peux comprendre qu'ils n'apprécient pas que je surgisse dans sa chambre à toutes heures mais, si je sonne m'ouvriraient-t-ils ? Je suis sûr que non, ils nem'entendraient même pas. Personne ne m'écoute à part elle. C'est dur parfois de n'exister que dans l'esprit/le cœur d'une seule personne.

Pour rallongé ma présence sur Terre, j'aurai pu lui rendre la vie impossible. J'aurai pu la convaincre des pires choses étant donné qu'elle me croît tout le temps, ainsi elle aurait continué d'avoir besoin de moi. Que je sois de nouveau indispensable pour elle. Plus elle vit joyeusement, plus je meurs. Vice versa, je vis plus longtemps si elle vit un enfer. Même si tout cela est totalement contraire à mes attributions, je n'ai pas hésité une seule seconde à changer mon comportement à son égard. Je serais présent auprès d'elle aussi longtemps qu'elle voudra de moi. C'est elle qui fait battre mon cœur. Sans elle je ne vis.

Cette fille est unique. C'est la seule à me voir tel que je suis.Elle ne s'attendait pas à mon arrivé mais a appris à me connaître et moi de même. Je me souviens encore du jour de notre première rencontre... Elle ne remonte pas si loin, à quelques années tout juste. C'est à ce moment précis que je me suis senti existé pour la toute première fois. Sa vision troublée débordante de larmes mais quand elle m'a vue son regard a changé, elle est devenue heureuse. Cette toute première once de bonheur qui s'illumine de plus en plus, de plus en plus depuis que j'ai débarqué dans son univers. Et depuis je fais mon possible pour que brille dans ses yeux la joie de vivre alors que dans les miens elle disparaît peu à peu.

Aujourd'hui,son indifférence me tue un peu plus chaque jour. J'ai envie de lui parler sans cesse, de retrouver celle avec qui je rigolais pendant des heures, qui me taquinait, celle que je prenais dans mes bras pour la réchauffer/consoler dans ses chagrins... Lors de ces moments sombres, j'étais là. Dans toutes ces peines, je l'épaulais. Dans toutes ces confusions, je la conseillais. Dans toutes ces colères,je la contrôlais. À toutes ces questions, j'y répondais. Je ne souhaite pas oublier ces moments n'appartenant qu'à nous. Pour l'instant je vais les mettre de côté en attendant le jour où je pourrais y repenser sans avoir de la tristesse mais de la joie de le  savoir partagés avec elle. Personne ne sait me redonner la chaleur d'exister comme elle le faisait si bien. J'aurais juste besoin d'entendre sa voix me chuchoter de rester encore. Encore.

J'assiste petit à petit à l'extinction des étoiles qui brille dans ses yeux quand elle me regarde, cela me ronge. Je ne lui en veux pas. Pourquoi lui en voudrais-je ? Je ne peux pas détester une fille avec qui j'ai partagé toute ma vie. Même si celle-ci nous expulse de sa vie et de la mienne pour passer à une autre étape. Je ne sais, si elle se rend vraiment compte de notre situation. De notre imminente séparation. Peut-être tout se termine-t-il avec le temps, mais je sais une chose, au fond de moi, je l'aimerais toujours, peu importe si elle m'oublie, quoiqu'il se passe, il y aura toujours ce petit bout de moi qui l'aimera jusqu'à la fin, jusqu'à l'éternité.

À la rentrée, elle monte en grade, elle se croît grande mais ne se doute pas qu'elle n'a pas vraiment grandit. Elle sera toujours aussi insignifiante aux yeux du monde, une simple petite poussière au milieu de cet Univers.


 Arrivé au bout du chemin, je ne sais plus ce que j'ai réussi ou pas.S'est-elle épanouie ? Se souviendra-t-elle de moi ? Revivrais-je un jour en tant qu'ami imaginaire ?

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 06, 2016 ⏰

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