Début du rêve"Solam ! Solam !"
Je me retournais, en sursaut. La voix venait de l'armoire.
Mais Solam, entendre des voix, c'est pas normal. Je me suis obstinée à fixer le mur devant moi.
"SOLAM ! SOLAM, AIDE-MOI, JE T'EN PRIE !"
Mais je continuais à ignorer. Et la voix finit par se taire. Je continuais à écrire dans un carnet, mes longs doigts étrangement froids, presque glacés; sensation étrange, même désagréable, comme un regard qui pesait lourd froidement sur ma nuque. Je finis par me convaincre, m'autopersuader de façon absurde et hypocrite avec ma propre conscience, que j'avais rêvée cette voix. Mais je sentais toujours un malaise profond en moi, comme si quelque chose n'allait pas. Pourtant... Tout ne va-t-il va bien ?
Je me suis levée, sans vraiment savoir pourquoi. Et je vis le sang, sombre et poisseux, s'écouler de l'armoire. J'ai hurlé.
Le rêve changea. J'étais sur le toit d'un immeuble. Des bourrasques de vent s'engouffraient violemment dans mon fin coupe-vent. "coupe-vent"... Un bien joli mot pour peu de choses; en l'occurence, le vent me poussait presque jusqu'en dehors du toit. Je l'ai senti. Alors je me suis tournée. Et je l'ai vue.
Elle était là.
Assez floue, en fait. Comme si mon rêve était incapable de m'en faire une description nette. Peut être voulait-il me préserver de l'atrocité. Pourtant, elle ne m'en paraissait que plus réelle. Un aura sombre l'entourait. Elle hurlait. Je me suis forcée à écouter ce qu'elle me disait.
"Tout ça est de ta faute, Solam ! Regarde-moi ! Regarde ce que je suis devenue ! TOUT CA, c'est de TA faute, Solam. Ta faute. Je suis morte. Tu n'as pas réussi à me sauver. (sa bouche se tordit en une grimace de dégout pur et franc) Tu es tellement lâche, Solam. Lâche, égocentrique, tu trouves toujours le moyen de t'en sortir, toi, et toi seule. Tu me dégoûtes. Finalement, je suis heureuse que tu ne m'ai pas sauvée. Devoir te porter en héro, ç'aurait été une torture."
Je secouai la tête. Ca sonnait comme une mauvaise blague. De quoi elle parlait ?
Pourquoi est-ce que je me sens si mal, tout à coup ?
Je comprends pas.
Pourquoi ?
Elle avance lentement, lançant chaque mots, au rythme de ses pads, comme des piques empoisonnées.
"Pourquoi ne pas m'avoir aidée, Solam ? Qu'est-ce qu'y a ? Hein ? Pourquoi tu m'as pas sauvée, Solam ? C'est moi le problème, peut être ? Tu es atroce, écœurante. Je te hais. Je te hais."
Je reculais en même temps qu'elle avançait. Je tremblais, tandis qu'une sueur froide venait me recouvrir le dos. Mon pied buta contre la bordure du toit. Je ne pouvais pas reculer plus.
"Tu m'entends Solam ?! JE TE HAIS. JE TE DETESTE. Tu m'as pourrie la vie. Du début à la fin. Si je puis dire. Maintenant barre-toi. Tire-toi, fais ce que tu veux, fais ta vie, tire-toi. Dégage. Tire une nouvelle fois ton épingle du jeu, tire-toi. Je te hais. Je te hais."
Elle n'eut pas besoin de tendre le bras pour me poussais. Déjà, mon pied s'en était allé au délà de la barrière. Déjà je m'étais envolée. Déjà j'avais chuté.
Le vent fouettait mon manteau, mes cheveux voletaient. Je voyais l'immeuble partir, partir, loin. Je la voyais se pencher, pour savourer, pour me voir tomber, enfin.
Le sol. Son contact allait me briser, bientôt. Est-ce que j'ai peur ?
Je ne sais pas.
Je ne sais plus.
Je ne suis plus que souffrance.
Je ne suis plus que douleur.
Je ne suis plus que du vent.
Fin du rêve
Je me suis réveillée en sursaut. J'ai jeté un regard circulaire sur la pièce. J'haletais. Mon regard s'était arrêté sur mon armoire. J'ai repris mon souffle, en lui jetant des regards noir. Je me sentais étrangement trahie par mon propre meuble.
Mon lit était trempé de sueur.
J'ai soupiré, puis je me suis battue avec moi-même pour savoir si il fallait ou non que je regarde l'heure. Je me suis décidée à allumer mon téléphone.
3h00.
Parfait. J'étais partie pour attendre encore quelques heures, tentant vainement de me rendormir; je tremblerais un peu, même beaucoup; croyant déceler partout sa présence...
Encore ce cauchemar.
3 mois.
3 mois que je fais des nuits blanches.
3 mois que je la voies, elle, elle qui est toujours partout.
Avec elle, j'ai appris à fermer mon armoire à clé, j'ai appris à regarder toujours derrière moi, à ne jamais mettre le son de mon casque trop fort, sachant que je n'etais Jamais à l'abri.
Avec elle, j'ai appris à avoir peur de la fin de journée, peur de devoir me coucher, j'ai appris qu'il était inutile d'espérer que la nuit suivante, elle me laisse tranquille.
J'ai appris à scruter ma chambre, dans l'espoir malsain d'apercevoir sa silhouette penchée vers moi, peut-être une preuve palpable qu'elle existais, ou que j'étais juste schizophrène.
Je ne sais.
Je ne sais plus.
Ma vie n'est plus rythmée que par elle.
Je la sens.
Elle est partout.
Le pire c'est qu'elle a raison.
Je suis un monstre.
Elle le sait.
Et elle ne me lâcheras pas temps que je n'auras pas cessé.
Mais, je préfères les nuits blanches que la raison, que la vérité.
Elle a raison.
Moi même je me dégoûtes parfois.
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Elle.
General FictionElle m'a encore réveillée. Elle. Elle est toujours là, où que je soit, où que j'aille. Fais chier.