Chapitre 1

38 5 3
                                    

       C'était une sombre nuit pluvieuse comme il y en avait souvent à Londres. En ces temps, il ne s'avérait pas rare de retrouver des corps sans vie au petit matin. La pluie ruisselait et le vent soufflait sur la ville, ne laissant aucun répit aux travailleurs du soir. D'autres bruits, pourtant, s'élevaient dans l'étroite ruelle. Des pas, qui se faisaient de plus en plus réguliers.

       Une jouvencelle vêtue de bien simples tissus en guise de jupon et de chemise, qui plus est déchirés, marchait au pas de course, essayant tant bien que mal de se réchauffer malgré l'humidité et le froid qui s'emparaient d'elle. Ses cheveux, sales et en bataille, entouraient son visage marqué d'ecchymoses. Qu'avait-il bien pu lui arriver ? Ses bras semblaient décorés de contusion. Son souffle, rapide et irrégulier, laissait ressentir son angoisse. Tandis que l'on entendait ses pieds claquer sur le bitume, l'on pouvait voir un homme d'une trentaine d'années. Il semblait la suivre depuis un bon moment déjà.
       Jetant plusieurs regards en arrière, elle finit par se diriger vers une autre venelle, débouchant sur la grande rue. Elle était tout aussi peu rassurante que la première par le peu de lumière éclairant le chemin et ces murs fissurés qui semblaient la prendre au piège, tel un oiseau à l'intérieur d'une cage. Elle hoqueta de surprise lorsqu'elle aperçut un homme, debout devant elle, adossé au mur, lançant et rattrapant une simple pièce comme s'il eût une once d'intérêt pour elle. Quand il vit la jeune fille arriver, il se redressa et commença à se rapprocher d'elle, le pas lent. On pouvait entendre ses sabots résonner dans la petite ruelle :

« - Tu ne pensais tout de même pas qu'on te laisserait partir ? »

Elle se retourna aussitôt, s'apprêtant à changer de chemin, mais elle en fut empêchée par son premier poursuivant qui l'attrapa par le bras :

« - Tu sais pourtant que ce n'est guère dans nos habitudes. il jeta un coup d'oeil à son complice, un sourire amusé dessiné sur le visage. On a du temps encore ?

- Plus vraiment. On a qu'à l'emmener dans la cave. On s'en occupera plus tard. »

À peine eut-il terminé sa phrase, qu'il lui asséna un violent coup sur la nuque, le retenant juste assez pour qu'elle ne soit qu'assommée. Ils la ramassèrent comme un vulgaire cadavre, la transportant tous deux par les extrémités puis l'emmenèrent jusqu'à la diligence afin de partir au Charles' Wine Bar.

       A l'arrivée des deux hommes, le tavernier était déjà levé, nettoyant le bar pour l'ouverture. Comme s'il eût été au courant, il leur ouvrit la porte d'un signe de consentement. Il jeta un rapide coup d'oeil aux alentours, à la recherche d'un quelconque témoin avant de rentrer, fermant la porte aussi rapidement qu'il l'avait ouverte. L'inquiétude pouvait se lire sur son visage lorsque ce dernier se retourna :

« - Personne ne vous a vus au moins ? »

Le plus grand des complices fit signe que non, ne rajoutant rien que plus. Sans se préoccuper du tavernier, ils ouvrirent la trappe menant à la cave, avant de descendre la jeune demoiselle encore inconsciente. L'homme resté en haut semblait de plus en plus agité, jetant plusieurs coups d'oeil par la fenêtre :

« - Vous étiez vraiment obligés ? Après tout, elle n'avait rien fait.

- Elle allait nous dénoncer Charles ! Toi aussi, tu aurais été arrêté.

- Et puis pourquoi ses vêtements sont-ils dépenaillés ? Ludwig ! Vous aviez dit...

- On en a aucune idée, on l'a rattrapé dans cet état, rétorqua ce dernier en colère. Mais par pitié, arrête avec toutes tes questions, on a fait assez attention pour ne pas être vus pendant qu'on la transportait et arrête de m'appeler par mon prénom ! »

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Nov 11, 2016 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Out of the WayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant