I. Comment essayer d'être une famille normal même si on ne trompe personne?

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Je ferme les yeux, inspire le parfum printanier qui rode autour de moi. Je cueille d'un doigt une perle de rosée sur une feuille. Elle se met à scintiller comme ma magie, elle a la même couleur que les plumes dorées de mes ailes. Je sens un délicieux frisson parcourir ma colonne vertébrale. J'ouvre les yeux, c'est un monde nouveau qui s'ouvre à moi. Je suis de retour à AngeMonde, après de longs mois d'absence, je suis enfin à la maison. J'avance tout droit, comme si quelqu'un me guidait. J'avance comme si mon chemin était tout tracé. Je n'ai pas peur. Ce monde qui quelques mois auparavant me laissait un goût amer, un goût d'effroi sur le coeur me semble maintenant plus léger. Il me laisse un gout sucré. Mili vole à côté de moi, ses ailes battent en même temps que les miennes. D'ailleurs je regarde de nouveau les miennes, aussi blanche que la neige, aussi lumineuse que le jour qui vient de se lever. Et je me dit qu'il ne me manque plus que ma famille pour être heureuse. 

Soudain je suis dans une salle. Je regarde autour de moi, ma famille est là. Je vois même Loïc mais en ce jour de retour je n'ai même plus envie d'être fâchée contre lui. Un désir me prend d'aller me serrer contre sa poitrine qui m'a fait tant souffrir. Et pourtant lorsque j'essaye d'avancer je suis incapable de bouger. Je regarde mes pieds. Le sol semble m'engloutir, je ne peux pas lui échapper. C'est comme si le sol m'emmenait à lui. Ce monde n'était-il donc pas heureux de me voir de nouveau? 

La porte de la salle se ferme, je vois Loïc esquisser un sourire carnassier. Je me tourne vers les autres. Un sentiments de panique commence à menacer d'éclater. Je calme ma respiration tant que je peux. Nathaël, Eloïse, Romain, Angel disparaisse seul Loïc reste et alors qu'il continue à avancer vers moi le sol m'a englouti jusqu'à la taille. Mon souffle se bloque dans ma poitrine. Mon regard se fixe sur les yeux si semblable aux miens. Les yeux de mon frère. Les yeux d'un frère que j'ai perdu. 

Tout d'un coup je ne sens plus rien. Le sol m'a englouti. Je sens mon corps tomber et s'écraser par terre. Une douleur me déchire le dos. Je me relève précipitamment regarde mes ailes brisées en deux. Un cri s'échappe de ma bouche. Un cri de douleur, j'ai si mal. J'essaye de voler même si je sais que ce n'est pas possible, je reste sur le sol. Mon mouvement n'a que pour effet que de faire franchir de mes lèvres un juron de souffrance. Je suis dans le noir. Je marche, je touche un mur, je le suis, essaye de le contourner. Je fais le tour de la pièce au moins trois fois. Je suis emprisonnée. J'ose demander si quelqu'un est là, mais aucun son ne sort de ma bouche et pourtant j'entends mon écho qui résonne dans mes oreilles. Un plainte surgit de nulle part, je me retourne, trébuche. Jeff est en face de moi, il avance ces crocs blanc à découvert. Ses yeux rouges sanglants me fixent avec une telle violence que j'en éprouve un sentiment d'horreur. Ses cheveux crasseux, son odeur, les pensées que je peux lire dans dans sa tête me dégoutent au plus au point. Je veux fuir, je cogne ma tête contre le mur, je suis bloquée. Plus Jeff avance et plus son visage se transforme, bientôt c'est la Reine furibonde qui tempête des paroles insensées contre moi, je vois sur sa robe des tâches de sang. Elle saigne, elle est presque morte, elle me fait peur, elle semble sur le point de tomber d'une minute à l'autre. 

Tout d'un coup c'est un corps difforme est blanc qui prend son apparence, elle avance vers moi comme si elle allait m'engloutir. J'ai peur, très peur même. Je m'entends crier mais le cri ne sort pas de ma bouche. Son masque miroitant me renvoie mon reflet et je pousse une exclamation. Mes cheveux sont devenus très très long et d'un roux très prononcé, mon visage est maculé de tâche de rousseur, toute ma peau est colorée d'une teinte orange. J'entends une voix ricaner. Un voix horriblement grave ricaner. Je tremble de peur, un frisson me parcours le corps et je me recroqueville sur moi-même pour échapper à ce rire qui fend la nuit. 

La créature au masque miroitant disparait laissant une vague silhouette prendre sa place. Je la reconnait immédiatement c'est Elisa. Elle me regarde et c'est le rire sournois qui sort de sa bouche, elle commence à s'élever alors qu'elle rigole et sa voix passe en boucle dans ma tête comme un cercle vicieux. Elle me dit que c'est le début d'une autre histoire. Sa voix tourne comme une mélodie vicieuse dans ma tête. Celle-ci me tourne, je me sens partir, je n'ai plus aucune emprise sur mon corps et soudainement...

Une ado ordinaire enfin pas tout à fait - Tome 2 [Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant