Chapitre 1

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25 juin 2009

- Allô ?

- Mlle Moty ?

- Oui c'est moi

- Je vous appel au sujet de votre père. Est-ce que vous sauriez venir le plus vite possible à l’hôpital ?

- Euh…

Je regarde le réveil qui indique 3h du matin, prise de panique je me lève et commence à m'habiller tout en répondant au médecin.

- Oui… oui bien-sûr mais que se passe t'il ?

- Et bien… Je suis désolé de vous dire ca mais malheureusement nous ne pouvons plus rien faire. Il faut que vous veniez pour lui dire au revoir le plus vite possible car les machines ne vont pas savoir le maintenir en vie beaucoup plus longtemps.

- Mais… mais vous.. vous êtes sur ?

Les larmes me montent aux yeux. Ce n'est pas possible. Pas maintenant. Meme si on m'a prévenue qu'il n'avait que 2 chances sur 10 de s'en sortir, un partie de moi espérait qu'il s'en sortirai.

- Malheureusement oui mademoiselle. Son cerveau est en état de mort cérébrale. Aucun traitement ne pourra le ramener.

Je souffle un bon coup pour me reprendre.

- Bon… et bien j'arrive au plus vite..

- À tout à l’heure mademoiselle.

- ….

Je ne sais plus quoi dire. Je raccroche et fini de m'habiller. Normalement aujourd’hui j'avais prévu de me reposer et de ne pas aller à ses côtés car cela faisait une semaine que je le faisais et j’étais fatiguée. Mais cet appel me retourne l'estomac. Le médecin était il sur de lui ? Papa n'a que 39ans ça ne peut pas finir comme ça. Je cours dans le hall de nuit pour aller réveiller maman. Mes parents se sont séparés quand je n'étais encore qu'un  bébé.  Je rentre dans sa chambre, je m'approche de son lit et je secoue légèrement son épaule.

- Maman !? Maman ?

- Mmh ? Elodie ? Mais… mais il est 3h du matin ! Qu'est ce qui se passe ?

- C'est papa… il.. il faut qu'on aille à l’hôpital.

- Ok. Reste calme. Je m'habille et on y va.
En disant cela, elle allume la lumière et commence à s'habiller.

***


Trente longues minutes plus tard nous voilà à l’hôpital. Lorsque j’arrive à l'accueil, on me reconnaît tout de suite et on me dirige vers sa chambre.

Papa est là. Allongé sur son lit d’hôpital. On pourrait croire qu'il dort mais les infirmières m'ont expliqué qu'il était plongé dans un coma artificiel afin qu'il ne sente pas la douleur causée par ses multiples arrêts cardiaques ainsi que les différentes opérations qu'il a subit.
Papa est grand et costaud. Ses cheveux sont blond et très fin, si fins qu'ils ne cachent pas sont crâne. Il est tel que je l'ai toujours connu. Il est difficile de croire qu'il se meurt petit à petit sous nos yeux.

Mamy, papy et Carine, ma belle mère, sont là mais ils ne m’adressent même pas un regard. Ils doivent se demander ce que je fais la. Ils ne savent pas que je suis venue, en dehors des heures de visites, chaque jour, pendant des heures pour être près de lui et lui parler. Il ne savaient même pas jusqu’à maintenant que j'étais au courant de son état. On ne se parle plus depuis des mois. Mais vu la situation j'avais besoin d'ouvrir mon coeur, de lui dire ce que je avais jamais osé lui dire. Je l'ai renié en pensant que le temps arrangerai les choses, que je grandirai, qu'il réagirait en me voyant avancer sans lui mais c'était sans compter que la vie peut s'arrêter à tout instant.

Sans faire attention à eux je m’approche de papa et je lui prend la main. Mamy me gronde :

- Fais attention à ne pas toucher aux fils. Ça pourrait être dangereux pour lui.

- Ça fait une semaine que je fais ce geste, je ne vois pas ce que ça change que je le fasse une dernière fois. Il a besoin de savoir qu'on est là, besoin de sentir notre présence à tous. Il doit sentir qu'il n’est pas seul et qu'il est aimé.

Mamy ne me répond pas mais s'approche du lit et prend l'autre main de son fils.

Un infirmière rentre. Appuie sur quelques boutons sur le moniteur qui relie mon père a la vie. Puis nous regarde.

- J'ai coupé le son des machines. Je vais lui mettre une perfusion de morphine afin qu’il puisse partir doucement et sans douleur. Je reviendrai quand tout sera fini pour débrancher les machines.

Elle place la perfusion dans la machine reliée à mon père, vérifie que tout est bien branché puis se tourne vers moi ;

- Ça va aller ?

- Est-ce que j'ai le choix ?

Elle fait une moue et dit simplement:

- Courage…

Et elle sort sur ce dernier mot. Du courage. Il va m'en falloir pour affronter cette perte car je vais être seule.

- Au revoir papa... Je t'aime

C'est tous ce dont je suis capable. Lui dire que je l'aime. Je ne lui ai jamais dit. J'espère qu'il m'a entendu, j'espère qu'il part en sachant que sa fille l'aime et qu'elle ne l'oubliera jamais.

Au bout que quelques minutes je regarde le tracé cardiaque. Il n'est plus qu'une fine ligne horizontale. C'est terminé. Il est partit.
Mes larmes coulent abondamment sur mes joues mais je ne les retiens pas. Ca fait une semaine que je reste forte, dans l'espoir du lui donner du courage afin de revenir parmi nous. Mes nerfs lâchent tous simplement.
Je sors de la pièce et marche dans le couloir pour me calmer. Parce qu'au delà de la douleur causée par la perte, je suis en colère. En colère contre papa parce que s'il avait écouté les médecins il n'en serait pas là. S'il avait arrête la cigarette et l'alcool comme lui avait recommandé son médecin il y a deux ans, nous ne serions pas ici, occupé de le pleurer. Il a fait son choix, un choix égoïste car il laisse sa femme et sa fille derrière lui. Voilà pourquoi je suis en colère.





Je ne t'echangerai jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant