prologue

22 2 2
                                    

Un soir très tard ou un matin très tôt, je ne saurais lequel des deux choisir, une de mes grande réflexion s'est étendue et concrétisée, me tenant éveillée jusqu'au levé du soleil.

Avant que Morphé m'eut donné le signal ma décision était prise. Une décision soigneusement et mûrement réfléchis du haut de mes huit ans.

Trente-deux saisons, cinq années scolaires et trois années de patinage avait suffit au suffisamment à me forger un caractère, une personnalité, une opinion.

Quel a était le déclic ? Quelle a était la cause ? Ces réponses que cherchent les psychologues pour mobile à un terrible acte accomplis ou à une folle obsession chez leur patient.

Les bénéficiaires de ces entretiens régulier se mettent alors à se chercher des excuses, à essayer de satisfaire la curiosité rémunérée de ces analystes qui accumulent leurs informations sur papier, en hochant régulièrement la tête. Ces mêmes questions que le patient n'exprime pas, cherchant lui aussi un mobile à ces grands interprètes pressés par le temps et impassibles. Ces maniaques des pourquoi et des parce que à la fois discrets et déplacés.

Ma décision était fondée. J'étais persuadée déjà enfant que l'Homme était plus sujet à la cruauté qu'à l'amour. Le sentiment d'amour finissant par engendrer de la haine plus que dans l'autre sens. Quelques années plus tard j'étais persuadée que moi même je ne pourrais aimer un monde sans ressentir une violente haine envers l'humanité. Une sensation de sel dans la gorge, d'acide dans l'estomac.

J'étais destinée à être de ceux dont la colère et le sentiment d'injustice gronde perpétuellement en eux, depuis le début jusqu'à la fin.

Évidemment il n'était pas seulement question de déshumanisation. Je n'étais pas de ceux qui vivent reclus dans les bois, refusant de parler à un être humain s'il ne posséde pas de racine et qui mange exclusivement bio, à la tête d'une dizaine d'associations pour sauver la planète et les animaux.

Je ne parvenais pas à me projeter, dans la vie active, déjà à cet âge. Cet âge de l'insouciance où les petites filles rêvent d'être princesse et de posséder une créature magique, où les garçons se voient déjà sportif professionnel ou pompier. Cet âge d'or associé d'images clichées.

J'allais grandir, avoir des responsabilités et des devoirs. J'allais vieillir, me relaxer de mes responsabilités et acquérir des droits. J'allais mourir. 

Mes grandes peurs d'enfant n'avaient rien d'ordinaires. Alors même qu'une personnalité d'associable s'abriter déjà en mon âme innocente encore, j'avais peur d'être seule, ou du moins du regard de l'autre sur moi sans personne derrière qui me cacher. En contradiction j'avais peur de la foule, de ces autres bruyans et distraits comme préoccupés. Ces Hommes qui ressemblent à des machines animés, des pantins occupant le vaste globe.
Je me sentai dans la foule comme un sachet d'air comprimé, en apnée, plus vulnérable encore que ces feuilles sur lesquelles on marche, sans y pretter attention.

J'avais peur également de l'oublie, de la mémoire sélective qui supprime les souvenirs et les informations au fur et à mesure qu'ils s'accumulent silencieusement dans la partie gauche du cerveau, pas trop loin des cervicals.

Enfin, j'étais terrifié par ce que j'étais à même de ressentir. J'étais persuadée -et je le suis encore- que les sentiments dominaient jusqu'à faire d'un corps ce qu'ils en veulent. Ils sortaient et entraient en moi comme de la magie noir, décidant de mes réactions, de mes choix.

Malheureusement pour moi, toute mes peurs étaient des passages obligatoire, ceux qu'il faut affronter au quotidien. À l'intérieur de moi j'étais terrifié, tout autour, j'étais pétrifié mais à l'extérieur j'étais forte et courageuse.

trente-deux saisonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant