Le vent s'engouffre dans sa robe noire, ses docs piétinent la pellicule de poussière et de charbon de la voie ferrée, elle marche droit devant elle.
Elle a pris goût à ces balades sur les lignes du train. Elle aime bien penser pendant des heures assise sur les rails et puis se jeter sur le bord au moindre bruit suspect. Elle est bien la. Sans les autres pour la juger. Elle est tranquile. Elle est calme. Elle est belle.
Une voix retentit pourtant.
Brisant la beauté de l'instant.
Comme une goutte de poison dans de l'eau pure.
Comme la pluie arrive à l'improviste l'été, coupant court aux multiples projets.
La voix forte, dure, cassante, mortelle.
Elle se retourne peu à peu, immobile somnambule terrorisée quand on essaye de la réveiller.
"Et toi là-bas ! Bouge pas j'appelle les pompiers ! Attends ! Je comprends que tu veuilles en finir mais ne le fais pas ! D'accord ? Éloigne toi de la voie s'il-te plaît !"
Mais elle ne veut pas mourir, elle ne veut pas en finir. Personne ne la comprends. Personne ne veut la comprendre.
Elle n'attends pas les pompiers.
Elle regarde le vieil homme qui l'a interpellé.
Et puis elle s'en va.
Ignorant les cris de l'homme.
Finis la tranquillité.
Finis le calme.
Après tout elle ne peut pas être ce qu'elle veut.
Après tout personne dans ce monde de robots sans sentiments ne pourra jamais la comprendre et l'aimer comme elle est, c'est à dire humaine.
Elle rentre chez elle.
Épuisée.
Seule.
Triste.
Et vivante.
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Humaine par défaut
Short StoryLucille est malade. Personne ne peut rien pour elle. Personne ne veut la soigner. Personne ne veut croire qu'elle est malade. "Hypocondriaque !" "Mytho !" Non juste humaine.