Chapitre XIII

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XIII.

     -Je suis tellement contente que tu sois là ma chérie.

     -Moi aussi, je suis heureuse de te voir mamie, répondis-je avec un sourire sincère tout en lui prenant la main.

     Cristina n’avait pas menti, ma grand-mère était vraiment malade. Sur son lit d’hôpital elle était blanche, à tel point qu’on aurait pu prendre sa peau pour de la porcelaine. Elle s’efforçait de rester éveillée et de paraître radieuse, pour faire plaisir à ceux qui l’entouraient sans doute. Mais personne n’était dupe. Elle parlait avec une voix si faible qu’elle en était à peine audible, et  son corps, relié à de multiples machines, la trahissait. Rien que sa volonté de caché sa souffrance à ses proches faisait d’elle une femme forte. Je ne la connaissais pas énormément, mais j’aurais pu vouloir devenir une femme comme elle l’était.

     -Je t’aime maman, lui murmura Cristina en déposant un baiser sur son front. Merci pour tout.

     Ma grand-mère est décédée à l’hôpital une petite heure après notre passage. Cristina était dévastée. Elle tentait, comme tout le monde ici, de faire bonne figure et de sourire, de ne pas se laisser abattre. Mais toute la famille était plongée dans la tristesse.

     Réunis dans le salon de la maison de mes grands-parents, tous étions tous assis dans un coin, silencieux, la mort dans l’âme. Mon grand-père, quant à lui, s’était retiré dans sa chambre, trop éploré par le décès de sa bien-aimée, et trop fier pour pleurer à découvert. Il n’était resté parmi nous que pour traiter des formalités telles que l’organisation des obsèques et la gestion de l’héritage.

     L’air était si lourd et l’heure était si sombre que je ne pus m’empêcher de penser à Austin et de me dire que les malheurs s’accumulaient. Mais s’eut été trop égoïste de comparer mes problèmes à la douleur des proches qui m’entouraient.

     Alors que j’étais perdue dans mes pensées, une main vint se poser sur mon épaule et quelqu’un vint s’asseoir à mes côtés sur le canapé.

     -Bonjour Spencer, me dit-il avec un léger sourire. Je suis Jules, tu te rappelle de moi ?

     Jules. Il était le petit-fils de la sœur de ma grand-mère. C’était donc ce que l’on pourrait qualifier de « lointain cousin ». Il avait eut raison de me rappeler qui il était car il avait beaucoup changé depuis la dernière fois que l’on s’était vus. C’était il y a une dizaine d’années déjà.

     -Jules, biensûr ! répondis-je après un léger silence, souriante. Que deviens-tu ?

     -Depuis notre dernier château de sable ? s’amusa-t-il. Je suis à l’université de Dijon, j’étudie le droit.

     Cela pouvait presque se deviner en le regardant : il était propre sur lui, habillé avec classe, et il avait une façon de se tenir qui pouvait dépeindre une certaine droiture d’esprit. Il avait un an de plus que moi et il avait également grandit en Bourgogne, région d’origine de notre famille. Il n’habitait pas si loin de moi, mais ce n’était pas la distance spatiale qui nous séparait, plutôt nos liens. C’était dommage car je me rappelle avoir adoré jouer avec lui lorsque nous étions enfants.

     -Suis-moi, dit-il soudainement sans même attendre ma réponse.

     Il se leva brusquement du canapé, m’entrainant avec lui et provoquant des regards curieux auprès de nos proches. Cristina me lança un regard au passage qui semblait vouloir dire : « mais qu’est-ce qu’il se passe ? ». Je lui répondais donc rapidement d’un sourire en me laissant toujours entrainer par Jules, qui se dirigeait vers la porte d’entrée.

Amor MortisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant