Bienvenue à Yucca Valley

Chapitre 3

Accoudé à la vitre arrière dans un vieux taxi jaune incontournable à New York, Peter était complètement perdu dans ses pensées. Une phrase tournait en rond dans sa tête depuis déjà deux jours "j'ai un fils". Oui, il avait un enfant qui a l'âge de sa belle-fille et il ne le connaissait même pas. Il n'en revenait toujours pas. Les traits tirés de son visage ne mentaient pas, Peter n'en avait pas dormi : comment allait-il réagir? Que ce soit lui ou Ryan. Il hésitait entre excitation de le connaître et peur du rejet.

Pour Jade, ça avait été si simple : un ballon comme cadeau et une partie de tir au but plus tard, elle l'adorait. En même temps, elle avait 5 ans. Pour Ryan, ce ne sera pas évident. Rien que le fait d'imaginer leur première rencontre était compliqué. À quoi ressemblait son fils? Quelle couleur de cheveux? Quelle forme de visage? Tient-il plus de lui ou de Molly? En surpoids ou musclé? Il gémit devant son manque évident d'information sur son enfant et décida d'aller au plus rapide : il devait ressembler à lui au même âge. Il continua sa rêverie et ferma les yeux. Il irait chercher Ryan dans un foyer à la façade datant sûrement du 19ème siècle et noircie par la pollution de la ville. Il traverserait un long et étroit couloir obscure, un ballon aux motifs noir et blanc avec un grand nœud rouge sous le bras. Lisa Harris, l'assistante sociale, un petit bout de femme à l'air pincé, l'intimerait de rentrer dans son bureau d'une façon un peu trop sèche à son goût. Et son fils serait là, dans cette pièce sinistre aux murs grisâtres, assis sur le bord d'un bureau cheap style années 80 en vieux métal kaki. Il regarderait le ballon étonné, avant d'exploser de rire en pointant du doigt son père.

Peter secoua la tête pour chasser cette image de son esprit. Non, il devait paraître fort, sûr de lui et surtout, il devait montrer à Ryan qu'il peut lui faire confiance. Il vit du coin de l'œil le chauffeur du taxi d'origine indienne misa Peter, qui le regardait bizarrement dans le rétroviseur.

- Ça va Monsieur? demanda le chauffeur de son accent exotique, tout en balladant son regard entre la route et son passager arrière.

- Comment aborderait-vous un jeune de 17ans que vous ne connaissait pas et qui vient de perdre sa mère, pour lui dire que vous êtes son père? lança le "futur papa" complètement déboussolé.

- "Je suis ton père", fit-il après quelques secondes de réflexion, en essayant d'imiter Dark Vador.

"Quel con!" pensa Peter. Cela ne fit que le stresser d'avantage.

- Sérieusement?!

- Si vous voyait qu'il ressemble à un geek, essayez cette phrase. J'en ai déjà vu des bizarres dans mon taxi qui étaient déguisés et fans de cette réplique. Sinon, faites simple : "Bonjour, je suis Henry, je suis désolé pour ta maman et "Je suis ton père"."

Il explosa de rire. Il en tapait sur le volant, réellement très fier de sa blague.

- Ok, ok ça va, gronda Peter. Laissez tomber et regardez la route, merde!

Il se tut directement face à la nervosité de son client.

La voiture se stoppa sur le bord d'un trottoir à Riverside Drive devant un bâtiment récent aux couleurs gris et beige. C'était donc ici les services sociaux. Un mini building d'une vingtaine d'étages aux fenêtres carrés identiques sur tout le bâtiment et bien alignées. Une allure moderne en totale opposition à la petite bâtisse qu'il avait imaginée, sombre, triste, coincée entre deux maisons lugubres et à la limite des normes en matière d'hygiène.

Devant se tenait un agent de sécurité, chemise bleu clair accompagnée d'un couvre-chef et d'un pantalon à pinces marines. Il passa la grande porte vitrée et atterrit dans un hall aux murs beiges et à la décoration simple. Il se dirigea vers l'accueil et demanda son chemin.