Sur le quai

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De Moi à Ma Maman

Maman, je me permet de t'envoyer ce message à toi, car en vain, j'ai tenté de contacter Papa qui, sous mes nombreuses tentatives pour ne pas l'accepter, a bloqué mon numéro. Alors Maman, ce message s'adresse à toi, je tiens d'abord à te remercier d'avoir gardé le contact, car je pense que sans toi, je ne serais déjà plus de ce monde. Merci Maman.

Papa. Il me vient parfois à l'esprit, quand il n'est pas occupé par les remords que j'éprouve pour toi, des souvenirs d'enfance faisant couler sur mes joues si creuses, des flots de nostalgie. Je me souviens des matchs de football que nous regardions alors que je ne savais même pas tenir assise. J'étais dans la tenue de l'équipe, Marseille, la tienne, serrées dans tes bras durs, et collée contre ton corps un peu gras. Par cette étreinte, tu m'as transmis cet amour du sport, mais également et surtout, l'amour que tu me portais. Cette amour si fort que tu éprouvais, même dans les moments comme ceux là où il t'arrivait de crier sur Maman lorsqu'elle passait devant notre petit écran. C'était la notre, la télévision. J'y passais tant de temps, à écouter tes dessins animés d'enfance, ma tête reposant sur ta poitrine. Je m'endormais au son de ton cœur, celui qui battait pour moi. J'étais ta petite Princesse, à qui tu adorais donner des tchoums par milliers, tant, que j'en étouffais. J'étais, selon moi, amoureuse de toi, comme une fille aime son père sans doute. Mais j'ai l'impression que mon amour pour toi est différent, plus fort que les autres. Je pensais pouvoir détruire des montagnes avec cet amour. Bien sûr, à cette époque, je n'y pensais pas, je ne me rendais pas compte de l'amour qui émanait de mon petit cœur pour y rejoindre le tient. J'étais amoureuse de toi.

Ça a été pourtant de courte durée, mon adolescence est arrivée à une vitesse incroyable, tel la lumière qui parvient à nos yeux. L'amour était toujours là, il était toujours aussi puissant entre nos âmes, mais nos esprits s'étaient déconnectés. Je me souviens que très vite, j'ai développé mes propres avis, mes critiques et les manifestations. Nous n'étions jamais d'accord, je me le rappelle. Cela pouvait varier du plus simple des sujets comme le plus tendu. Prenons un débat simple, qui pourtant a durée si longtemps, aussi près que je m'en souvienne. Il s'agit de ce sujet fâcheux que tu n'aimais guère, et pourtant que tu abordais si souvent sans te laisser le temps de t'y habituer. Mon style, en effet un peu décalé mais que j'ose toujours, t'avais mis en rogne comme un chien devant un chat. J'étais le chat, petite boule de poils fragile, frémissant au son rude de tes aboiement et n'osant rien faire si tu es dans les parages. Bien sûr ça c'était au départ, ce n'était que par petites touches que je te prouvais mon attirance vers la différence que tu n'aimais guère. Des petits bracelets, de vieux tee shirt. Mais à mon entrée au lycée, nous nous sommes totalement mis à l'opposé. J'étais moi même, et tu l'étais aussi bien entendu. Mais nos idées et nos couleurs se haïssaient, créant de trop nombreuses tensions entre nous, entre ce petit couple que nous étions quinze années avant, lorsque que nos cœurs battaient en même temps car je n'avais pas encore développé mes avis, mon moi d'aujourd'hui, et tu n'avais pas accepté cela. Papa, nous étions bien ensemble. Je me suis retrouvée larguée comme la collégienne qui se fait quitter, que je n'ai jamais été. J'étais devenu plus mature, j'avais mes projets, mais j'avais peur aussi. J'avais peur que tu me hurle encore dessus, peur de tes gestes qui, rapide, brisaient mon corps en milles pièces que tu ne semblais pas regretter. Et je te haïssais désormais. Oui et non. Je t'aimais, car on aime son père me disais-je. Mais une haine contre tes choix s'affrontant au miens tel des boulets de canon me faisait hurler mes pensées profondes, celles que tu n'aimais pas chez moi, que tu ne croyais pas pouvoir entendre un jour et qui pourtant étaient là, cachées derrière un masque de ta peau en attendant d'exploser en mon visage, celui que je portais en ce temps. Ce temps qui pourtant n'est pas si loin. Oui j'avais peur Papa. Et cette peur que j'ai eu, ce jour où ma vie d'adulte a commencer et sans doute le soir où tu as bloqué mon numéro. Papa dans tes yeux, tes prunelles si belles, d'un mélange de marron et de vert, s'étaient assombris et rougis autour, contre moi tes sourcils étaient froncés, tellement que ton front s'étaient replier comme du chewing gum. Ce soir là, c'était il y a seulement un an oui. Papa tu étais toujours là quand j'avais peur. Pourquoi tu es parti depuis ce soir? J'avais besoin de toi, je voulais tes bras comme avant, je voulais être ta princesse encore et encore. Tu m'as seulement jetée dehors, comme on jetterai une poubelle, sans m'adresser un mot, car inutile de toute façon. Ton regard parlais pour toi, j'avais tout compris sans difficultés, c'était si évident.

Papa tu ma reniée pour mon orientation sexuelle. Toi qui disais vouloir mon bonheur, toi qui disais te battre pour moi, toi qui me promettais de m'aimer tout les jours. Et ce soir tu m'as laissée. J'ai erré des mois sans arrêter de penser à toi. Je ne pense même plus à comment je me suis retrouver chez mon ami, car tant de temps s'est arraché à ma vie depuis ce soir où ton amour à disparu. Il n'était plus là, d'un seul coup, comme on éclate un ballon, cet amour n'était plus. Et moi, avec douleurs, pleurs qui m'attirait des problèmes dans les rues sombres où tu m'as poussée, je t'aimais. Papa tu était mon premier amour et je voulais que tu le sois pour toujours. Je ne pensais qu'à toi, toujours et encore maintenant, là, les larmes sur mon téléphone s'écrasent sous le poids de la douleur que tu as créé en moi. Papa je t'aime, je te veux. Papa j'ai peur, j'ai toujours peur, plus rien d'autre ne m'effraie à par cet oublie. Tu m'as effacée de toi à l'instant où mon dos à toucher le sol, au moment où la porte s'est fermer sans que tu ne dise un mot. Devant cette porte, j'y suis rester, longtemps si tu savais, tellement longtemps, j'attendais qu'elle s'ouvre et que tu me tendent les bras en me disant combien tu m'aime et combien je compte pour toi, et on se serai serrés l'un contre l'autre comme ce geste que l'on faisait autrefois sans ce rendre compte à quel point il était beau et fort, comme l'amour que nous avions. Mais ça ne s'est pas déroulé comme cela, et je ne veux pas que tu le regrette Papa, même si je ne pense même pas que tu liras ce message. Papa je culpabilise pas, parce que tu vas souffrir. J'ai compris pendant ce temps dehors ce qu'était souffrir, oui et ça te tuera, et Papa je ne veux pas que tu meurs, je veux espérer, même s'il est trop tard, je veux revenir attendre devant cette porte, je veux la tambouriner et crier devant elle pour qu'elle s'ouvre sur toi Papa, je veux te voir, sentir ton odeur de père, celui qui étais là pour moi, qui me hurlais dessus, qui m'aimais avant, et qui désormais m'oblige à envoyer un message sur le téléphone de sa femme pour avoir une chance de le revoir.
Mais malheureusement j'ai bien compris que cette chance, si petite est t'elle et fragile, si fragile, est inexistante, à disparu ce soir en compagnie de ton amour pour moi. Alors c'est décidé, je m'en vais, loin, vers mon rêve, et tu sais duquel il est, Papa tu le sais je t'en supplie, tu le sais, tu sais où je me me sauve, tu sais où me trouver, je t'en prie Papa. Dis moi que tu m'aime, dis moi que tu veux me revoir, dis moi que veux que l'on se parle comme un père et une fille, Papa s'il te plait rejoint moi à la gare ce soir, ce soir oui je ne veux pas que ce soit un autre soir, je veux que tu ouvres les portes et que tu sortes toi même me récupérer, et je veux sauter dans tes bras en larmes sous tes mots d'excuses et d'amour.

Papa viens. Viens je t'en supplie. Papa, lis ce message, rejoint moi. Aime moi s'il te plait. J'ai peur. Papa... Je pleure sur ce quais, je t'attends sur ce banc, j'avais prévenu Maman de ce soir il y a longtemps, je veux qu'elle t'en ai parlé, je veux que tu viennes, que tu lises ce message, je veux voir ton visage après tant de temps, retrouver ma vie d'enfance où tu étais mon prince. Papa je t'en supplie, viens me voir, retrouve moi. Je suis ta fille Papa, tu es mon père.

Envoyé le 23 Novembre à 21:37

De Moi à Ma Maman

Adieu.

Envoyé le 23 Novembre à 23:45

Sur le quaiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant