Prologue

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Les gens me disent souvent que je suis renfermée, que je suis mélancolique. Voir que je suis autiste et indifférente. Ils se trompent. En moi bouillonne une multitude d'idées que je voudrais partager, mais je ne trouve jamais la bonne personne avec qui donner vie à mes pensées étranges, pleines d'originalité. Je pense souvent à cette personne, où qu'elle soit... Si nous nous connaissions, elle partagerait les mêmes idées que moi, les même pensées, elle connaîtrait presque tout de moi, puisqu'elle serait mon double quasiment parfait.

Depuis que je suis toute petite, j'aime la solitude, être en tête à tête avec mes pensées et ne pas voir le temps passer. C'est dire à quel point j'aime m'y perdre. Ce n'est pas que je n'aimerai pas avoir d'ami, bien au contraire. Je ne me sens juste pas à ma place avec les autres, et je ne connais aucune sensation pire que de se sentir à part, au milieu de personne avec qui je ne partage aucun centre d'intérêt, avis commun. J'ai toujours aimé les livres, la porte du savoir, du bonheur, de la richesse intérieure, dont seules les personnes aimant lire plus que leur propre vie peuvent se sentir inclues. A Noël, certains préfèrent recevoir des jouets, vêtements, voir des objets électroniques, téléphones, ordinateurs, toutes ces choses que l'on croit avoir besoin. Moi, je m'abreuve de livres, de cahier, de crayons, de calepins, de pinceaux, de peinture, et de toutes ces choses qui m'aident à avoir un esprit pur et serein. A m'évader de ce monde. Du moins, la plupart du temps.

Mon rêve le plus fou, même si il n'est pas inaccessible, serait de devenir romancière, écrivaine et même pourquoi pas illustratrice. Je voudrais pouvoir égaler le talent de Zola, Victor Hugo, Voltaire, voir Shakespeare. J'illustrerais moi-même mes romans. Ce sera un bout de moi. Une partie de mon cerveau exposée au monde, et que tous observerons, tels des scientifiques derrière leur caméscope.

Et ce rêve, je m'y emploie chaque jour, derrière ma solitude et mes mimiques d'autiste (que je ne suis pas. Pour tout avouer, je pense que mes parents n'ont entendus qu'une dizaine de fois ma voix dans leur vie. Et pourtant j'ai 15 ans).

C'est vous dire à quel point mes parents se désintéressent de moi. Des parents normaux m'aideraient à passer le cap de ma solitude, ils m'aideraient à m'épanouir, à devenir une adolescente normale et à ne pas me perdre dans le sombre labyrinthe de mes pensées.

Ce labyrinthe, maintenant, je le connais si bien que je pourrais tenter de m'y perdre encore et encore, je n'y parviendrais pas. Je me connais trop

Mais sans eux, je ne serais jamais parvenue jusqu'ici. Je n'aurais jamais pu voir le monde comme je le vois, ses défauts comme ses qualités. Je suis, grâce ou à cause d'eux, ouverte comme un roman déjà entamé, infini, qui ne se refermera que lorsque je l'aurais décidée.

  Bienvenue dans le monde de mes pensées.

  Rien ne prouve que vous en ressortirez indemne.


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